Internet spatial : Ariane 6 décroche un contrat géant avec Amazon
AFP
Des milliers de satellites pour l’internet haut débit à mettre sur orbite en cinq ans: c’est à un festin spatial qu’Amazon a convié mardi trois sociétés de lancement, dont Arianespace qui voit ainsi presque tripler son carnet de commandes pour Ariane 6. Le mastodonte américain du commerce en ligne, diversifié dans les services informatiques, a officialisé mardi matin « la signature d’accords avec Arianespace, Blue Origin et United Launch Alliance (ULA) pour la fourniture de services de lancement de charges lourdes dans le cadre du projet Kuiper, l’initiative d’Amazon visant à accroître l’accès mondial au haut débit grâce à une constellation de satellites en orbite terrestre basse », à environ 600 km d’altitude.
« Les contrats prévoient jusqu’à 83 lancements sur une période de cinq ans, permettant à Amazon de déployer la majorité de sa constellation de 3 236 satellites », a précisé l’entreprise dans un communiqué, en revendiquant « la plus grande acquisition commerciale de lanceurs de l’histoire ». C’est ULA qui a décroché la plus grosse part des contrats, avec 38 lancements. Cette co-entreprise entre les géants américains Boeing et Lockheed Martin, qui opère depuis Cap Canaveral en Floride (sud-est), va investir pour disposer d’une deuxième plateforme sur ce site emblématique de l’histoire spatiale et qui permettra des « opérations à cadence élevée » pour son lanceur lourd Vulcan Centaur.
De son côté, Blue Origin, qui comme Amazon a été fondée par le milliardaire Jeff Bezos, s’est vu attribuer 37 lancements, dont 15 en option pour son lanceur géant New Glenn. Mais Blue Origin va aussi bénéficier du volet ULA du contrat puisqu’il construit les moteurs des Vulcan Centaur. Seul acteur non-américain dans ces accords, Arianespace, chargé de la commercialisation des lanceurs européens, se voit confier 18 tirs, « un grand moment dans l’histoire » de la société, a commenté son président exécutif, Stéphane Israël, cité dans le communiqué. Ils seront effectués par Ariane 6, le nouveau lanceur fabriqué comme Ariane 5 aux Mureaux en région parisienne, et qui doit effectuer son premier tir de qualification à la fin de l’année depuis le centre spatial de Kourou en Guyane.
Concurrence affûtée
Le contrat triple presque le carnet de commandes d’Ariane 6, qui était jusqu’ici de 11 tirs. « Pour nous 18, c’était le bon chiffre, à la fois on voulait quelque chose d’absolument massif et ça l’est, c’est de loin le contrat le plus important que nous ayons jamais signé, et en même temps on voulait évidemment tenir nos engagements et garder de la disponibilité pour d’autres clients », outre les quatre lancements annuels destinés aux institutions européennes, a expliqué M. Israël à l’AFP à Colorado Springs (Colorado, ouest) en marge d’un congrès réunissant les grands acteurs du secteur spatial.
Ni le montant du contrat, ni le début de sa mise en oeuvre n’ont été précisés par Amazon ou Arianespace. Mais M. Israël a dit s’attendre à « six (tirs) par an sur trois ans ». Chaque Ariane 6 emportera environ 35 satellites Kuiper. Amazon avait déjà dit investir « plus de 10 milliards de dollars » dans le projet, un montant à comparer aux 14,3 milliards de dollars de bénéfice net que le colosse de la vente sur internet a engrangé pour le seul quatrième trimestre 2021. L’entreprise veut ainsi « fournir un haut débit à faible latence à un large éventail de clients, comprenant les foyers individuels, les écoles, les hôpitaux, les entreprises, les organismes gouvernementaux, les équipes de secours, les opérateurs mobiles et d’autres organisations travaillant dans des endroits dépourvus de connexion internet fiable« .
Kuiper s’appuiera, outre sur le service d’informatique dématérialisée (« cloud ») Amazon Web Services (AWS), sur « l’expérience d’Amazon dans la production d’appareils et de services à faible coût, tels que Echo et Kindle, afin de fournir un service à un prix abordable et accessible pour les clients », a promis la firme basée à Seattle dans le nord-ouest des Etats-Unis. Aussi énorme qu’il soit, le projet d’internet haut débit par satellite d’Amazon n’est pas le premier. Le milliardaire Elon Musk, rival de M. Bezos, est en train de déployer son réseau Starlink, qui revendique plus de 100 000 abonnés. La société britannique OneWeb, reprise après une faillite, a déjà envoyé quelque 428 des 648 satellites prévus pour son propre service.
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