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Comment éviter l’exclusion numérique des seniors pendant la pandémie

AFP

Avant le début du confinement fin mars au Royaume-Uni pour lutter contre la pandémie de coronavirus, Pamela Cox n’avait jamais fait d’achats ou d’opérations bancaires en ligne. Un Zoom, c’était quelque chose qu’elle faisait avec son appareil photo. Maintenant, la retraitée de 73 ans fait partie des nombreux nouveaux convertis de sa génération à l’informatique, pour lutter contre l’isolement pendant le confinement, qui commence tout juste à être assoupli Outre-Manche. Vendredi, pour le 75e anniversaire de la victoire alliée en Europe contre l’Allemagne nazie, le quartier de Mme Cox à Birkenhead, dans le nord de l’Angleterre, a organisé une petite fête, chacun devant sa porte à distance réglementaire, grâce à un groupe sur la messagerie WhatsApp.

« Imaginez il y a quelques années encore, ce confinement aurait été un vrai désastre, mais la technologie d’aujourd’hui est fantastique », s’enthousiasme l’ancienne secrétaire, interrogée par l’AFP au téléphone. « On a appris tant de choses ces dernières semaines », ajoute-t-elle, décrivant un emploi du temps chargé de vidéo-conférences avec ses trois petits-enfants, des messes en ligne, le règlement des factures et les courses par Internet grâce à la page Facebook d’un petit épicier local.

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Lutter contre l’exclusion numérique 

Mme Cox doit son expertise à des cours d’une société de conseil, We Are Digital, qui travaille pour la banque Lloyds afin d’aider ses clients les plus âgés à s’adapter à la banque en ligne. L’entreprise travaille aussi avec le gouvernement pour aider les personnes à bas revenus à accéder à leurs allocations. « L’exclusion numérique est un problème plus criant que jamais », remarque son directeur général Matthew Adam auprès de l’AFP. « Il y a plus de demande pour nos services que jamais, des grandes entreprises aux collectivités locales, et le gouvernement, le Trésor s’inquiètent de personnes vulnérables », ajoute-t-il.

Les entreprises comme We Are Digital promettent de rendre le monde numérique à des personnes âgées qui avaient résisté à la vague des smartphones, applications et services en ligne. L’astuce est de passer par ce qui les intéresse, explique Matthew Adam. « Un monsieur âgé, par exemple, était passionné d’Histoire et voulait en savoir plus sur son service militaire pendant la guerre. On lui a montré comment trouver ce type d’informations ».

Mais plus que tout, le confinement a accéléré l’utilisation des moyens de communications numériques, les plus jeunes ayant souvent montré à leur aînés comment utiliser des logiciels comme Zoom ou Skype pour rester en contact malgré l’éloignement. Isabel Alsina-Reynolds, une réalisatrice de Londres, a incité son grand-père à utiliser son ordinateur pour autre chose que des parties de Scrabble ou ses emails: elle y a installé Zoom, et, après l’avoir désinfecté, l’a déposé à sa maison de retraite avec une série d’instructions sur papier. « On a réussi à faire un appel vidéo avec lui et des membres de ma famille à travers le monde, du Nebraska à l’Inde », ajoute-t-elle. « Ca lui a donné de l’énergie pour la semaine ».

Retour vers le futur 

Si les angles bizarres de caméra, les sons ou connexions hachés font désormais partie de la vie en confinement, la révolution des visioconférences s’inscrit dans un mouvement global vers les services en ligne. Les gouvernements et entreprises mettent en avant depuis longtemps leurs portails numériques pour rationaliser les services, économiser de la main-d’oeuvre et des salaires.

Mais pour les tranches démographiques les plus âgées et les plus désavantagées, accéder à ces services en ligne est souvent très difficile. M. Adam relève que « les cyniques vont sans doute dire que les banques et autres vont en profiter pour accélérer la fermeture de leurs agences » locales. « Mais c’était déjà la direction que prenait le monde avant la pandémie ».

Mme Cox dit toutefois qu’elle préfèrerait pouvoir aller acheter ses fruits et légumes directement chez son maraîcher, et voir sa famille en vrai, mais elle fait valoir que la maîtrise de ces technologies a donné un nouvel élan aux personnes âgées et aux communautés locales. « Avant on ne voyait pas vraiment nos voisins, maintenant on est tous meilleurs amis », ajoute-t-elle, entre les conversations et échanges quotidiens de bons tuyaux sur WhatsApp. « C’est affreux pour les gens qui sont malades ou qui sont morts, mais on est un peu revenus au bon vieux temps ».

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