Retail: les startups françaises ont déjà levé plus d’un milliard d’euros en 2021
Si la réouverture des commerces peut attirer les foules, désireuses de retrouver une expérience en magasin (échanges avec le commerçant, cabines d’essayage, moyens de paiement, etc.), le marché français de l’e-commerce a encore de beaux jours devant lui. Le changement qu’a opéré la pandémie sur le secteur du retail semble en effet pouvoir perdurer au-delà de la crise.
En France, les ventes en ligne ont accéléré en 2020, atteignant les 112 milliards d’euros, soit une hausse de 8,5% sur un an selon la Fevad (la Fédération du e-commerce et de la vente à distance). Une croissance due à la digitalisation du retail. En effet, l’e-commerce ne représentait que 9,8% du commerce de détail en 2019 contre 13,4% en 2020, selon la fédération. Une montée en puissance qui semble se confirmer encore aujourd’hui puisque, depuis janvier 2021, les startups françaises dans le retail et l’e-commerce ont déjà levé 1,033 milliard d’euros.
L’e-commerce, un marché très dynamique sur la création de startups
Si le marché français est dominé par des acteurs étrangers à l’instar d’Amazon, cela n’a pas empêché de nouveaux acteurs locaux d’émerger, comme la startup Cajoo, qui a levé 6 millions d’euros pour sa plateforme innovante de livraison de courses à la demande. Un secteur en accélération sur lequel Cajoo ambitionne de se faire une place de choix grâce à sa proposition qui le démarque d’acteurs plus traditionnels: pour livrer le plus vite possible ses clients, il mise en effet sur des «dark stores», des entrepôts urbains dédiés au stockage de produits et à la préparation de commandes prises en charge sur place par des coursiers.
En 2020, alors que la crise était à son paroxysme, d’autres startups ont vu le jour à l’instar de Polar Analytics, qui a levé 1,2 million d’euros auprès de Frst et Kima, afin d’analyser des données pour les e-commerçants. Elle développe une plateforme centralisant les actions des équipes marketing pour analyser les données e-commerce. S’adressant aux marques indépendantes, cette solution leur permet d’obtenir des analyses de données au sein de tous leurs canaux, plateformes et pays depuis une seule interface.
Les acteurs de la seconde-main accélèrent le développement du marché
D’autres, plus ancrés dans le secteur, ont également su tirer leur épingle du jeu comme Back Market, le spécialiste de la vente de produits électroniques reconditionnés, qui vient de récolter 276 millions d’euros, ou encore Vestiaire Collective, spécialiste de la vente en ligne de vêtements de luxe d’occasion. Leur modèle répond en effet à une nouvelle attente des consommateurs, plus alertes en matière de développement durable.
Vestiaire Collective, valorisé à plus d’un milliard d’euros, occupe une place importante sur le marché européen de la seconde-main actuellement dominé par des acteurs comme Vinted, qui a levé 250 millions d’euros en mai dernier, portant sa valorisation à 3,5 milliards d’euros. Plus récemment, Etsy a racheté l’application britannique Depop, spécialisée dans la vente d’articles de modes de seconde main, pour 1,62 milliard de dollars afin d’attirer les jeunes consommateurs qui cherchent une mode diverse et responsable d’un point de vue environnemental.
Une montée en puissance des solutions pour les retailers
Hormis l’accélération des plateformes d’e-commerce, une montée en puissance des solutions pour les retailers. On peut citer des solutions logicielles pour lancer sa marketplace comme celle de Wizaplace ou de Mirakl, ou encore comme chez Contentsquare, une solution qui récolte des données sur le comportement des consommateurs dans le but d’aider les marques à comprendre comment les utilisateurs interagissent avec leurs plateformes. Sur ce secteur, on retrouve la startup Polar Analytics, qui centralise les actions des équipes marketing analysant les données e-commerce.
Sur le plan logistique, notamment celui de la gestion des stocks qui a été un véritable enjeu pendant la crise sanitaire, des startups ont considérablement accéléré leur développement à l’instar de Cubyn, à l’origine d’une solution permettant aux retailers d’externaliser leur logistique tout en gardant leur stock, ou encore Stockly, qui a développé une solution de mutualisation des stocks permettant d’éviter d’éventuelles ruptures de stocks. Côté transport, la plateforme parisienne de suivi en temps réel du transport routier de marchandises Shippeo a tapé dans l’oeil de Battery Ventures en levant 32 millions d’euros en janvier dernier.
Les réseaux sociaux veulent eux-aussi profiter de l’essor du e-commerce
Parmi les changements notables et durables qu’a apporté la crise, l’accélération des réseaux sociaux dans la vente en ligne en fait partie. Ils ont pu représenter des canaux de diffusion essentiels pour les commerçants et profiter du contexte pour accroître leur force de frappe. On parle alors de « social shopping » (ou commerce social). En effet, 38% des 18-34 ans ont déjà acheté un produit via un réseau social selon l’institut YouGov France, avec en tête Facebook (76%), suivi d’Instagram (23%) et de Snapchat (11%).
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On a assisté à l’émergence de nouveaux usages, favorables aux retailers. Ce phénomène, apparu sur le marché chinois, pourrait porter les ventes à 242,41 milliards de dollars, soit 11,6% des ventes totales du e-commerce dans le pays cette année, selon eMarketer. En 2020, 87% des entreprises leaders dans le commerce social en Chine ont déclaré avoir vu les ventes en ligne augmenter, 58% des acheteurs indiquant que plus d’un quart de tous leurs achats en ligne sont d’une manière ou d’une autre influencés par les réseaux, indique l’étude Shopper Experience Index (SEI) de Bazaarvoice. En France, 31% des acheteurs déclarent avoir fait un achat sur ce canal selon YouGov France.
En tête de file, Facebook, qui a poussé les ventes en ligne sur Instagram et sa plateforme Marketplace, s’attaque désormais à WhatsApp, sa messagerie qui compte plus de deux milliards d’utilisateurs dans le monde. Mark Zuckerberg a en effet annoncé en début de semaine, à l’occasion d’une conférence audio, trois mises à jour de ses plateformes dans l’e-commerce, à commencer par l’arrivée de son service « Shops » sur WhatsApp et sur Facebook Marketplace. Lancé en 2020 en plein confinement, Facebook Shops, qui permet aux marques d’ouvrir gratuitement une boutique en ligne, compte déjà un million de commerces en ligne. Lors de cette conférence, le PDG du réseau social a annoncé le lancement de Shops Ads, un ensemble de solutions publicitaires visant à aider les entreprises à personnaliser le parcours d’achat, ainsi que d’Instagram Visual Search, une fonctionnalité de recherche visuelle basée sur l’IA.
Les levées de fonds
Ce récapitulatif comprend les levées des fonds françaises de plus de 300 000 euros réalisées en 2021 dans le retail et l’e-commerce.
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Contentsquare : 408 millions d’euros
Contentsquare est à l’origine d’une solution récoltant des données sur le comportement des consommateurs dans le but d’aider les marques à comprendre comment les utilisateurs interagissent avec leurs plateformes.
Investisseurs: SoftBank, Eurazeo, Bpifrance, KKR, BlackRock…
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Back Market : 276 millions d’euros
Back Market développe une marketplace de produits électroniques reconditionnés (smartphones, ordinateurs, télévisions, produits électroménagers…).
Investisseurs: Generation Investment Management General Atlantic Daphni Aglaé Ventures Eurazeo Goldman Sachs.
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Vestiaire Collective : 178 millions d’euros
Vestiaire Collective est un site e-commerce spécialisé dans la vente de vêtements et d’accessoires de luxe et de mode d’occasion.
Investisseurs: Kering Tiger Global Management Bpifrance Conde Nast International Eurazeo Growth Idinvest Partners Fidelity International Korelya Capital Luxury Tech Fund Vitruvian Partners Auriga Partners.
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Ankorstore : 84 millions d’euros
Ankorstore est une marketplace B2B pour faciliter les échanges entre les marques et les petits commerçants.
Investisseurs: Tiger Global Bain Capital Ventures Index Ventures Global Founders Capital Alven Aglaé Ventures.
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Cubyn : 35 millions d’euros
Cubyn propose une solution aux e-commerçants, leur permettant d’externaliser leur logistique tout en gardant leur stock.
Investisseurs: Eurazeo, Bpifrance via son fonds Large Venture, First Bridge Ventures, Fuse Venture Partners, DN Capital, 360 Capital, BNP Paribas Développement.
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Shippeo : 32 millions d’euros
Shippeo développe une plateforme de suivi en temps réel du transport routier de marchandises.
Investisseurs: Battery Ventures (N26, Coinbase, Groupon, Dataiku…), Partech, NGP Capital, ETF Partners et Bpifrance Digital Venture.
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Wethenew : 10 millions d’euros
Wethenew développe une marketplace de revente de sneakers.
Investisseurs: Singular Capital Partners, business angels.
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Cajoo : 6 millions d’euros
Cajoo est une startup spécialisée dans la livraison de courses à la demande. Elle veut développer un réseau de «mini-entrepôts» dans les villes pour optimiser le temps de livraison.
Investisseurs: Frst, XAnge.
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Stockly: 5,1 millions d’euros
Stockly a développé une solution de mutualisation de stocks qui permet d’éviter d’éventuelles ruptures de stocks.
Investisseurs: Idinvest Partners Daphni business angels.
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Upciti : 2,9 millions d’euros
Basé à Montreuil, Upciti est un fournisseur de données précises et localisées en temps réel pour les Smart Cities et Smart Retailers.
Investisseurs: Innovacom NCI Waterstart Demeter.
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Onepilot : 2,5 millions d’euros
Onepilot développe une solution d’externalisation du support client.
Investisseurs: Global Founders Capital, Fabian Siegel, Kima Ventures, et plusieurs business angels, à l’image de Roxanne Varza (Station F), Thomas Rebaud (Meero), Fredrik Hjelm (Voi) ou encore Baptiste Corval (Phenix).
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Potions : 1,3 million d’euros
Potions mise sur les bases de données des navigateurs plutôt que sur les cookies pour stocker, analyser, enrichir et activer les données de navigation en local.
Investisseurs: Side Capital, Crédit Agricole, la Région Normandie et Bpifrance.
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Polar Analytics : 1,2 million d’euros
Polar Analytics est spécialisé dans l’analyse des données pour les e-commerçants.
Investisseurs: Frst, Kima Ventures, business angels.
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Mon Super Voisin : 1 million d’euros
Mon Super Voisin offre aux retailers une solution pour gérer leur service clientèle.
Investisseurs: business angels.
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Sensaterra : 1 million d’euros
Sensaterra développe une marketplace sur laquelle se vendent et s’achètent des boissons chaudes (cafés, thés, tisanes ou chocolats) et des équipements à destination d’artisans indépendants.
Investisseurs: business angels.
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Smart Sailors : 700 000 euros
Smart Sailors développe une solution de gestion de la maintenance des navires.
Investisseurs: Région Sud Investissement, CMA-CGM, Alumni Business Angels, Provence Business Angels.
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Save Market : 600 000 euros
Save Market rachète des équipements informatiques B2B pour les revendre ou les recycler.
Investisseurs: Tomcat Invest, Daphni.
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Falco (Wattson Elements) : 600 000 euros
Falco Réservation fournit des solutions de gestion des bateaux pour les marinas et les ports et développe une marketplace de services portuaires, activités de loisirs etc.
Investisseurs: BADGE, Aube Management, Mer Angels, business angels.
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