Le constructeur de navettes autonomes Navya a doublé ses pertes au premier semestre, sous l’effet de moindres ventes et d’une accélération de ses efforts de recherche et développement. La société créée par Christophe Sapet avec Bruno Bonnell et Thomas Schmider démultiplie ses pertes.
Un changement de stratégie qui amplifie les déconvenues de la société
Sur les six premiers mois de l’année, la startup basée à Villeurbanne (métropole de Lyon) a perdu 13,8 millions d’euros, contre 6,9 millions un an plus tôt, selon un communiqué publié jeudi par l’entreprise.
Sa marge brute, positive il y un an, a été négative de 0,9 million d’euros, faute à un chiffre d’affaires tombé à 6,1 millions d’euros (-32%). Le groupe explique à cet égard qu’il avait bénéficié l’an dernier d’une commande exceptionnelle de dix navettes de la part d’un consortium européen.
Navya, qui a changé de modèle économique – privilégiant désormais la fourniture de systèmes rendant autonomes les véhicules plutôt que de véhicules complets – a en conséquence accru ses investissements de R&D (+114%).
La société annonce qu’elle va commencer à tester dès le premier semestre 2020 des véhicules autonomes plus avancés, de niveau 4 (sans opérateur de sécurité à bord).
Elle compte aussi déployer sa technologie l’an prochain sur « une à deux plateformes additionnelles ». Navya commercialise une navette et un taxi et teste parallèlement un engin de manutention autonome en partenariat avec le groupe Charlatte.
Navya contrebraque depuis fin 2018 pour corriger cette mauvaise trajectoire
Sur fond de désaccord entre actionnaires, Navya avait enregistré la démission de ses administrateurs indépendants, dont Marie-Laure Sauty de Chalon. Son président-fondateur Christophe Sapet a également été débarqué brutalement, remplacé en urgence par un management de transition, avant de nommer un nouveau président du directoire en la personne d’Étienne Hermite.
Navya, qui était présentée comme une belle histoire de la French Tech, pourrait coûter cher à ses actionnaires
La startup française Navya a levée depuis sa création 64,1 millions d’euros dont 37,6 millions d’euros lors de son entrée en Bourse sur Euronext Paris, une introduction en dessous de ce qui était espéré. La société espérait lever 51,3 millions d’euros à cette occasion. Navya enregistrait un cours à 1,13 jeudi soir, pour une capitalisation boursière de 32,85 millions d’euros, contre environ 190 millions d’euros lors de son introduction en Bourse.
Une déconvenue qui pourrait coûter cher à son actionnaire de référence 360 Capital Partners, ainsi que Keolis et Valeo, présents au capital de Navya.
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Keolis et Valeo sont respectivement des troupes de transport de personnes, et équipementier automobile.
Ces groupes ont tout à gagner à supporter financièrement Navya, même à perte, car ils beneficient sur leur marché respectif de l’essor des engins autonomes. Dans le cas de Keolis cela peut se traduire par exemple par des aides à la conduite réduisant endormissement au volant de leurs chauffeurs de bus, pour Valeo de l’effet levier sur la fourniture, l’installation ou la maintenance des capteurs requis par ces aides à la conduite.