Face au Congrès américain, Mark Zuckerberg a laissé passer l’orage
Mark Zuckerberg peut souffler. Après avoir répondu pendant deux jours aux questions des élus du Congrès américain, le patron de Facebook peut rentrer dans la Silicon Valley avec le sentiment du devoir accompli. Certes, tout n’a pas été rose, loin de là, mais le créateur du réseau social aux 2 milliards de membres dans le monde a évité le pire, à savoir la mise en place de mesures d’urgence contraignantes pour le modèle économique de Facebook. Toutefois, la menace de la régulation devient de plus en plus pesante sur les épaules de Mark Zuckerberg et des dirigeants des autres GAFAM.
Après avoir affronté les sénateurs américains pendant cinq heures ce mardi, le PDG de Facebook s’est présenté mercredi devant les élus de la Chambre des représentants. Si l’audition de Mark Zuckerberg devant le Sénat avait été marquée par quelques échanges musclés, le ton s’est cependant durci d’un cran avec les députés américains. Ces derniers connaissaient mieux leurs dossiers par rapport aux sénateurs et cela s’est vu. Décidés à se montrer plus coriaces, les élus de la Chambre des représentants ont adopté un ton plus agressif, n’hésitant pas à poser des questions avec plus d’insistance et à couper la parole à Mark Zuckerberg pour le pousser dans ses retranchements et le contraindre à abandonner son discours très policé.
Le Congrès ne veut plus des excuses de Zuckerberg
Si l’agacement avait rapidement gagné les sénateurs américains la veille, il était davantage visible dans les prises de parole des députés. Ces derniers ont dénoncé sur un ton acerbe la stratégie de communication de Facebook à chaque crise, consistant à présenter ses excuses, annoncer de nouvelles mesures, rappeler que le réseau social est un formidable outil pour connecter le monde entier et promettre que les erreurs ou les manquements décelés ne se reproduiront plus jamais. Désormais, cette mécanique est obsolète pour les députés américains. «Vous avez une longue histoire de croissance et de succès, mais vous avez aussi une longue liste d’excuses, qui ont commencé en 2003 à Harvard», a noté la démocrate Jan Schakowsky, qui a listé dans la foulée les excuses de Mark Zuckerberg entre 2006 et 2017. Selon elle, «cela prouve que l’autorégulation ne fonctionne pas».
Dès mardi, le milliardaire américain s’était dit ouvert à la mise en place d’une réglementation, mais avait estimé qu’il fallait qu’elle ne soit pas trop stricte, au risque de freiner la création de nouvelles entreprises technologiques. Facebook veut bien changer, mais sans bouleverser son modèle économique qui a fait de l’entreprise un mastodonte mondial. Devant la Chambre des représentants, Mark Zuckerberg a une nouvelle fois défendu sa position sur le sujet. «L’importante d’Internet grandit dans le monde et je pense qu’une certaine forme de régulation est inévitable. Mais il faut faire attention en la mettant en place», a-t-il déclaré. Et de préciser sa pensée : «Souvent les régulations appliquées font qu’une entreprise disposant de ressources telles que les nôtres peut les respecter mais pour des entreprises plus modestes, cela peut être plus difficile de le faire.»
Les données de Zuckerberg détournées par Cambridge Analytica
Devant les députés américains, le modèle économique de Facebook est également revenu sur le devant de la table. Alors que le réseau social collecte les données personnelles de ses utilisateurs pour mieux cibler les publicités, le Congrès américain attend de Mark Zuckerberg qu’il développe un modèle économique plus respectueux de la vie privée des utilisateurs. «Pourriez-vous changer votre modèle économique pour mieux protéger la vie privée», a ainsi demandé la députée républicaine Anna Eshoo. «Je ne suis pas sûr de comprendre ce que cela signifie», a répondu Mark Zuckerberg, préférant rester abstrait pour ne pas se mettre à dos les actionnaires. La veille, le trentenaire avait assuré qu’il y aurait «toujours une version gratuite de Facebook». Pas de Facebook payant à l’horizon pour l’instant, mais le PDG de la firme américaine ne ferme pas la porte à cette possibilité.
Il faut dire qu’une version payante pour les utilisateurs souhaitant que leurs données personnelles ne soient pas utilisées à des fins commerciales pourrait être utile à Mark Zuckerberg. Ce dernier a eu en effet l’audace d’affirmer que ses propres données personnelles avaient été captées au profit de Cambridge Analytica. Cette société britannique est accusée d’avoir siphonné les données personnelles de 87 millions d’utilisateurs du réseau social.
Le «Honest Ads Act», caution de Facebook pour séduire le Congrès
Si faire une telle révélation visait à calmer l’agacement des députés, c’est raté. Le créateur du réseau social a ainsi dû se justifier sur la manière dont sont collectées les données des internautes, y compris ceux qui ne sont pas inscrits sur Facebook. S’attachant à garder son calme, Mark Zuckerberg a répondu en disant que ces données étaient collectées «pour des raisons de sécurité». Réplique immédiate du député démocrate Ben Lujan : «Est-ce que quelqu’un qui n’a pas de compte Facebook peut demander à Facebook de cesser cette collecte ?» En retour, le PDG de Facebook n’a cessé de répéter que les utilisateurs avaient un contrôle total sur la collecte de leurs données
Bien que le discours de Mark Zuckerberg n’ait pas vraiment convaincu les sénateurs et les députés américains, le milliardaire a marqué des points au Congrès en se prononçant en faveur d’un projet loi, baptisé «Honest Ads Act», un texte qui prévoit d’imposer aux publicités politiques en ligne la même réglementation que dans la presse. En soutenant ce projet de loi, le patron de Facebook veut rassurer le Congrès, qui est particulièrement remonté contre l’entreprise américaine depuis les révélations d’ingérence russe dans l’élection présidentielle via plusieurs plateformes, dont Facebook. Pour rappel, Facebook a admis que jusqu’à 126 millions d’utilisateurs américains du réseau social avaient pu voir entre juin 2015 et août 2017 près de 80 000 publications politiques mises en lignes par des comptes liées à la propagande russe.
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