Jeu vidéo: le studio français Quantic Dream repart à l’offensive
Par Yassine KHIRI / AFP
Changement d’actionnaire, prochain jeu vidéo « Star Wars » en développement et nouvelle activité d’éditeur: le studio français Quantic Dream fait feu de tout bois pour se relancer, après avoir dû se défendre face à des accusations concernant des conditions de travail délétères.
Connu pour ses productions faisant la part belle à la narration sans demander de compétences particulières manette en main, le groupe n’a rien sorti depuis 2018 et « Detroit: Become Human », qui proposait de présider à la destinée de trois robots dans une ville peuplée d’androïdes.
Il s’agissait de sa troisième collaboration avec le japonais Sony, fruit d’un contrat d’exclusivité qui n’a pas été renouvelé.
« Nous avons décidé de mener le studio dans une autre direction, de lever des fonds, pour nous permettre non seulement de financer la production de nos jeux à l’avenir, mais aussi de les éditer », explique à l’AFP son directeur général, Guillaume de Fondaumière.
Depuis, Quantic Dream a beaucoup fait parler de lui hors des écrans: il a, par exemple, fini par l’emporter en appel dans un dossier judiciaire où des salariés dénonçaient le caractère « toxique » de l’ambiance au sein de l’entreprise, qui a écorné l’image du studio fondé en 1997.
Des affaires qui sont « loin derrière nous », affirme à présent le directeur général, tourné vers son développement.
– « Part du lion » –
Car le studio a aussi changé de mains l’été dernier avec sa prise de contrôle par NetEase, colosse d’une industrie vidéoludique chinoise qui multiplie les investissements en Europe, à l’image de Tencent qui est présent au capital d’Ubisoft.
L’approche de NetEase « nous a immédiatement séduits parce qu’ils ont fixé des règles assez simples: +Nous investissons dans votre studio, vous gardez la parfaite maîtrise éditoriale et c’est vous qui continuez à gérer l’entreprise+ », explique le dirigeant, louant aussi l’apport technologique de « l’un des leaders mondiaux sur le mobile ».
Cet apport d’argent frais s’accompagne d’un plan de développement des effectifs, puisque l’entreprise, qui a généré 13 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 et compte 350 salariés, ambitionne d’en avoir « à peu près 500 » d’ici l’été 2024.
Côté production, Quantic Dream travaille actuellement sur « Star Wars Eclipse », nouvelle adaptation en jeu vidéo de l’univers imaginé par George Lucas, dont la date de commercialisation n’est pas encore connue.
Ce type de collaboration est une première pour le studio, installé à Paris et à Montréal, qui n’avait jusqu’à présent développé que des titres originaux.
Le groupe a aussi commencé à se diversifier, en ajoutant l’édition de jeux à ses activités, avec un label dédié.
Une manière pour lui de « regagner ce rang dans la chaîne de valeur, de permettre d’obtenir, dans le cadre de l’exploitation de nos jeux, tout le rendement qui nous revenait », selon Guillaume de Fondaumière.
L’édition, qui consiste à trouver un financement pour permettre la création d’une œuvre et à la commercialiser en échange de la « part du lion » sur les bénéfices générés, peut être aussi risquée que profitable.
Le directeur général de Quantic Dream promet, lui, un modèle de répartition « équilibré » des bénéfices entre son groupe et les studios tiers.
Quantic Dream entend, en outre, mettre à leur disposition ses infrastructures techniques, comme son studio de capture de mouvements ou son studio son, dans ses nouveaux locaux de 6.500 mètres carrés dans l’est parisien.
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