Uber part à la conquête du marché de l’intérim
Uber se diversifie cette fois-ci en mettant un pied dans le marché de l’emploi temporaire avec Uber Works. D’abord lancé à Chicago dès ce vendredi, il s’agira de mettre en relation des personnes disponibles et des entreprises qui ont des missions à proposer. Le groupe de Dara Khosrowshahi vise les emplois dédiés à la catégorie de travailleurs que l’on surnomme parfois les « cols-bleus », avec des métiers comme cuisinier, magasinier, techniciens de surface, et particulièrement concernés par l’intérim. Mais pourquoi l’entreprise se lance-t-elle dans ce domaine et que peut-elle vraiment apporter?
Plein feu sur la diversification
Pour certains observateurs, la boulimie de diversification d’Uber est surtout un signe de « désespoir », l’entreprise n’ayant jamais réussi à être rentable depuis sa création en 2009. De plus, elle traverse en ce moment une période particulièrement compliquée: son entrée en Bourse est un échec. La compagnie de VTC a même vu ses actions chutées à leur niveau le plus bas mardi pour finalement clôturer la journée à 29,15 dollars, en dessous donc de son précédent minimum qui avait été atteint le 27 septembre dernier à 30,29 dollars. Alors que sa valorisation était estimée à 76 milliards de dollars avant son introduction, sa capitalisation boursière tourne aujourd’hui autour de 49 milliards de dollars.
À côté de cela, la Californie a récemment pris une décision historique en adoptant un projet de loi qui accorde aux chauffeurs de VTC le statut d’employés dès lors qu’ils travaillent principalement ou régulièrement pour des plateformes de VTC. De quoi mettre à mal tout leur modèle économique, celui d’Uber compris.
Mais à noter qu’Uber teste sa nouvelle application depuis un an à Chicago, le projet était donc déjà enclenché. L’entreprise se diversifie depuis plusieurs années avec notamment Uber Eats lancé dès 2015. Elle cherche depuis déjà plusieurs années à multiplier les relais de croissance.
Devenir une sorte de guichet unique
Le groupe met en avant sa capacité à pouvoir utiliser la technologie pour simplifier le marché du recrutement temporaire. Concrètement, l’idée est que l’appli devienne un guichet unique qui permette de trouver des annonces et les informations pratiques qui s’y rattachent: rémunération, localisation, compétences demandées, exigences vestimentaires…
Les travailleurs pourront également y enregistrer leurs horaires, pauses, etc., pour suivre leurs activités et leur rémunération. Du côté des entreprises clientes le bénéfice est simple: avoir une source de plus pour trouver des profils. Uber ne se lance pas seul. Le groupe annonce déjà que sa solution inclura des partenariats avec des agences de recrutement. On peut donc imaginer que ce sont leurs annonces qui seront listées en plus de celles mises directement en ligne par les entreprises.
Partenariat avec le mastodonte TrueBlue
Son premier partenaire pour le lancement à Chicago est TrueBlue, un des mastodontes du marché américain des agences de recrutement. Le groupe qui existe depuis 25 ans revendique 730 000 personnes passées par ses services pour trouver des missions en 2018. C’est donc un premier partenaire de taille. Cela signifie aussi qu’Uber ne compte pas gérer directement le côté administratif des embauches. De plus, il s’agit bien ici de trouver aussi des emplois salariés, et pas uniquement des missions sous le statut d’indépendant.
Comme souvent avec ses projets, Uber a de fortes ambitions pour son nouveau service. L’entreprise qui a donné son nom au phénomène d’ubérisation- avec notamment tout un contingent de sociétés dont le modèle économique repose sur des travailleurs indépendants- veut cette fois-ci utiliser Uber Works pour mettre en avant des solutions en faveur de l’insertion professionnelle durable. Son application abritera ainsi des partenariats avec des associations locales qui œuvrent en faveur de l’emploi.
Pour le lancement, la première d’entre elles est la YWCA Metropolitan Chicago qui parmi ses différentes missions dédiées aux femmes et à la lutte contre le racisme propose un programme d’aide à la recherche d’emploi: coaching, cours d’informatique, conseil carrière… Il y aura aussi un partenariat avec l’Université d’Arizona pour proposer des cours en ligne aux travailleurs qui remplissent certains critères. D’autres annonces de partenaires pouvant apporter une aide à la formation professionnelle devrait suivre.
Il n’y a pas pour l’instant d’informations sur le business model qui sera construit autour d’Uber Works, mais aucun doute qu’Uber met le pied dans un secteur avec un énorme potentiel.
42 millions de personnes concernées d’ici 2020
Selon une étude de Deloitte, les emplois « alternatifs », qui comprennent aussi bien les équipes externalisées, les freelances, les travailleurs indépendants et les missions ponctuelles, devraient concerner 42 millions de personnes rien qu’aux États-Unis d’ici 2020. Soit le triple de ce que représentait ce marché en 2017.
À première vue, Uber ne viendrait pas concurrencer directement les agences de recrutement mais agirait comme un relais supplémentaire. Etant donné la force de frappe de la firme américaine, ces dernières pourraient en effet y trouver leur intérêt, encore faut-il savoir à quel prix. En revanche, les startup misant sur la technologie pour mettre en relation des travailleurs et entreprises pour des missions ne manquent pas comme les applis Wonolo, Job Today ou encore Syft. Elles pourraient davantage ressentir l’arrivée d’Uber sur le marché. Pour l’instant, l’entreprise n’a pas révélé de calendrier sur les prochains pays ou villes où le groupe souhaite lancer Uber Works.
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Mme Agbe,
Merci pour l’information. À la lecture de votre brillant article, je fais tout de suite le lien entre Uber works (emploi temporaire) et la décision de l’état de Californie concernant le statut de travailleur des chauffeurs VTC !
Puisqu’Uber devra gérer ce nouveau statut attribué aux chauffeurs, ils ont probablement anticipé en se lançant dans le secteur de l’intérim…
Donc pour répondre à la question de pourquoi la diversification dans ce secteur… Peut-être pour répondre à la problématique du statut des chauffeurs sans sortir de l’écosystème Uber… À suivre !