Droit & Reglementation

Le Digital Services Act : Une nouvelle ère de régulation pour les plateformes numériques en Europe

Face à la montée de problématiques telles que la haine en ligne, la manipulation de l’information, la désinformation, et la contrefaçon, l’Union européenne (UE) a adopté une nouvelle mesure réglementaire, le Digital Services Act (DSA), pour réguler les activités des plateformes numériques, en particulier celles des géants du web, les GAFAM. Promulgué le 19 octobre 2022, ce règlement a pour but d’accroître la protection des Européens dans un monde numérique en constante évolution. Il agit en tant que modernisation de la Directive du 8 juin 2000 sur le commerce électronique, cherchant à mettre à jour et à renforcer les dispositions de cette directive pour tenir compte de l’évolution rapide du paysage numérique.

1. Objectifs du règlement DSA

Le DSA est une évolution de la Directive du 8 juin 2000 sur le commerce électronique. En tenant compte des défis posés par le paysage numérique en évolution rapide, il vise à adapter et à renforcer les règles existantes. Le DSA est axé sur la création d’un ensemble de règles visant à responsabiliser les plateformes numériques et à combattre la propagation de contenus illégaux, préjudiciables ou de produits illégaux. Les droits fondamentaux des internautes européens, comme la liberté d’expression et la protection des consommateurs, sont au cœur du DSA. Il cherche également à favoriser le développement des petites entreprises de l’UE et à renforcer le contrôle démocratique et la surveillance des plateformes de grande envergure pour minimiser leurs risques systémiques.

2. Acteurs visés par le DSA

Le DSA élargit la définition des services intermédiaires par rapport à la Directive du 8 juin 2000 sur le commerce électronique. Il inclut désormais les services de « simple transport » (fourniture d’accès à un réseau de communication ou transmission d’informations via un réseau de communication), les services de « mise en cache » (transmission d’informations via un réseau de communication en assurant le stockage automatique, intermédiaire et temporaire de ces informations) et les services « d’hébergement » (offre de stockage des informations du destinataire du service, à sa demande). Cette définition élargie couvre donc un large éventail de services numériques, y compris les messageries, les réseaux sociaux, les places de marché, et les magasins d’applications.

3. Changements apportés par le DSA

Le DSA introduit une série d’obligations pour les services intermédiaires. Ces obligations sont proportionnées à la taille et au poids de chaque service, ainsi qu’aux risques que ces services peuvent poser sur la société. Cela signifie que les plus grandes plateformes numériques, celles qui comptent plus de 45 millions d’utilisateurs actifs par mois, seront soumises aux exigences les plus strictes. En revanche, les microentreprises et les entreprises de moins de 50 salariés ou ayant un chiffre d’affaires annuel inférieur à dix millions d’euros seront exemptées de certaines obligations, comme la production de rapports de transparence ou la création d’un système interne de traitement des réclamations.

En outre, le DSA maintient une responsabilité limitée pour les services intermédiaires en ce qui concerne les contenus diffusés sur leurs plateformes. Cependant, cette responsabilité dépend de leur niveau de connaissance et d’influence sur ces contenus. Par exemple, les services de « simple transport » ne sont pas considérés comme responsables des informations transmises par leur intermédiaire à moins qu’ils n’aient initié la transmission, sélectionné les destinataires de la transmission, ou sélectionné ou modifié les informations transmises. Les services d’hébergement ne sont pas responsables des informations qu’ils stockent à la demande d’un utilisateur, à moins qu’ils n’aient connaissance de leur caractère illégal et qu’ils agissent promptement pour retirer ces contenus ou bloquer l’accès dès qu’ils prennent conscience de ce caractère illégal.

4. Surveillance et sanctions en cas de non-respect du DSA

En cas de non-respect du DSA, le règlement prévoit la possibilité de sanctions, y compris des amendes pouvant atteindre jusqu’à 6% du chiffre d’affaires mondial pour les plus grandes plateformes et les moteurs de recherche. En cas de violations graves et répétées du règlement, ces plateformes pourraient même se voir interdire leurs activités sur le marché européen.

En conclusion, le DSA est une étape importante dans la régulation des services numériques au sein de l’UE. Il vise à garantir un Internet plus sûr et plus transparent pour les citoyens européens, tout en responsabilisant les grandes plateformes numériques. Cependant, la mise en œuvre effective de ces mesures nécessitera une surveillance rigoureuse et un engagement fort de toutes les parties prenantes. L’avenir de la régulation numérique dans l’UE dépendra en grande partie de la capacité des régulateurs à mettre en œuvre efficacement le DSA, et de la volonté des plateformes numériques à se conformer à ces nouvelles régulations.

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