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[Made in océan Indien] Coronavirus: quel impact pour les îles de l’océan Indien?

Par Vincent Pollet, correspondant FrenchWeb

Les îles de l’océan Indien ne sont pas épargnées par le coronavirus: les Seychelles, Madagascar ainsi que l’île de La Réunion souffrent de la pandémie. Rien qu’à l’île Maurice, on compte 244 cas et 7 décès au moment de l’écriture de cet article. Des questions légitimes se posent en cette période complexe et naturellement, on se demande quelles vont être les conséquences pour l’économie entre les mesures de confinement, la fermeture des frontières ainsi que les changements de rythme en matière d’import/export? 

Des millions de roupies de pertes chaque jour pour l’île Maurice

Avec les mesures de confinement et surtout la fermeture des frontières, le secteur touristique prend un sacré coup avec le coronavirus. Concrètement, chaque jour coûte des millions de roupies aux groupes hôteliers, mais également aux restaurateurs et autres acteurs de l’industrie du tourisme. En effet, bien que l’île Maurice ait diversifié son économie, l’hôtellerie reste un de ses piliers. À lui seul, il a rapporté la bagatelle de 64 milliards de roupies (1,6 milliard de dollars américains) en 2018. Quant aux devises étrangères qu’il fait rentrer, elles sont essentielles pour le paiement des biens importés et le rétablissement de la balance des paiements du pays. Plus inquiétant, le tourisme, qui contribue à hauteur de 24 % au Produit intérieur brut, comptabilise 40 000 emplois directs et le double en emplois indirects.

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Quant aux autres acteurs économiques majeurs, par exemple, les usines textiles, une grande partie du contingent soit délocalisée vers la Grande île. En revanche, la matière première, provenant en majorité de Chine, manque à l’appel. L’export souffre également de la fermeture des frontières, notamment de Madagascar vers l’Europe, pour une période d’au moins 30 jours. Bien qu’il soit encore trop tôt pour mesurer les conséquences économiques du coronavirus à l’île Maurice, elles sont déjà suffisamment graves, et ce n’est que le début, car l’économie du pays est portée par d’autres secteurs phares tels que la construction et l’immobilier, la logistique, les services financiers et les TIC.

Aides sociales et salaires indexés pour l’île de La Réunion

Comptant également sur le tourisme, la canne à sucre et le rhum, l’île de La Réunion n’en est toutefois pas complètement dépendante. En effet, son économie repose beaucoup aujourd’hui sur le secteur tertiaire. À cela s’ajoutent son statut de département français, qui lui permet de bénéficier d’aides sociales et les salaires indexés que touchent les fonctionnaires.

Dépendant économiquement de la métropole, l’île de La Réunion sera certainement moins touchée que l’île Maurice d’un point de vue économique. Avec un taux de chômage élevé, la crise sanitaire aura un impact économique moins important, ces secteurs d’activité étant essentiellement liés aux commerces. D’ailleurs, le mardi 7 avril 2020, le préfet, le président du Département et le président de Région ont présenté des mesures économiques destinées à venir en aide aux entreprises: « II s’agit de mettre en place un plan ORSEC pour sauver notre économie » a indiqué le préfet.

Avec le coronavirus, Madagascar s’interroge sur son avenir économique 

Entrepreneurs et travailleurs de tous secteurs s’interrogent sur l’avenir. D’ailleurs, Herilanto Rakotoarisoa, président du Groupement des entreprises franches et de partenaires (GEFP), estime que certaines entreprises franches pourraient mettre la clé sous la porte suite à la fermeture des frontières avec l’Europe. De plus, les mesures de confinement et la fermeture des frontières aériennes ont entrainé une baisse brutale des commandes de produits fabriqués dans les pays de la zone.

La pandémie a forcé les usines de textile à tourner au ralenti et le GEFP a été contraint de mettre des centaines d’employés et 75 de ses propres ressources humaines au chômage technique. En effet, les produits sont importés de l’île Maurice et de Chine. Pour aider le pays, le FMI a décaissé 166 millions de dollars (153,47 millions d’euros) pour contrer les effets du Covid-19 sur l’économie malgache. « La situation budgétaire se détériore également rapidement avec des dépenses de santé et sociales supplémentaires et un manque à gagner important en termes de recettes fiscales », explique le FMI. Une nouvelle facilité de crédit rapide (FCR) aidera le pays à « répondre à ses besoins urgents de balance des paiements résultant du déclenchement de la pandémie de Covid-19 ».

Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint de l’organisation ajoute qu’un « Un soutien financier supplémentaire des autres partenaires au développement au-delà de celui qui avait déjà été décidé avant le déclenchement de cette pandémie est nécessaire pour combler le déficit de balance des paiements résiduels et pour soulager la situation budgétaire ».

Les Seychelles prennent de nouvelles mesures face au coronavirus

Aux Seychelles, de nouvelles mesures sont appliquées pour faire face au coronavirus. S’appuyant sur l’industrie de la pêche et du tourisme, l’île connait un ralentissement important de son activité. Selon une récente enquête, environ 2367 réservations ont été annulées entre le 25 février et le 23 mars, soit un manque à gagner de 3,8 millions de dollars pour l’économie seychelloise. Par effet domino, le secteur de la pêche est touché, celui de l’hôtellerie n’ayant plus besoin d’être approvisionné en poissons. L’absence de devise n’est pas sans conséquence: les Seychelles dépendent grandement des importations, qui fournissent 90 % de ce que l’archipel consomme.

Le gouvernement seychellois est sur les charbons ardents. Il a annoncé le report des paiements d’impôts dus en mars à septembre et encourage la population à consommer les produits de la mer pour soutenir le secteur de la pêcherie.

La zone économique que représente l’océan Indien navigue pour l’heure un peu à l’aveuglette. Devant cette situation inédite, les gouvernements tentent de garder la tête hors de l’eau afin que leurs pays respectifs souffrent le moins possible une fois sorti de la crise du coronavirus.

Notre correspondant :

Vincent Pollet est le co-fondateur d’ICT.io, une plateforme médiatique qui favorise l’innovation, l’esprit d’entreprise, et met l’accent sur les startups dans l’océan Indien.
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