Recyclage: quel rôle pour l’intelligence artificielle?
AFP
La quantité croissante d’emballages plastiques à recycler, liée à l’extension de la collecte des déchets ménagers, impose de renforcer les systèmes de tri avec des technologies innovantes, comme le recours à l’intelligence artificielle. « Si l’on veut recycler davantage, on a un besoin d’affiner le tri, qui est sans commune mesure avec ce qu’on faisait avant », résume Antoine Robichon, directeur adjoint de Citeo, l’éco-organisme en charge des déchets ménagers.
L’heure tourne: en France, les pouvoirs publics ont rappelé mardi l’objectif de tendre vers 100% de recyclage des plastiques à usage unique en 2025. Or seulement 27% des emballages plastiques sont recyclés actuellement, selon le ministère de la Transition écologique. Le taux monte à 61% pour la partie bouteilles et flacons. L’extension des consignes de tri se poursuit: la moitié de la population est aujourd’hui concernée et ce sera la totalité en principe fin 2022, soit 100 milliards d’emballages chaque année, triés par 30 millions de foyers. Mais « pour les nouvelles technologies de recyclage, tout ce qui est chimique notamment, il faut une qualité assez fine » de la matière donnée aux recycleurs, explique M. Robichon.
Attirer les industriels
Les centres de tri doivent en effet répondre au cahier des charges des recycleurs qui veulent des plastiques bien triés par types de résine et sans impuretés (pas de restes alimentaires ou d’autres matières). « Il faut encore affiner » et « en tout cas pour une partie du flux plastique, trier en deux étapes » avec un système de « surtri », poursuit-il. Citeo a donc décidé de lancer des centres de tri spécifiquement dédiés au « surtri », dont les premiers doivent être « opérationnels en 2023 », précise Eric Fromont, directeur de projets Collecte et Tri chez Citeo. « On n’avait pas assez de matière pour attirer les industriels (…) Maintenant on va y aller ».
Le centre de tri de Mende (Lozère), géré par la société Environnement Massif Central (EMC), avait été pionnier il y a plusieurs années en créant une ligne de surtri des déchets plastiques ménagers, pour produire du polyéthylène et du polypropylène recyclés. « Aujourd’hui, la technologie est là, mais il y a encore beaucoup de progrès à faire », observe Olivier Dalle, directeur d’EMC. « On est à 70-75% d’efficacité, il faudrait qu’on monte à 85-90% ».
IA et contrôle en continu
Le recours à l’intelligence artificielle (IA) fait partie des innovations sélectionnées en février par Citeo. Ainsi le projet OMNI, mené par Valorplast en partenariat avec Total et la start-up Recyclye, utilise l’intelligence artificielle pour différencier les plastiques alimentaires et non alimentaires, un élément clé du tri pour optimiser le recyclage circulaire de ces produits. Un autre projet, Qualixo, de la start-up Lixo, vise à mesurer la qualité du tri en continu sur la chaîne de tri, dès l’entrée des lots collectés jusqu’à la composition en sortie, alors que le contrôle se fait d’habitude par échantillons. Le système permet, avec une petite caméra, de caractériser les différents types de plastiques par leur forme. Les images sont traitées en continu, alimentant des algorithmes de reconnaissance, et les données sur la composition du flux de déchets sont envoyées aux opérateurs.
« On apporte un tableau de bord sur lequel toutes ces informations sont enregistrées avec des graphes donnant le débit, la composition et des alertes s’il y a un objet dangereux », explique Marjorie Darcet, directrice générale de Lixo. « Le tri par reconnaissance d’image est pertinent, mais ça ne remplacera pas 100% des machines dans les centres de tri », reconnaît-elle. Mais d’ores et déjà plusieurs centres de tri l’installent et une version est testée directement sur les camions-benne de collecte des déchets pour en analyser le contenu avant le centre de tri.
Le contrôle de qualité en continu en sortie du centre de tri grâce à l’IA est aussi au centre du projet Autodiag mené par Suez, également choisi par Citeo. Plus largement, « à chaque maillon de la chaîne, il y a des optimisations possibles », observe Alban Cotard, responsable commercial, qualité et développement chez Valorplast, expert du recyclage des plastiques. « Les fournisseurs d’équipements vont améliorer leurs programmes de détection à chaque fois qu’il y aura de nouveaux emballages » mis sur le marché, mais « le geste du citoyen est très important » au départ pour préparer la collecte des déchets, souligne-t-il.
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