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7 Conseils pour le chercheur – entrepreneur en devenir

Dr. Milan Stankovic, chercheur en intelligence artificielle

Il est très à la mode de penser qu’il est une bonne idée que les chercheurs créent des start-ups, qu’ils effectuent le transfert technologique eux-mêmes, directement, en créant des entreprises qui exploiteraient leurs vastes connaissances et découvertes. Sur papier, cela fait sens. En réalité, de nombreux chercheurs sont séduits par l’idée mais hésitent devant des incertitudes, se posent des questions sur les défis d’une telle reconversion. Comment s’y prendre ? Quels pièges éviter ? Quelles sont les principales différences entre le monde académique et le monde des affaires ? Dans cet article, je partage quelques retours d’expérience et recettes qui seraient, je l’espère, utiles aux courageux qui se lancent dans l’entreprenariat.

#1 – L’essentiel dans les affaires c’est l’argent

L’argent est le langage commun du monde des affaires. Alors que dans le monde académique, le chercheur œuvre pour prouver qu’il a raison, que ses inventions marchent et cherche à obtenir l’approbation de la communauté de chercheurs ; dans une startup il faut démontrer que celle-ci peutApple-converted-space »>  gagner de l’argent, et ceci est possible uniquement en gagnant de l’argent. Le succès dans cette démarche ne procure pas l’approbation publique et sincère partout, mais crée au passage des adversaires et des jaloux qui diraient « …oui, mais… ». Et ce, quel que soit l’impact positif qu’une entreprise peut avoir sur ses clients, sur son environnement, ses salariés. C’est naturel. Il faut juste apprendre à vivre avec des nouveaux repères.

#2 – La recherche est collaborative, les affaires sont compétitives

Dans le monde de la recherche, nous avons l’habitude de collaborer, de s’appuyer sur les travaux des autres, car quelque part l’objectif de tous est commun – faire avancer le monde par la connaissance, et tout le monde est gagnant. Le monde des affaires repose encore largement sur la conviction que le business est un « jeu à somme nulle » dans laquelle la quantité de l’argent est constante et ou chaque acteur économique se bat pour en ramasser plus à détriment des autres. Préparez-vous à croiser des adeptes de cette vision du monde, et même à faire des transactions avec eux. En revanche, soyez rassuré, le monde a énormément évolué et ne tolèrera pas longtemps une vision si simpliste du jeu qui est le business. Nous vivons dans l’ère de l’open source, de l’open innovation, de l’internet et de la gratuité des services, qui font du business un jeu de plus en plus collaboratif et de plus en plus transparent. Apprenez donc à choisir vos complices.

#3 – La connaissance peut intimider. Restez ambles.

Un chercheur qui débarque dans le monde des affaires, y apporte souvent des connaissances et des compétences qui dépassent la personne moyenne. Il s’attend naturellement à que ces atouts soient reçus à bras ouverts par ses nouveaux interlocuteurs (clients, investisseurs, etc.), qui jusque là n’attendait que lui pour résoudre leurs problèmes. Paradoxalement, les grands diplômes, publications et titres académiques peuvent s’avérer un frein dans les tentatives d’apprivoiser des clients et gagner leur confiance notamment lors des ventes de solutions et produits hautement techniques. J’ai eu l’occasion de rencontrer des clients, bienveillants et intelligents et surtout intéressés par ce que j’avait à vendre, avec qui j’ai pu ressentir cette distance ou presque peur qu’en maitrisant les sujets technologiques mieux qu’eux je vais pouvoir leur vendre ce que je veux. Ne cherchez pas à impressionner par votre parcours académique. Rappelez-vous pourquoi vous-êtes là – pour proposer des meilleurs produits et services au meilleur prix.

#4 – Vos compétences uniques sont un facteur d’attractivité.

En tant que chercheur, sans aucun doute, vous avez du vous intéresser aux sujets très spécifiques, et y travailler en profondeur. Des sujets auxquelles une personne moyenne ne s’est peut-être jamais intéressée. Ces sujets, plus que vos diplômes et votre parcours, vont vous permettre d’attirer l’attention. L’attention des clients qui peuvent voir dans ces sujets des traces de réponses à leurs enjeux (souvent enjeux que vous ignoriez). L’attention des investisseurs en quête de nouveaux marchés. EtApple-converted-space »>  finalement l’attention de salariés que s’ennuient dans leur travail actuel et cherchent des nouveaux défis. Si ces sujets vous ont séduit, alors à vous d’y intéresser quelqu’un d’autre.

#5 – La première réaction naturelle au progrès, c’est la peur.

Lorsque vous introduiriez quelque chose de nouveau sur un marché, et notamment lorsqu’il s’agit des nouvelles technologies, vous rencontrerez la peur dans les yeux de nombreux interlocuteurs.Apple-converted-space »>  Cette peur n’a rien de celle qui a inspiré le mouvement luddite – il est admis aujourd’hui que le monde progresse et nous nous adaptons – néanmoins les personnes censées utiliser des nouvelles technologies se sentent souvent dépassés ou à court des compétences nécessaires pour intégrer des nouvelles technologies dans leur travail quotidien. D’où la résistance au changement, qui touche tellement d’entreprises et marchés. Apprenez à encourager, banaliser, vulgariser, accompagner. Ne vous privez pas de vous faire payer pour le faire.

#6 – Appliquer les méthodes de chercheurs aux problèmes business peut vous amener à trop penser.

Dans la recherche nous avons l’habitude d’étudier un problème depuis plusieurs angles, analyser, réduire, isoler des facteurs d’influence, tout pour comprendre. Le business est beaucoup plus simple. L’explication d’un grand nombre de phénomènes et comportements est dans l’argent où dans le manque d’argent. Ne vous cassez pas trop la tête. Si l’argent permet d’expliquer un phénomène, alors très probablement, vous avez compris.

#7 – Si vous êtes trop occupés, alors il y a un problème quelque part.

Les chercheurs typiques ne connaissent pas de vraies vacances. Ils se consacrent presque oppressivement à leur travail ou au moins, ils pensent toujours à leur travail. Les hommes d’affaires aussi. Les chercheurs sont toujours occupés, n’ont jamais du temps, parce que la science ne peut pas attendre – il faut sauver le monde et vite. Pourtant, cette attitude, appliquée aux affaires peut s’avérer désastreuse. J’ai rencontré beaucoup d’hommes d’affaires qui ont grandement réussi, et dont les entreprises se portent très bien avec une croissance qui fait rêver. J’ai remarqué que ces hommes, systématiquement, avait toujours le temps à consacrer à quelque chose qui les intéresse. Ils ont toujours un œil ouvert pour des opportunités, et ils sont maitres deApple-converted-space »>  leur temps. Apprenez à prioriser, trouver du temps, soyez frais. Votre business vous récompensera.

Le contributeur:

Dr. Milan Stankovic

Après une carrière de chercheur en intelligence artificielle, des nombreuses publications académiques, participations dans les initiatives internationales de recherche, et une thèse soutenue à la Sorbonne, Milan a crée sa start-up technologique s’adressant au marché de tourisme. En quatre ans son entreprise a récolté des nombreuses récompenses pour sa technologie innovante en France et à l’étranger, séduit des clients de prestige et a été acquise par un groupe IT français. www.milstan.net

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