A la rencontre d’Olivier Poitrey, Director of Engineering pour Netflix, basé en Californie
Suite de notre série sur les Français qui séduisent les grandes entreprises Tech à l’étranger avec Olivier Poitrey, Director of Engineering pour Netflix, dont nous vous proposons de découvrir le parcours.
Olivier Poitrey est connu, entre autres, pour avoir fondé Dailymotion avec Benjamin Bejbaum en 2005. Le monde d’Internet et des systèmes d’informations, ce diplômé en graphisme le découvre lors de son emploi d’étudiant les week-ends au service client de Club Internet à partir de 1996. «J’aidais les personnes qui n’arrivaient pas à se connecter à Internet», se souvient-il. Il s’intéresse alors au développement web et à la fin de ses études décroche un emploi au sein de l’hébergeur Digiweb. A la suite de différentes expériences, notamment au sein de Lycos Europe comme System Architect, il lance Dailymotion.
Ne pas avoir une vision de la Silicon Valley que depuis une entreprise française
Après le rachat de Dailymotion par Orange, il s’installe en 2013 à Palo Alto avec une partie de l’exécutif afin de créer des équipes locales aux Etats-Unis. «Le recrutement dans la Silicon Valley était très difficile, surtout quand on était une startup ou une entreprise étrangère qui n’avait pas un nom local. Dailymotion aux Etats-Unis, personne ne connaissait», se souvient-il. Finalement, lorsque Dailymotion passe entre les mains de Vivendi en 2016, le groupe décide de fermer ces bureaux.
Alors que son aventure avec Dailymotion se termine, Olivier Poitrey hésite à rentrer en France où il peut avoir des opportunités. «Mais cela aurait signifié que je n’aurais eu qu’une vision de la Silicon Valley depuis une entreprise française», explique-t-il. Via un ancien de chez Dailymotion qui a intégré Netflix, l’entreprise de streaming américaine entend qu’Olivier Poitrey est disponible. Elle est intéressée par son profil. Après avoir passer des entretiens, la société de Reed Hastings confirme qu’elle veut l’embaucher.
En 2016, il rejoint donc l’entreprise comme Director of Engineering. «Attention, cela ne veut pas dire la même chose qu’en France. Plusieurs personnes occupent ce poste chez Netflix. L’intitulé peut donner l’impression qu’il s’agit d’un rôle de CTO. Ce n’est pas le cas. Je suis directeur d’une équipe. J’ai rejoint l’entreprise pour créer un nouveau projet. Une sorte de startup à l’intérieur, c’est ce qui m’a intéressé», explique Olivier Poitrey.
«Je me suis retrouvé à avoir quasiment plus de liberté que quand j’étais CTO de ma propre boîte»
Car s’il a trouvé sa place chez Netflix, ce retour au salariat n’était pourtant pas une évidence. «C’est un des points qui me faisaient le plus peur. Mais ce qui transparaissait de la culture de Netflix- et cela s’est confirmé une fois que je l’ai intégrée- est que l’entreprise donne énormément de responsabilités et de liberté aux employés », développe Olivier Poitrey. «Il n’existe pas d’échelon sur qui a accès à toutes les données. C’est une entreprise qui est fondée sur le partage du contexte afin que tout le monde puisse prendre des décisions éclairées et en confiance».
«Et en fait, je me suis retrouvé à avoir quasiment plus de liberté que quand j’étais CTO de ma propre boîte», observe-t-il.
« Aujourd’hui, je pense que c’est de plus en plus le cas. De plus en plus de sociétés, de startups, essayent de reproduire ce modèle un peu à la Netflix, à la Facebook, en s’imprégnant de ces techniques de management et de culture d’entreprise.
Je pense par exemple à un ami qui travaille au sein de la startup française Alan. Elle met cette culture en place, à sa façon. Il y a énormément de transparence, de responsabilités données aux gens et une structure assez plate.
C’est donc possible. Il faut juste le vouloir et le mettre en place. C’est sûr que cela est plus facile dans une startup, où il est possible de mettre en place cette culture dès le démarrage, plutôt que dans une entreprise où cela implique d’opérer un virage à 360 degrés.
En tout cas, cela demande dès les recrutements de choisir des personnes qui sont en adéquation avec cette culture, qui sont prêtes à assumer les bons et les mauvais côtés. Car il n’y a pas que des avantages, il existe aussi des inconvénients. Cela implique par exemple d’avoir beaucoup de responsabilités… Il faut y être adapté. Chez Netflix, par exemple, 50% des critères lors du recrutement correspondent au ‘culture fit’. Car cette culture doit faire partie de l’ADN de la boîte afin d’être perpétuée par tous les maillons de l’entreprise. »
Créer le « Cloudfare interne » de Netflix
Sur quoi Olivier Poitrey travaille-t-il exactement aujourd’hui? «J’ai tendance à dire qu’avec mon équipe nous créons le Cloudfare interne de Netflix. Nous mesurons et accélérons les échanges dynamiques d’API entre les applications et le cloud. Je travaille sur Open Connect, le CDN [Content Delivery Network, Ndlr] de Netflix. Les échanges dynamiques -il s’agit de toute la partie avec les recommandations, etc., avant de lire une vidéo- ne se font normalement pas sur le CDN mais sur AWS qui est utilisé pour toute cette partie-là. Nous, nous utilisons la puissance du CDN pour accélérer ces échanges dans le monde entier avec les data centers d’AWS».
Le parcours d’Olivier Poitrey en 7 dates clés 1995: Diplômé en graphisme au sein de l’école de l’image Gobelins. 1996: fait son entrée dans la Tech chez Club Internet comme Tech Support. 2003: Il occupe le poste de System Architect pour Lycos Europe. 2005: Fonde Dailymotion avec Benjamin Bejbaum. 2013: Après le rachat de Dailymotion par Orange, il s’installe à Palo Alto pour développer des équipes locales. 2016: A la suite de la reprise de Dailymotion par Vivendi, les bureaux aux Etats-Unis sont fermés. 2016: Olivier Poitrey rejoint Netflix comme Director of Engineering à Los Gatos (Californie).
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