La blockchain peut-elle réussir là où Internet a échoué ?
Primavera De Filippi, spécialiste de la blockchain et co-auteure de l’ouvrage Blockchain and the Law: The Rule of Code, faisait partie des intervenants de la dernière conférence USI. Cette chercheuse au Cersa (unité mixte du CNRS et de l’Université Paris-II) pense qu’il est encore temps de faire de la blockchain ce qu’Internet n’a pas réussi à devenir, c’est-à-dire une technologie libre, ouverte et qui va vers de la coopération.
« Lorsque l’on observe les narratives, aussi bien des pionniers d’Internet que de ceux de la blockchain, on voit que le discours est le même. Ils parlent d’une nouvelle technologie de décentralisation et de désintermédiation qui va promouvoir la liberté individuelle, émanciper les individus, créer plus de participation… », explique la chercheuse. « Je pense que c’est vrai mais il faut faire attention et ne pas commettre les mêmes erreurs qu’avec Internet notamment. Cette technologie de désintermédiation a été réintermédiée et aujourd’hui elle est devenue un outil de surveillance et de contrôle plutôt que désintermédiation et de liberté individuelle ».
Accompagner l’innovation technologique d’une innovation sociale
Mais que faudrait-il faire autrement ? Pour Primavera De Filippi, il y a deux enjeux : la réglementation et la gouvernance. Pour le premier, « il ne s’agit pas de réguler pour contrôler mais pour créer un espace d’expérimentation » dans un cadre juridique clair. Mais pour elle la question la plus importante et également un peu complexe est celle de la gouvernance. Quel serait le mécanisme de gouvernance d’un système réellement décentralisé et désintermédié ? « La difficulté est que pour l’instant le système de gouvernance distribué que l’on connaît c’est le marché. Tout en sachant qu’un marché qui n’est pas protégé par une institution va se concentrer. Cela va créer des oligopoles et en fin de compte on commence par une décentralisation théorique mais on termine avec un système centralisé ».
Pour cette dernière, afin de changer la société, une innovation technologique ne suffit pas, celle-ci doit s’accompagner d’une innovation sociale.
Retrouvez l’interview complète de Primavera De Filippi, chercheuse, spécialiste de la blockchain:
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Je pense qu’il faut aussi parler des outils mis-à-disposition. Lorsque l’utilisation est trop complexe, l’utilisateur lambda perd l’intérêt pour la technologie concernée. Vous avez déjà essayé de payer avec un wallet d’une crypto ? Moi oui…