Ubisoft, une saga française au coeur de toutes les convoitises
avec l'AFP
Ubisoft, entreprise française fondée en 1986 par la fratrie Guillemot, est devenu un géant du jeu vidéo, présent dans une cinquantaine de pays dans le monde, au coeur des convoitises des plus grandes entreprises mondiales du divertissement. Retour sur cette saga en 5 grandes dates:
1986: naissance en Bretagne
La saga Ubisoft est d’abord l’histoire d’une fratrie, celle des cinq frères Guillemot, issus d’une famille de revendeurs de machines agricoles à Carantoir, en Bretagne.
Ils lancent en 1986 une entreprise revendant des jeux vidéo importés, laquelle devient rapidement un studio indépendant de création: Ubisoft.
En plus de trois décennies, la petite entreprise est devenue l’un des principaux studios indépendants mondiaux et le fer de lance de la production vidéoludique en France, avec un chiffre d’affaires de 2,125 milliards d’euros sur son exercice 2021-2022.
1995: la sensation « Rayman »
En 1994-1995, Ubisoft monte ses premiers studios de création en France et en Roumanie. C’est à cette époque que la société lance l’un de ses jeux vedette, « Rayman », sous la houlette du créateur Michel Ancel.
Petit personnage sans bras ni jambes, Rayman fait sensation, au point de devenir l’un des jeux français les plus vendus au monde avec plusieurs millions d’exemplaires écoulés.
Le début d’une ascension permise ensuite notamment par la création et l’exploitation de franchises largement identifiées par le grand public: « Les Lapins Crétins », « Assassin’s Creed », »Far Cry », « Just Dance », « Rainbow Six » ou « Prince of Persia ».
Pour s’affranchir un peu du caractère très cyclique des revenus tirés des jeux, Ubisoft s’est aussi lancé dans une stratégie de diversification, passant par la déclinaison de certains de ses jeux en films et séries.
2015: l’assaut de Vivendi repoussé
Introduction en Bourse, ouverture de nombreux studios à l’international, création de Gameloft, spécialisé dans les jeux vidéo pour mobiles sous la houlette de Michel Guillemot… Ubisoft attaque les années 2000 plein de projets.
Mais en 2015, le groupe voit débouler un nouvel actionnaire inattendu: le groupe Vivendi de Vincent Bolloré, qui monte jusqu’à 25% du capital un an plus tard, avec la volonté affirmée de prendre le contrôle de l’éditeur.
Face à la résistance acharnée de la famille Guillemot, Vivendi finira par vendre une partie de sa participation en mars 2018 au chinois Tencent (à hauteur de 5%) et au fonds de pension Ontario Teachers, avant de céder le reliquat un an plus tard.
Si l’essentiel est sauf pour Ubisoft, la famille Guillemot perd des plumes: Gameloft est définitivement cédé « à regret » à Vivendi en juin 2016.
2020: scandale de harcèlement sexuel
Après l’assaut actionnarial, des accusations de harcèlement sexuel viennent ébranler un groupe qui se voulait inclusif: de multiples témoignages d’employées et d’ex-employées du groupe dénonçant un harcèlement visent plusieurs de ses cadres pendant l’été 2020.
Conséquences: plusieurs dirigeants du groupe sont poussés vers la sortie ou démissionnent, dont le numéro deux du groupe, Serge Hascoët, à la tête de la création chez Ubisoft depuis 20 ans, ainsi que la directrice des ressources humaines et le patron des studios canadiens.
L’entreprise, qui compte 18.000 salariés dans le monde, a lancé plusieurs enquêtes internes, promettant de modifier profondément sa culture d’entreprise afin d’offrir « un environnement de travail sûr », selon son patron, Yves Guillemot.
Mais la réputation du groupe est écornée…
2022: le groupe chinois Tencent en appui de la famille Guillemot
L’année 2022 a été faste dans un marché du jeu vidéo en pleine consolidation.
En janvier, Microsoft a notamment lancé les grandes manœuvres avec le rachat de l’éditeur américain Activision Blizzard pour 69 milliards de dollars, soit la plus importante opération de fusion-acquisition de l’histoire du secteur.
Avec son portefeuille de séries populaires comme « Assassin’s Creed » ou « Rayman », Ubisoft est alors perçu comme une cible de choix, avec une valorisation modeste de 5,3 milliards d’euros.
Mais le géant chinois du divertissement Tencent, entré au capital de l’éditeur français en 2018, en prenant des parts dans la holding familiale des Guillemot mardi et en agissant désormais de concert avec les fondateurs, a renforcé l’emprise de ces derniers sur Ubisoft.