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Back from the Startup nation : réflexions autour de l’entrepreneuriat étudiant inspirées du contexte israélien | Épisode 1

Par Laetitia Gabay Mariani, Consultante - Chercheuse en Entrepreneuriat

Fin mars, nous étions avec mon collègue Matt Fuller en Israël, à la recherche des trésors d’innovation de la « start-up nation ». De Tel-Aviv à Jérusalem, en passant par Haifa, nous sommes allés à la rencontre des acteurs de l’écosystème entrepreneurial israélien, notamment au sein des plus grandes universités du pays. Cet itinéraire nous a inspiré quelques réflexions autour de l’entrepreneuriat étudiant dans le contexte français. Ce billet en est le premier volet…

Episode 1 – « C’est une très bonne période pour devenir entrepreneur, mais aussi une très mauvaise période »* : des dispositifs d’accompagnement au tournant.

Les universités israéliennes ont été pionnières dans l’implémentation de structures destinées à former leurs étudiants à l’entrepreneuriat. Tout indique cependant qu’elles sont aujourd’hui à un tournant, face aux évolutions de l’écosystème entrepreneurial israélien.

Des universités engagées dans l’éducation entrepreneuriale des étudiants

Les universités israéliennes, comme beaucoup d’établissements d’enseignement supérieur dans le monde, ont compris relativement tôt l’intérêt de se doter de centres d’entrepreneuriat destinés à former leurs étudiants. Elles bénéficient d’ailleurs d’un fort rayonnement international pour leur dynamisme entrepreneurial. A l’université de Tel-Aviv, classée 9e derrière les universités américaines pour son nombre de diplômés devenus entrepreneurs**, le centre StarTAU a ainsi opéré pendant 10 ans pour informer et former tous les étudiants intéressés par la création d’entreprise. Des dispositifs similaires existent également au Technion, plus grand institut de recherche technologique du pays ou encore à l’université hébraïque de Jérusalem, où le programme HUStart a accompagné des générations d’entrepreneurs avec un budget annuel de 100 000 dollars.

Des centres d’entrepreneuriat sans entrepreneurs ? 

Malgré ces initiatives, nous avons été frappés dans nos visites de trouver ces centres bien souvent vides d’entrepreneurs. La start-up nation serait-elle finalement une nation d’incubateurs sans startups ? Pour certains observateurs que nous avons pu interroger, le marché de l’accélération a connu une croissance exponentielle au cours des dix dernières années. Entre 2008 et 2011, le nombre d’incubateurs est ainsi passé de 3 à plus d’une centaine, selon les définitions qu’on leur donne. Le savoir-faire israélien attire des professionnels de l’accompagnement du monde entier, dans des conférences dédiées uniquement aux programs manager ou community managers de structures d’accélération. Le secteur semble d’ailleurs arriver à maturité, avec l’ouverture d’incubateurs de plus en plus spécialisés sur l’accompagnement de certains types d’entrepreneurs, comme The Nest, dédié aux immigrés ou 8200 EISP, destiné aux anciens officiers de l’unité de renseignements 8200 de l’armée israélienne, ou de certains types de projets, comme theDock, positionné sur le développement de technologies maritimes.

Les centres d’entrepreneuriat universitaires sont donc confrontés à une concurrence accrue dans l’écosystème bouillonnant des startups et peinent à attirer leurs étudiants et alumni, qui ont à leur disposition une palette de structures vers lesquelles se tourner. Depuis 2016, le Technion investit chaque année 500 000 dollars dans une dizaine de projets de startups qui sont ensuite incubées dans le Technion Drive Accelerator au sein de l’université. La première année, la demande était telle que ce budget avait été écoulé dès le début de l’année. Au moment de notre visite fin mars, le budget de 2018 n’avait pas été complètement investi. Ce ralentissement serait-il lié à un renforcement des critères de l’université dans sa sélection de projets ? Ou le fort engouement qui s’observait en 2016 chez les étudiants vis à vis du programme se serait-il progressivement essoufflé ?

Vers de nouveaux modèles d’accompagnement de l’entrepreneuriat-étudiant

La difficulté à attirer les étudiants a par ailleurs conduit un certain nombre de centres d’entrepreneuriat à se repositionner. A l’université hébraïque de Jérusalem, le programme HUStart est temporairement suspendu, suite au départ de son manager, et les structures décisionnelles de l’université sont en cours de réflexion quant à l’avenir du dispositif. A Tel-Aviv, le président de l’université s’est inspiré des succès du MIT et de Stanford pour ouvrir le premier fond d’investissement détenu par l’université, TAU Ventures. Ce dernier fait suite au centre d’entrepreneuriat StarTAU, dont les activités ont été récemment arrêtées. Tout est encore à construire pour les équipes de TAU Ventures qui ont rejoint le programme il y a quelques semaines et réussi à lever plus de 20 millions de dollars à investir dans des projets de startups prometteurs.

L’entrepreneuriat étudiant est donc, nous avons pu le constater, à un tournant en Israël. Les universités israéliennes sont à la recherche de nouveaux modèles, dans un contexte où l’entrepreneuriat attire de plus en plus les jeunes diplômés et sur un marché de l’accompagnement déjà saturé. Si le contexte français présente des caractéristiques similaires, peut-on réellement s’inspirer de ces modèles pour les y appliquer ? On fait le tour de cette question dans le prochain épisode… 

*Un responsable académique interrogé sur le centre d’entrepreneuriat de son université

**Selon le classement PitchBook des Universités 2017https://pitchbook.com/news/reports/2017-universities-report

Photo by Rob Bye on Unsplash

La contributrice :

Passionnée par les mutations actuelles du travail, Laëtitia est chercheuse en Entrepreneuriat, dans le cadre d’une CIFRE entre l’Université de Grenoble-Alpes et l’entreprise Conseil & Recherche. Ses travaux portent sur l’engagement entrepreneurial des étudiants et le rôle des dispositifs d’accompagnement dans le passage de l’intention au comportement entrepreneurial. Cette recherche est réalisée sous la direction de Jean-Pierre Boissin, coordonateur du plan national pour l’entrepreneuriat étudiant et bénéficie ainsi d’un terrain de choix : le dispositif national Pépite France.
Par ailleurs, dans le cadre de son activité de consultante chez Conseil & Recherche, elle prend part à des projets de recherche collaborative au service de grands comptes, sur des thématiques liées aux transformations du travail et à l’innovation (Nouveaux usages des espaces de travail, innovation, expérience collaborateur etc).
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