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Facebook: le 10-year challenge et la reconnaissance faciale, folklore ou réalité?

Tout est parti d’un thread Twitter de l’écrivaine spécialiste en technologie Kate O’Neill sur le 10-year challenge, « défi » lancé sur Facebook qui consiste à publier une photo de soi aujourd’hui à côté d’une photo de soi en 2009. Elle y notait son inquiétude quant à l’éventuelle utilisation des données issues de ces photos par des parties tierces pour « entraîner des algorithmes de reconnaissance faciale sur le vieillissement et la détection de l’âge ».

Mme O’Neill reprenait plus tard son argumentaire dans une contribution publiée chez Wired. Elle y répondait notamment aux remarques à son thread qui soulignaient que Facebook ou des parties tierces n’avaient pas besoin de ce nouveau challenge pour accéder à de telles photos : elles existent déjà sur la plateforme. Sauf que, selon l’écrivaine, pour entraîner un algorithme de reconnaissance facial via des caractéristiques liées à l’âge, rien de tel que de disposer d’un ensemble de données précis – comme par exemple les dates, les lieux ou les personnes présentes dans les photos publiées par les participants au défi. Dans cette optique, un tel challenge faciliterait le travail d’entraînement des algorithmes et éliminerait le « bruit inutile » que peut générer une recherche plus vaste de photos ou de données EXIF. Sans crier au complot – et sans même affirmer que Facebook ou une partie tierce se trouve derrière le 10-year challenge – Kate O’Neill soutient que nous devrions tous « faire preuve de plus de bon sens quant aux données que nous créons et partageons, l’accès que nous leur concédons, et aux conséquences de leur utilisation. »

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Bien conscient de l’importance de communiquer face à de telles accusations, Facebook a plus tard rejeté ces propos. « Le 10-year challenge est un meme généré par les utilisateurs qui s’est lancé tout seul, sans implication de notre part . C’est la preuve que les gens s’amusent sur Facebook, c’est tout », a réagi le groupe de Mark Zuckerberg.

Un article du New York Magazine, qui place la théorie de Mme O’Neill dans le panier du « folklore des réseaux sociaux », en souligne par ailleurs l’aspect invraisemblable : « les données dont [Facebook] dispose déjà et peut extraire en continu – de votre utilisation de ses applications, de vos habitudes de navigation hors de Facebook, et des data brokers tiers qui surveillent des choses comme votre utilisation de cartes de crédit – sont plus que suffisantes pour vous cibler avec des publicités et des recommandations avec une précision remarquable ». Il existe en outre des dizaines d’ensemble de données, accessibles en ligne par le grand public, dont peuvent se servir des parties tierces pour l’entraînement d’algorithme en reconnaissance faciale.

Quoiqu’il en soit, le 10-year challenge a suscité nombre d’interrogations et inquiétudes. Mme O’Neill a présenté trois utilisations « plausibles » de la reconnaissance faciale. Une première, « correcte», pourrait épauler les forces de l’ordre dans la recherche d’enfants disparus. Une deuxième, plus « banale », développerait la précision du ciblage publicitaire. Enfin, une troisième utilisation, plus « risquée » et « effrayante », pourrait permettre aux sociétés d’assurance d’augmenter leurs tarifs ou refuser leurs services aux personnes qui « vieillissent plus vite ».

Les forces de l’ordre pourraient, de même, se servir de telles technologies pour non seulement pister des personnes suspectées d’avoir commis un crime, mais aussi des personnes qui n’en ont pas commis, tels que des manifestants. Amazon avait lancé son propre service de reconnaissance faciale en 2016 et a depuis commencé à le vendre à des agences gouvernementales ou des forces de l’ordre. Mardi, 90 groupes de défense, dont l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) , le Refugee and Immigrant Center for Education and Legal Services (Raices) et l’Electronic Frontier Foundation (EFF), ont envoyé une lettre à Amazon, Google et Microsoft, leur demandant de mettre un terme à ces ventes.

A noter également que selon une étude du Pew Research Center publiée mercredi, 74 % des utilisateurs de Facebook ne savent pas que le réseau social dresse une liste de leurs intérêts pour leur proposer des publicités ciblées. La moitié des utilisateurs se disent également mal à l’aise avec la manière dont la plateforme les catégorise. De quoi supposer que le grand public ne semble toujours pas prêt à laisser ses données exploitées sans aucun consentement.

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