Après la France, le Royaume-Uni va taxer à son tour les GAFA à partir du 1er avril
Le 1er avril prochain, les géants du numérique, Google, Amazon, Facebook et Apple en tête, devront faire face à une nouvelle mesure qui n’aura rien d’une blague. Et pour cause, le Royaume-Uni va taxer ces dernier à hauteur de 2% de leur chiffre d’affaires réalisé sur le territoire britannique.
Annoncée dès octobre 2018, cette taxe cible «les moteurs de recherche, réseaux sociaux et galeries marchandes en ligne, qui tirent de la valeur des utilisateurs britanniques», indique le Trésor britannique. Sans les nommer, ce sont bien évidemment les GAFA qui sont dans le viseur du gouvernement britannique. Ces derniers sont effet régulièrement critiqués outre-Manche en raison du faible montant des impôts dont ils s’acquittent chaque année.
Une taxe rapportant plus de 450 millions d’euros par an
Ainsi, la taxe ne s’appliquera qu’aux entreprises générant un chiffre d’affaires mondial de plus de 500 millions de livres, soit plus de 560 millions d’euros, dont 25 millions de livres au Royaume-Uni. Après son application le 1er avril, elle pourrait rapporter près de 400 millions de livres (plus de 450 millions d’euros) par an d’ici à 2022. A titre de comparaison, la taxe GAFA de la France, entrée en vigueur l’an passé, impose les géants du numérique générant au moins 750 millions d’euros de revenus dans le monde, dont 25 millions en France, à hauteur de 3% de leur chiffre d’affaires réalisé dans l’Hexagone et devait rapporter à l’État français 400 millions d’euros en 2019, puis 650 millions en 2020.
Ironie du sort, le jour où le Parlement français adoptait définitivement la taxe GAFA, le 11 juillet 2019, le Trésor britannique levait le voile sur son projet de loi pour taxer les géants du numérique. Malgré les avertissements du gouvernement américain, le Royaume-Uni va aller au bout de sa démarche. «C’est une taxe proportionnée et qui est délibérément conçue comme une mesure temporaire. Elle disparaîtra une fois qu’il y aura une solution internationale», a cependant tempéré en début d’année Sajid Javid, le ministre britannique des Finances, lors du Forum économique mondial (WEF) de Davos.
La crainte de représailles américaines
La taxe britannique s’inscrit ainsi dans le sillage du chemin emprunté par la France. Et si le gouvernement britannique prend soin de ne pas froisser la Maison Blanche, ce n’est pas par hasard. Et pour cause, dans la foulée de l’adoption du projet de loi porté par Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, les États-Unis avaient ouvert une enquête sur les effets de cette taxe, pouvant déboucher sur des mesures de représailles américaines. Depuis, la tension est quelque peu retombée des deux côtés de l’Atlantique.
En effet, à Davos en février, Paris et Washington ont trouvé un «cadre global commun» sur la taxe numérique française. Bruno Le Maire avait ainsi indiqué que la France était «prête à reporter le paiement des acomptes de sa taxe digitale à décembre 2020» et que les États-Unis étaient disposés à «suspendre les sanctions» évoquées depuis plusieurs mois. «La France n’acceptera ni retrait nu suspension de sa taxe tant qu’il n’y aura pas de solution internationale», a cependant prévenu le ministre de l’Économie.
Un accord à l’OCDE pour parvenir à une taxe mondiale ?
Bruno Le Maire plaide en effet en faveur d’un accord mondial sur la taxation du numérique qui remplacerait la taxe française. Dans ce cadre, un accord mondial au sein de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) est espéré dès cette année. Cependant, face à la multiplication des taxes GAFA dans plusieurs pays, comme la France, l’Autriche, l’Italie ou encore l’Espagne, et les conditions posées par Washington, les négociations s’annoncent particulièrement difficiles.
En cas d’échec des négociations au sein de l’OCDE, l’Union européenne a d’ores et déjà fait savoir qu’elle se chargerait d’instaurer une taxe sur les géants du numérique dans l’ensemble de ses États-membres. Le Royaume-Uni échapperait lui à cette dernière, le pays ayant quitté l’Union européenne le 31 janvier dernier.
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