Coronavirus : CovidIA, une intelligence artificielle pour sortir du confinement ?
Interview de Patrick Joubert, promoteur du projet CovidIA
Alors que la France entame sa quatrième semaine de confinement pour limiter la propagation du coronavirus Covid-19, le gouvernement étudie toutes les possibilités pour permettre aux Français de sortir de chez eux et de retrouver un semblant de vie normale le plus rapidement possible. Si la fin du confinement n’est pas pour demain matin, plusieurs options ont d’ores et déjà été mises sur la table pour y mettre fin.
Parmi les choix possibles, il y a celui de l’intelligence artificielle, préconisée par plusieurs médecins et chercheurs, qui ont décidé d’unir leurs forces au travers d’une initiative baptisée «CovidIA». Dans les promoteurs du projet, on retrouve Patrick Joubert, le fondateur de Beamap, Recast.AI et Ponicode, une intelligence artificielle pour faciliter la vie des développeurs. Nous avons pu échanger avec lui sur les enjeux et les défis autour de cette intelligence artificielle pour mettre en place un déconfinement «intelligent».
Vous pouvez retrouver notre entretien avec Patrick Joubert ici :
Une IA pour éviter la deuxième vague de l’épidémie
Ce projet vise à faire appel à l’intelligence artificielle pour établir une cartographie précise de l’épidémie en France, retraçant sa progression géographique et temporelle, à partir d’un échantillon de tests réalisés sur la base du volontariat, et ainsi procéder à un déconfinement granulaire pour relancer l’activité économique du pays sans prendre de risques sur le plan sanitaire. L’objectif : éviter la deuxième vague tant redoutée de l’épidémie. Le Covid-19 a déjà contaminé plus d’un million de personnes à travers le monde, dont près de 70 000 n’ont pas survécu à son impact sur leur organisme. En France, il y a pour l’heure plus de 90 000 cas confirmés et plus de 8 000 décès à déplorer.
Pour être efficace, cette intelligence artificielle a besoin d’être alimentée par des tests, qu’ils soient PCR (pour savoir si une personne souffre du Covid-19 à l’instant T) ou sérologiques (pour savoir si la personne a été touchée par le virus), et des données émanant de la géolocalisation dans les téléphones mobiles. Dans ce cadre, les experts français à l’origine de cette initiative bénévole proposent que leur démarche soit encadrée par la Cnil, le gendarme français des données personnelles, et les autorités compétentes.
L’usage de l’intelligence artificielle et d’autres technologies est sous le feu des projecteurs depuis le début de l’épidémie, qui a vu le jour en Chine en décembre 2019. De nombreux pays asiatiques, à l’instar de la Chine, de la Corée du Sud ou encore de Singapour, n’ont pas hésité à traquer les portables de leurs citoyens pour suivre à la trace les malades infectés par le Covid-19 et retrouver des personnes qui ont pu les côtoyer, de manière à les isoler pour endiguer l’épidémie. Une approche efficace mais dangereuse pour les libertés individuelles. Elle paraît difficilement déployable en Europe compte tenu de son attachement au respect de la vie privée, comme l’illustre le RGPD qui vise à protéger les données personnelles des citoyens européens.
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