Ant Financial, le bras financier d’Alibaba, débourse 700 millions de dollars pour conquérir l’Europe
Alibaba continue de placer ses pions en Europe. Après s’être concentré sur le volet e-commerce fin 2018 en s’alliant avec El Corte Inglés, la plus grande chaîne espagnole de grands magasins, et en annonçant l’implantation de son premier hub logistique européen en Belgique, le géant chinois s’intéresse désormais au secteur financier européen.
Dans ce sens, la licorne Ant Financial, qui n’est autre que la finale financière d’Alibaba, vient de réaliser sa première opération d’envergure en Europe avec le rachat de l’entreprise britannique WorldFirst, spécialisée dans le transfert d’argent à l’international. Selon les sources proches du dossier citées par TechCrunch, le montant de l’opération avoisinerait les 700 millions de dollars.
Fondée en 2004 par Jonathan Quin et Nick Robinson, WorldFirst est une société qui permet aux entreprises et aux particuliers de transférer de l’argent entre pays à des prix inférieurs à ceux des banques traditionnelles. Depuis son lancement, l’entreprise basée à Londres a permis à près de 160 000 clients de transférer 95 milliards de dollars à l’international, avec plus d’un million de transferts effectués chaque année. Sur ce marché, la société londonienne doit faire à la concurrence de plusieurs acteurs locaux, comme TransferWise, qui a levé 280 millions de dollars fin 2017 pour accélérer son expansion internationale, ou encore WorldRemit et Azimo.
Ant Financial veut rebondir après l’acquisition manquée de MoneyGram
Le rachat de WorldFirst doit servir les ambitions internationales d’Ant Financial, dont Alibaba détient encore un tiers du capital, et, par ricochet, freiner l’expansion d’Amazon. En effet, le géant américain du commerce en ligne vient de lancer Amazon PayCode, un nouveau service développé avec Western Union pour permettre aux utilisateurs situés sur des marchés où Amazon n’a pas encore lancé de site local de payer des marchandises en devises locales sur sa plateforme. Or de son côté, Ant Financial peut s’appuyer sur Alipay, son service de paiement mobile très populaire en Chine avec plus de 550 millions d’utilisateurs enregistrés. «Les capacités et les empreintes internationales d’Alipay et de WorldFirst sont extrêmement complémentaires», estime Jonathan Quin, co-fondateur et CEO de WorldFirst.
En mettant la main sur la société britannique, Ant Financial signe sa première grande percée en Europe après plusieurs tentatives laborieuses pour se développer à l’international. Le bras financier d’Alibaba, dont la valorisation est estimée à 150 milliards de dollars, avait notamment essayé d’acquérir MoneyGram, spécialiste américain des transferts d’argent, mais l’opposition n’est jamais aller à son terme en raison de l’opposition des autorités américaines qui craignaient un risque pour la sécurité de données pouvant permettre d’identifier des citoyens américains. Après cet échec retentissant, Ant Financial avait bouclé en juin dernier un tour de table spectaculaire de 14 milliards de dollars pour accélérer le développement de ses activités à l’international. Cela commence à prendre forme avec le rachat d’un spécialiste britannique du transfert d’argent.