Wirecard: soupçonnée de fraude, la fintech allemande retire ses résultats trimestriels
AFP
La fintech Wirecard a admis lundi qu’une somme de 1,9 milliard d’euros inscrite au bilan mais que les auditeurs n’avaient pas été en mesure de certifier « n’existe très probablement pas », nourrissant les soupçons de fraude qui ont conduit à la démission de son patron. Le prestataire de paiements, dont le cours de Bourse s’est effondré aux trois quarts en deux jours jeudi et vendredi, a par ailleurs retiré son résultat provisoire 2019 publié en février, le résultat du premier trimestre 2020 et « ne peut pas exclure une révision des résultats des années précédentes ».
Wirecard, entré au Dax en septembre 2018 et désormais au coeur de ce qui devrait être un des plus grands scandales financiers récents, a également retiré sa prévision de résultat 2020 et son objectif 2025 concernant le volume des transactions, le chiffre d’affaires et le résultat opérationnel. Cette annonce fait suite à la démission vendredi du patron et fondateur Markus Braun de Wirecard, jeune entreprise bavaroise fondée en 1999 et qui servait au départ d’intermédiaire dans des paiements en ligne réalisés pour l’industrie du porno et des jeux en ligne.
La veille, Wirecard avait reporté in extremis la présentation du bilan 2019 complet, que les auditeurs ont refusé de certifier. La raison: il leur avait été impossible d’établir avec certitude l’existence de fonds censés se trouver sur des comptes de tiers aux Philippines.
Une « success story » de la finance allemande
Les deux banques mises en cause ont refuté tout lien commercial avec Wirecard et la banque centrale des Philippines a expliqué dimanche que « les fonds manquants ne sont pas entrés dans le système financier ». « Le directoire part du principe » que la description des activités réalisées à travers ces comptes tiers « n’est pas exacte » et « continue de vérifier si ces opérations ont réellement été menées » pour Wirecard, indique la fintech dans le communiqué lundi.
Le groupe, devenu en quelques années un prestataire international employant près de 6 000 salariés et représentant jusqu’ici une « success story » de la finance allemande, traverse des turbulences depuis début 2019 et une série d’articles du Financial Times alléguant d’irrégularités comptables dans ses opérations en Asie. Wirecard tente désormais d’établir une « stratégie de financement durable » et « négocie avec ses banques prêteuses » qui pourraient lui retirer des lignes des crédits.
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