FoodTech: pourquoi Postmates retarde son entrée en Bourse
Innocentia Agbe & Assiya Berrima
Après les IPO décevantes d’Uber et Lyft, celle indéfiniment repoussée de WeWork, c’est au tour de Postmates de retarder la sienne. La confrontation des entreprises Tech aux marchés boursiers semblent de plus en plus compliquée… Que se passe-t-il dans le cas de Postmates?
Pour rappel, Postmates développe un service de livraison à la demande de courses alimentaires et de plats de restaurants. La startup californienne créée en 2011 par Sam Street, Sean Plaice et Bastian Lehmann a levé 225 millions de dollars en septembre 2019, portant à 906 millions de dollars le montant total des fonds levés. Avec ce tour de table, sa valorisation était alors estimée à 2,4 milliards de dollars.
Uber, Lyft vs Pinterest, Datadog
L’entreprise a confidentiellement déposé ses documents auprès de la SEC dès février. Mais après avoir déjà retardé son lancement une première fois, elle vient à nouveau de décider de le reporter. Selon des informations obtenues par Recode, Postmates repousse sa période de blocage au moins jusqu’au premier trimestre 2020. En cause? Les conditions défavorables du marché pour les entreprises Tech…
Selon une note de Goldman Sachs, les performances des introductions en Bourse cette année, ont été les pires enregistrées depuis au moins 1995. Nul doute que les entreprises Tech y ont joué un rôle. Par exemple, Uber, dont la valorisation était estimée à 76 milliards de dollars avant son introduction, voit sa capitalisation boursière tourner aujourd’hui autour de 49 milliards de dollars. Lyft de son côté, a vu le prix de ses actions baisser de 46%.
Mais toutes les entreprises Tech n’enregistrent pas des performances décevantes: Pinterest, par exemple, entré en Bourse en avril, voit ses actions s’échanger en moyenne 35% au-dessus de son prix initial. Sa particularité? Des résultats financiers encourageants avec une rentabilité qui devrait être atteinte en 2021. La startup a déjà vu ses pertes se réduire considérablement entre 2017 et 2018 pour passer de 130 millions de dollars à 62,9 millions.
Autre exemple, Datadog, spécialisé dans la gestion des performances applicative (APM) et créé par deux Français, n’en est qu’à ses débuts en Bourse mais enregistre des performances plus qu’encourageantes. Son titre introduit à 27 dollars par action avait terminé sa première journée avec un bond de 39% pour atteindre 37,55 dollars. Et ce dernier se maintient aujourd’hui autour de 36,75 dollars. Il faut dire que l’entreprise enregistre une bonne croissance de ses revenus ainsi que des pertes limitées….
Quand sera le bon moment?
Dans ce climat actuel, pas étonnant que Postmates – qui n’est toujours pas parvenu à dégager de profit même avec son chiffre d’affaires de 400 millions de dollars enregistré en 2018- pense ne pas recevoir un accueil favorable en Bourse. De plus, la startup fait aussi partie de ces sociétés dont le business model repose sur des travailleurs indépendants, un système régulièrement remis en cause.
La question est de savoir si le bon moment viendra vraiment… Cette inadéquation qui se confirme entre le succès de certaines startups sur le marché privé et le peu d’enthousiasme qu’elles rencontrent finalement en Bourse produira-t-elle un changement de stratégie dans le financement des entreprises Tech? Ou l’écosystème cherchera-t-il plutôt des manières alternatives de les financer? Comme celle de passer par une cotation directe, une opération notamment plus économe. Une option déjà récemment choisie par Slack et Spotify. Airbnb, dont l’entrée en Bourse devrait avoir lieu en 2020, opterait également pour cette option.