Le gouvernement français a fixé l’objectif de dix licornes, ces jeunes sociétés technologiques à forte croissance et valant plus d’un milliard d’euros, cotées en Europe d’ici à 2025, a indiqué mercredi le ministre chargé du numérique, Jean-Noël Barrot.
« Nous avons décidé de nous fixer un objectif très ambitieux de dix licornes cotées d’ici 2025, dont deux avec une capitalisation de plus de 5 milliards d’euros », a déclaré M. Barrot lors d’une réunion organisée par Euronext, le marché boursier européen qui gère notamment les Bourses de Paris et d’Amsterdam.
La puissance publique est prête à mobiliser « près d’un milliard d’euros » de capital pour faciliter ces introductions, et « nous attendons un effort significatif des investisseurs institutionnels de la place » pour qu’ils accompagnent également le mouvement, a précisé M. Barrot.
Bpifrance, le bras armé de l’Etat pour financer l’innovation en France, dispose ainsi d’une enveloppe de 500 millions d’euros de capital à investir dans ces entreprises.
La Caisse des dépôts et consignations est prête de son côté à mobiliser 300 millions d’euros, a-t-il dit.
Outre cet effort financier, le gouvernement réfléchit également à l’introduction d’actions de préférence à droit de vote multiple pour les sociétés cotées.
Ces mécanismes permettent aux fondateurs d’une pépite tech de lever du capital en gardant le contrôle de leur entreprise.
Ces actions viennent d’entrer en vigueur pour les sociétés non cotées grâce à la récente loi Pacte (2019), et « nous voulons avec Bruno Le Maire réfléchir à un élargissement à certaines entreprises » cotées, dont « les entreprises de forte croissance et innovantes », a-t-il détaillé.
Le gouvernement est en train « d’instruire » la question, et « si cette instruction était fructueuse », elle serait « mise en œuvre à la première occasion législative », selon le ministre.
La France compte 27 licornes aujourd’hui, contre une poignée il y a quelques années. Le président de la République a fixé l’objectif d’en avoir une centaine à l’horizon 2030, cotées ou non.
La création d’un « Nasdaq » européen, un marché boursier européen des valeurs technologiques, est un objectif de longue date du président français.
« Ce que nous voulons, c’est éviter » que les licornes « aillent chercher aux Etats-Unis les voies de l’introduction (en Bourse, NDLR) plutôt que de les chercher en France et en Europe », a rappelé M. Barrot.
« Nous avons beaucoup d’atouts » pour construire ce marché, car « d’ores et déjà, l’introduction en Bourse en Europe est deux fois moins chère (…) qu’aux Etats-Unis », a expliqué M. Barrot.
De plus, « les émetteurs (les société qui se font coter, NDLR) sont beaucoup mieux protégés en Europe qu’ils ne le sont aux Etats-Unis », a-t-il dit.
Euronext a lancé en juin un indice Euro Tech Leaders comprenant une centaine d’entreprises technologiques cotées sur l’une des sept bourses européennes dont il la responsabilité.
En milieu de journée mercredi, cet indice gagnait 0,29% par rapport à l’ouverture.
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