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FrenchTech: Pump up the start-up nation (oui, la taille compte!)

Par Albin Serviant, co-fondateur de FrenchConnect London

A l’heure où les esprits s’enflamment sur les réseaux sociaux quant à l’utilité et l’avenir de l’initiative FrenchTech, il est important de faire un point d’étape sur les forces et faiblesses du mouvement. Il existe des questions sur sa gouvernance sur laquelle le Secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi a tranché en accueillant favorablement les premières propositions de France Digitale (Et si la FrenchTech pivotait ?) : la privatisation proposée maladroitement par Terra Nova est déjà mise a l’écart ; nul doute que que l’écosystème entrepreneur, investisseur, les 13 métropoles FrenchTech et 22 hubs internationaux FrenchTech seront associés d’une façon ou d’une autre au nouvel élan souhaité sur cette marque positive & fédératrice. Les consultations sont en cours. Voici venu le temps des propositions.

Il existe d’autres questions plus importantes sur le financement long terme des entreprises de la FrenchTech prises très au sérieux par Bercy dans le cadre de la loi Pacte, prévue pour présentation en Mai, et très probablement dans le projet de loi de finances pour 2019. Si la Start Up Nation France a réussi avec brio la mise en orbite de milliers de start-up; il convient maintenant de les transformer en scale-up, créatrices d’emplois stables dans la durée.

L’objet de cet article n’est pas là de lister ou dévoiler toutes les pistes étudiées par le gouvernement, mais d’analyser des modèles à succès pour imaginer des pistes pour l’accélération de la FrenchTech. Rien ne nous interdit donc de traverser La Manche pour étudier le succès du modele anglais (La perfidie d’Albin) ; on y a vu l’emergence de scale-ups, fortement encouragée par les dispositifs de défiscalisation des investissements dans les entreprises de croissance, lesquels sont plébiscités par les business angels anglais ou internationaux installés au UK.

Au Royaume-Uni, les conditions réglementaires et fiscales sont largement favorables au capital-risque et à l’investissement notamment dans les technologies prometteuses, non seulement pour les start-ups (dispositif SEIS), mais avant tout pour les scale-ups (dispositif EIS). Preuve en est le nombre de business angels recensés au UK : 2,069 (Source Angel List 2015) contre 404 en France (cinq fois plus). L’emploi dans le secteur numérique est abondant et représente 5,5% du total de la population active d’après le rapport TechNation 2016, alors que la France arrive à 3,7% selon l’AFII en forte progression à deux chiffres depuis quelques années ; sans pour autant pouvoir établir un lien de cause a effet direct entre ces programmes et la vitalité de l’emploi constatée depuis quelques années au Royaume-Uni. Notons néanmoins que dans un contexte de forte instabilité lié au Brexit, la croissance faiblit à 2%, au meme niveau que la France, mais le plein emploi demeure (4,5% de taux de chômage).

The Journey of Future Fifty Companies — Source TechNation 2017

Source TechNation 2018

Voici un résumé des principaux dispositifs.

  • Le dispositif SEIS (Seed Entreprise Investment Scheme orienté sur les start-up) permet d’investir jusqu’a £100,000 dans des entreprises early stage de moins de 25 salariés avec la possibilité de déduire 50% du montant de ses impôts,
  • Le dispositif EIS (Entreprise Investment Scheme orienté sur le scale-ups) permet d’investir jusqu’a £2,000,000 dans des entreprises de croissance de moins de 250 salariés, avec la possibilité de déduire 30% du montant de ses impôts,
  • Une Entreprise peut collecter jusqu’a 5 million de £ par an via le programme EIS, entre 12 et 20 millions de pounds en 5 ans notamment pour les sociétés a forte composante R&D. La collecte est limitée a £150,000 dans le cadre d’une start-up early stage bénéficiant du SEIS,
  • Les plus values de cession sont exonérées d’impôts après 3 ans dans les deux cas,
  • D’autres aménagements sont prévus avec un double mécanisme d’incentive a la hausse comme a la baisse.

Illustration du modèle EIS sur un investissement de £100,000

Source : CSS Partners LLP

Voici les principales statistiques.

EIS

  • Depuis sa création en 1993, 26 355 entreprises ont reçu un investissement EIS et près de 16,2 Md £ ont été levés,
  • En 2016, 3 470 entreprises ont levé un total de 1,9 Md£,
  • Le sud-est de l’Angleterre et le Grand Londres mobilisent 67% de cet investissement,
  • 68% des fonds vont vers les secteurs des services aux entreprises et des technologies de pointe,
  • Le nombre d’investisseurs bénéficiant d’une défiscalisation sur leurs investissements grâce à l’EIS était de 32 770 sur la période 2015–16.

SEIS

  • Depuis sa création en 2012, 6,665 entreprises ont reçu un investissement et £256m ont été levés,
  • En 2015–2016, 2360 entreprises ont bénéficié du dispositif,
  • £180m ont été levés,
  • 68% investis dans industries de services et high tech.

Tout dispositif confondu, 1,9 milliards ont été mobilisés par ces outils d’investissement en 2015–2016. Le coût public est évalué à 520 million de £.

Le tout nouveau dispositif français IR PME né en 2017, suite à la suppression de l’ISF PME fait pâle figure par rapport à ces outils d’investissement. Il limite l’investissement à 50,000€ avec une possibilité de déduire 25% du montant de ses impôts.

D’où un écart de 1 a 5 entre le nombre de business angels français et anglais à tous les stades de maturité d’une société de croissance en besoin de financement.

Compte tenu du formidable travail de la FrenchTech depuis 5 ans pour acculturer la France, son économie, son administration et les politiques, à une nouvelle économie créatrice d’emplois , il est peut être utile d’imaginer maintenant des outils pour transformer l’essai et par exemple inciter des business angels, plus ou moins fortunés, à orienter leur épargne vers l’innovation non seulement pour nourrir notre terreau de start-ups, mais aussi pour favoriser l’émergence de futurs scale-ups .

C’est une piste de réflexion parmi d’autres pour imaginer un nouvel élan à la FrenchTech.

Cet article a été publié sur Medium.

Le contributeur :

Albin Serviant 

Entrepreneur & Investisseur
Président de la FrenchTech London
FrenchConnect London co-fondateur
Membre de the French Foreign Trade advisors, UK (CCEF UK)
CEO & Fondateur de Makeithappn

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