Voitures électriques: en France, une giga-usine de batteries sino-japonaise pour Renault
AFP
Deux milliards d’euros d’investissement, 1 000 emplois créées d’ici 2024: Emmanuel Macron doit formellement annoncer lundi dans le Nord l’implantation d’une usine sino-japonaise de batteries pour voitures électriques, la présentant comme un symbole de l’attractivité française. AESC, filiale japonaise de batteries du groupe chinois de technologies vertes Envision, fabriquera des batteries près de l’usine Renault de Douai (Nord), pour les gammes compactes du Losange et pour d’autres marques.
Cette future giga-usine est seulement la seconde annoncée en France après celle de Stellantis (le groupe né du mariage de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler) et de TotalEnergies à Douvrin (Nord). L’usine Envision sera également la pièce maîtresse du pôle « ElectriCity » que Renault va lancer dans le Nord. Les batteries, ajoutées à l’assemblage de la Mégane et de la R5 électriques, doivent donner un nouveau souffle aux usines de Douai, Maubeuge et Ruitz. « De par sa localisation au centre de l’Europe, le nord de la France a le potentiel de devenir un centre mondial de premier plan pour la production de batteries et également en raison du prix très compétitif » de l’énergie nucléaire, dit à l’AFP Lei Zhang, le PDG d’Envision.
Le Losange a également annoncé avoir signé un protocole d’accord en vue de devenir actionnaire à hauteur de « plus de 20% » de la start-up grenobloise Verkor, qui cherche à implanter une troisième usine de batteries en France d’ici 2024. Déjà soutenue par Schneider Electric et Capgemini, la startup composée notamment d’anciens de Tesla et de Northvolt vise une production de 40 à 50 GWh d’ici à 2030. Renault va travailler avec Verkor sur le codéveloppemment et la fabrication d’une batterie haute performance pour ses véhicules haut de gamme.
L’attractivité tricolore
En visitant l’usine Renault de Douai lundi, Emmanuel Macron souhaite « illustrer l’attractivité de la France dans le secteur industriel, sur des segments d’avenir, et ses retombées pour les territoires, en particulier en matière d’emplois », souligne l’Elysée. Les projets de Renault et d’Envision devraient recevoir au total environ 200 millions d’aides publiques, entre Etat et collectivités, selon l’Elysée, et entre 60 et 100 millions de fonds européens, selon le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand. Avec l’électrification éclair du marché automobile, les pays européens se battent pour accueillir ces usines de batteries qui devraient remplacer à moyen terme une partie des usines d’automobiles. L’Allemagne, le Royaume-Uni et la Norvège ont quelques usines d’avance.
Dans la foulée de sa visite à Douai, le chef de l’Etat se rendra lundi au sommet « Choose France », qui réunira à Versailles plus d’une centaine de dirigeants d’entreprises étrangères. L’objectif est de faire le « portrait d’une France plus compétitive et innovatrice que jamais », argue-t-on au ministère du Commerce extérieur, en rappelant que le pays est resté en 2020 pour la deuxième année consécutive le plus attractif pour les investisseurs étrangers en Europe, selon le baromètre du cabinet EY publié début juin.
Renault face à la transition
Pour Renault, l’implantation d’Envision est stratégique au moment où le marché automobile se convertit à l’électrique, face au spectre d’une interdiction prochaine des moteurs à essence en Europe. Volkswagen a investi dans le pionnier suédois Northvolt et prévoit de construire cinq autres usines. Stellantis doit préciser son plan début juillet. Avec cette usine, Renault est le troisième constructeur le mieux placé dans la transition vers l’électrique, derrière Volvo et Volkswagen, selon l’ONG Transport & Environnement.
Le groupe compte fabriquer 500 000 véhicules dans son ElectriCity, soit un sixième de sa production de l’année 2020. L’implantation de l’usine d’Envision et le partenariat avec Verkor doivent générer près de 4.500 emplois directs en France d’ici 2030. Le projet a été approuvé début juin par tous les syndicats du constructeur, même si certains redoutent que tous les salariés ne se retrouvent pas dans le nouveau pôle.
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