Repris par les quotidiens, Presstalis devient France Messagerie
AFP
Une page se tourne pour Presstalis qui devient France Messagerie : le tribunal de commerce de Paris a validé mercredi l’offre des journaux quotidiens pour la reprise de l’ex-géant de la distribution de la presse, en dépôt de bilan. La société qui achemine dans 22 000 points de vente les quotidiens et de nombreux magazines devra remettre le système sur pied et retrouver la confiance des éditeurs. Après d’énièmes difficultés financières, plombée par la baisse des ventes de journaux et des investissements malheureux, Presstalis avait été placée en redressement judiciaire mi-mai.
Mais ses filiales en régions avaient été liquidées, avec pour conséquence le licenciement de plus de 600 salariés sur 917. Les quotidiens ont mené de longues tractations avec les magazines, actionnaires majoritaires de Presstalis, pour reprendre ensemble le géant. Mais plusieurs groupes de presse ne voulaient plus participer à ce système, qu’ils accusaient d’être trop cher, opaque et mal dirigé. Ils sont passés à la concurrence, chez les MLP, qui revendiquent désormais gérer la majorité des flux de presse en France. Les quotidiens ont fini par déposer une offre unique, avec le soutien de quelques grands groupes de magazines.
Et surtout un large accompagnement de l’Etat, qui a assuré son soutien à hauteur de quasi 200 millions d’euros. Louis Dreyfus, président de la coopérative des quotidiens et donc de France Messagerie, s’est réjoui dans un communiqué de la décision du tribunal. « La priorité de France Messagerie, forte de plus de 250 salariés, est désormais de construire des relations de confiance, transparentes et durables, avec l’ensemble des acteurs de la filière », souligne celui qui est également président du directoire du Monde.
Retrouver la confiance
« La cessation de paiement de Presstalis a laissé nombre d’éditeurs en situation de fragilité, a appauvri le réseau de diffuseurs et a meurtri le corps social après les nécessaires réductions d’effectifs et la liquidation de certaines entités du groupe », poursuit Louis Dreyfus. « Dès demain, France Messagerie devra travailler sans relâche pour pérenniser son modèle économique et offrir aux éditeurs une prestation de qualité tout en garantissant aux éditeurs leurs flux financiers », ajoute-t-il.
De nombreux éditeurs ont perdu les ventes de plusieurs mois, soit une centaine de millions d’euros, bloqués par Presstalis et engloutis dans la faillite. Ils ont aussi été collectivement poussés à verser une contribution exceptionnelle, à hauteur de 2,25% de leurs ventes, pour aider le distributeur à se redresser. Un de leurs syndicats, le SAEP, a refusé de « contribuer » à « financer la startup d’une poignée de milliardaires », et a déposé un recours contre cette contribution, qui doit être examiné jeudi par le tribunal de commerce de Vienne. Opérationnelle dès mercredi, France Messagerie est dirigée comme Presstalis par Cédric Dugardin, un ancien de Conforama nommé en février pour redresser le géant.
Le distributeur qui était présent sur la moitié du territoire conserve deux sites: Bobigny (Seine-Saint-Denis), dédié aux quotidiens, à l’étranger et à la distribution parisienne, et le centre logistique de Bonneuil (Val-de-Marne). La faillite de Presstalis avait provoqué de grosses difficultés de distribution dans plusieurs régions françaises. La livraison des journaux a repris mercredi à Lyon, tandis qu’à Marseille une solution est encore en cours de négociation, selon le syndicat du Livre-CGT. Les anciens salariés veulent reprendre la distribution à travers une société coopérative. « Avec les organisations syndicales, France Messagerie poursuivra les discussions en cours afin de lever les derniers blocages », a assuré Louis Dreyfus.
Cette nouvelle messagerie est-elle viable sur le long terme? « Le plan que nous déployons est complexe, coûteux, douloureux mais indispensable. Il permet d’envisager l’avenir (…) en attendant l’ouverture de la concurrence en 2023 », avait précisé Cédric Dugardin début juin, indiquant son intention d’adosser à terme le nouveau Presstalis à un groupe de logistique, comme Geodis ou La Poste. Les MLP se sont également dites prêtes à « toutes les collaborations possibles, dès qu’elles sont dans l’intérêt du réseau », selon leur président José Ferreira. Il refuse cependant toute « fusion ou absorption », une solution longtemps évoquée pour sauver le système de distribution de la presse.
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