Florian Breton (La Ferme Digitale) : «Sur les 15 milliards d’euros levés dans l’AgTech en 5 ans, à peine 2% l’ont été en France»
Interview de Florian Breton, président de La Ferme Digitale et fondateur de Miimosa
D’ici 2050, ce ne sont pas moins de 10 milliards de bouches qu’il faudra nourrir à travers la planète. Et pour y parvenir, «l’agriculture devra augmenter capacité de production de 50% dans les 30 prochaines années, tandis que les surfaces agricoles vont à peine augmenter de 4%», note Florian Breton, président de La Ferme Digitale, association qui cherche à promouvoir l’AgTech française, et fondateur de Miimosa, une plateforme de crowdfunding dédiée à l’agriculture et à l’alimentation. Dans ce contexte, l’écosystème numérique qui a fait son apparition ces dernières années pour soutenir la transition du secteur agricole met les bouchées doubles pour relever le défi.
Ainsi, drones, objects connectés, marketplaces et plateformes digitales couvrant tous les maillons de la chaîne de production et de distribution de l’agriculture n’ont cessé de fleurir au cours de la dernière décennie. Aux yeux de Florian Breton, cette reconfiguration du secteur va permettre de redéfinir le rôle de l’agriculteur. «L’agriculteur du XXIème siècle, ce sera à la fois un producteur d’alimentation, de biodiversité et d’énergie renouvelables, ainsi qu’un stockeur de carbone, et il sera rémunéré pour toutes ces belles externalités positives», explique-t-il depuis la Porte de Versailles, où se tient actuellement le Salon de l’Agriculture.
Vous pouvez retrouver notre discussion avec Florian Breton ici :
90% des investissements de l’AgTech captés par les États-Unis et l’Asie
Si la «renaissance» à venir de l’agriculteur est évidemment une bonne nouvelle pour l’alimentation mondiale, l’AgTech est pourtant l’instant surtout l’apanage des États-Unis et de la Chine, ce qui rappelle une certaine domination des GAFA et des BATX sur la Tech mondiale. «Sur les 15 milliards d’euros qui ont été levés dans l’AgTech en 5 ans, à peine 2% l’ont été en France et 10% en Europe. 45% des investissements sont captés par les États-Unis et les 45% restants par l’Asie et l’Inde, et ce alors que la France est la première puissance agricole européenne, et l’Europe la première puissance agricole mondiale», rappelle Florian Breton. Sur une touche plus optimiste, il ajoute : «On voit que la France est en train de passer d’une agriculture de volume à une agriculture de valeur. On a un train de retard, mais cela ne veut pas dire que le train est très loin.»
Pour porter l’AgTech française et européenne sur le devant de la scène internationale, l’entrepreneur, lui-même petit-fils d’agriculteur, mise sur La Ferme Digitale, association qu’il a co-fondée en 2016, afin de mutualiser les forces dans l’écosystème tricolore et se faire entendre auprès du gouvernement et de la Commission européenne. Alors que la PAC (Politique agricole commune) doit être renégociée cette année après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, cette association qui s’apparente à un «France Digitale de l’AgTech» pour faire du lobbying est d’autant plus nécessaire.
La quarantaine de start-up membres de La Ferme Digitale ont levé 270 millions d’euros jusqu’à maintenant, dont 60% en 2019 grâce notamment au tour de table de 110 millions d’euros d’Ÿnsect, jeune pousse spécialisée dans la production de protéines d’insectes pour l’alimentation animale. De son côté, Miimosa, membre fondateur de La Ferme Digitale, vient tout juste de lancer un fonds de dette de 50 millions d’euros dédié à la transition agricole, alimentaire et énergétique.
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