La transition énergétique et numérique face à l’utilisation des métaux rares
Guillaume Pitron, journaliste, réalisateur et auteur de l’ouvrage « La guerre des métaux rares: la face cachée de la transition énergétique et numérique » faisait partie des intervenants lors de la dernière édition de l’Échappée Volée devenue Boma France Festival.
« Dans la nature, il y a ce que l’on appelle les métaux abondants comme le cuivre, le fer, l’aluminium, le zinc. Mais vous n’avez pas que cela dans une mine. Vous retrouvez également des métaux qui sont naturellement mélangés aux métaux abondants mais dans des proportions jusqu’à 3 000 fois moindres. Ces métaux, on les appelle ‘rares’ car ils sont beaucoup moins abondants dans l’écorce terrestre », explique Guillaume Pitron.
Il en existe une trentaine. Ce dernier cite par exemple le gadolinium, praséodyme, terbium, Yttrium ou encore scandium.Apple-converted-space »> « Et ces métaux on sait aujourd’hui les extraire, les raffiner, et les utiliser dans toutes les technologies vertes. Ils sont également devenus indispensables aux technologies numériques qui font notre quotidien ». Ils sont ainsi utilisés pour les téléphones portables, les tablettes, les data centers…Apple-converted-space »> Et ce n’est pas tout. « Toutes les technologies du futur sont et seront de plus en plus fortement tributaires de ces matières premières rares qui sont en train de devenir aussi importantes au XXIe siècle que le pétrole au XXe siècle », développe Guillaume Pitron.
Des processus extrêmement polluants
Mais le problème est que leur extraction et leur affinage « sont des processus extrêmement polluants », développe le journaliste. Ils causent ainsi des désastres écologiques, notamment en Chine. Or, selon Guillaume Pitron, des solutions existent déjà mais encore faut-il qu’il y ait une réelle prise de conscience du grand public et une volonté politique de faire changer les choses.
« Aujourd’hui, on ne recycle pratiquement pas ces matières premières rares dans les téléphones portables, parce que cela reviendrait alors plus cher qu’avec des matières que l’on va à nouveau extraire dans les mines de Chine. Si demain une réglementation française impose que tous les téléphones portables contiennent un certain pourcentage de métaux recyclés, et qu’elle s’applique à tous les industriels, les coûts vont augmenter mais pour tous les produits. On peut donc imaginer que la compétitivité entre industriels restera la même ». Les consommateurs doivent de leur côté accepter de payer plus cher pour des produits « un peu plus propres », poursuit-il.
En ce qui concerne l’utilisation de ces métaux rares pour les technologies vertes, Guillaume Pitron insiste sur le fait que « d’appeler les choses vertes et durables n’est jamais complètement vrai ». « Il y déjà beaucoup de greenwashing derrière ces mots et je pense qu’ils sont un peu usés jusqu’à la corde. Toute technologie a par essence un coût environnemental ».
Retrouvez l’interview complète de Guillaume Pitron: