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Santé, alimentaire et lobbying de l’industrie

Par Grégory Pouy, expert FrenchWeb

Bien manger aujourd’hui, c’est devenu un combat, nous voulons tous prendre soin de notre santé par l’alimentaire.
Isabelle Saporta est une journaliste mais aussi une auteure spécialisée sur l’industrie agro-alimentaire et sur le bien manger donc.
Elle a écrit le livre noir de l’agriculturevino business ou encore «du courage » et a été à l’école de Jean Pierre Coffe qui l’a mis sous son aile très tôt.
Le moins que l’on puisse dire est qu’Isabelle n’a pas sa langue dans sa poche et c’est tant mieux car le sujet de la nourriture nous préoccupe tous.
D’ailleurs, c’est pour cela que j’ai voulu la recevoir.
Il y a une tendance très forte autour du bien manger. On se pose beaucoup de questions sur ce qu’il y a de mieux pour notre santé sans trop savoir à quel saint se vouer.

L’agro-alimentaire: la 1ère industrie de France

« Un esprit sain dans un corps sain », nous avons tous cette phrase en tête évidemment même si nous l’avions perdu de vu ces dernières décennies.
Le moins que l’on puisse dire c’est que depuis quelques années, on s’y intéresse de plus près.
Ainsi, on voit fleurir un peu partout des restaurants Vegan, la tendance Bio s’est durablement installée, l’intolérance au Gluten semble avoir touché une partie importante de la société etc….
De fait, comme le rappelle Isabelle, la nourriture est une question de plus en plus prégnante dans notre société.
Les gens veulent bien manger mais ils ne savent plus comment faire. Les normes arrivent dans tous les sens, accompagnées de leurs amis les labels mais aussi des concepts marketing pour finalement arriver à se poser des questions telles que « extracteurs de fruits » ou « blender »… pour finalement y passer 3h sur des forums et autres sites spécialisés (oui c’est du vécu).
Il est donc intéressant de se replonger dans cette tendance en particulier en France, pays de « la bouffe » s’il en est.
Pour Isabelle, il y a eu une déconnexion évidente entre les consommateurs et leurs assiettes, les courses sont devenues une corvée, manger parfois une simple nécessité, on en arrive même à des enfants plus vraiment capables de discerner un légume d’un autre.
Il faut donc que tout le monde (hommes et femmes) retournent aux fourneaux avec plaisir mais aussi peut être mieux éduquer nos enfants à l’école ou au sein même du foyer en allant faire le marché.
Evidemment c’est une industrie importante et par conséquent, les lobbys y sont particulièrement actifs. La FNSEA est en première ligne.
Pour elle, il faut revenir au bon sens paysan, ne pas aller vers de l’industrialisation intensive mais bien s’assurer de faire bien vivre des paysans qui produisent en local de l’alimentation de qualité.
Car cela créé de l’emploi non délocalisable et pérenne, des gens plus heureux, des terres plus saines et surtout des coûts inférieurs si on s’intéresse à l’intégralité de de la chaîne (dépollution de l’eau mais aussi maladies liées à la malbouffe).

Les normes sanitaires manquent de logique

Evidemment ces normes sont essentielles car elles permettent de manger des aliments sains et doivent nous protéger.
Néanmoins, l’industrie agroalimentaire et la politique avec elle ont décidé que la seule solution pour nourrir à bas prix tout le monde devait nécessairement passer par une agriculture intensive et productiviste.
Par conséquent, plutôt que de reprendre du bon sens paysan, on ajoute des rustines sur des solutions déjà pas idéales.
Par exemple, quand on se rend compte que les porcs sont malheureux dans les fermes intensives, plutôt que de trouver une solution alternative (qui consisterait à les laisser un peu plus en liberté et surtout pas seuls puisque ce sont des animaux sociaux), on leur donne des anti dépresseurs.
Idem pour les hommes et les femmes qui travaillent dans ces fermes, tout le monde ou presque est donc sous anti dépresseurs.
Et ainsi de suite, par exemple avec les poux sur les poules des fermes intensives…
Isabelle critique énormément ces normes qui sont souvent érigées par l’industrie agro-alimentaire pour protéger cette même agriculture intensive.

 

La porte de sortie: éveiller les consciences pour mieux s’alimenter

La solution pour bien s’alimenter reste simple: être au plus proche (circuit court ou amap) et manger un produit (bio de préférence) le moins transformé possible.
La question par contre est de savoir comment organiser cela de manière plus systématique.
Evidemment, selon Isabelle, il faudrait repenser la manière dont sont utilisés les 10 milliards d’Euros versés par la PAC.
Pour le moment, cet argent favorise l’agriculture intensive mais si les consommateurs s’en détournent, alors naturellement cet argent sera de plus en plus alloué à de l’agriculture raisonnée.
De la même manière, il faut pouvoir réfléchir à permettre à tous les Français de bien manger et pas seulement ceux dont le pouvoir d’achat permet d’accéder à des produits biologiques.
Ainsi, une TVA différenciée pourrait faire la différence par exemple.
En tous cas, il est évident, que c’est finalement l’action de chacun qui permettra de changer la manière dont on fait de l’agriculture en France.

Finalement, c’est un vrai combat politique que l’on a dans son assiette 3 fois par jour.

L’expert:

gregory-pouy

 

Grégory Pouy est le fondateur de LaMercatique, un cabinet de conseil de transformation digitale axé sur la partie marketing. Basé entre New York et Paris, il est «expert» marketing pour FrenchWeb.fr. Pour suivre ses écrits et échanger avec lui

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