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L’ancienne idole des cryptomonnaies Sam Bankman-Fried en procès à New York

Par Thomas URBAIN / AFP

Près d’un an après l’implosion de sa plateforme d’échanges de cryptomonnaies FTX, l’Américain Sam Bankman-Fried, héros des monnaies numériques devenu paria, va répondre d’accusations de fraude devant un tribunal fédéral new-yorkais à partir de mardi.

En cas de condamnation, le jeune trentenaire est susceptible de passer le reste de ses jours en prison, car les sept chefs d’inculpation retenus contre lui sont passibles, au total, de plusieurs dizaines d’années de réclusion.

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L’histoire de « SBF », son surnom, est de celles qu’affectionne Hollywood: l’ascension météorique d’un entrepreneur charismatique qui semblait à même d’aider le monde des cryptomonnaies à acquérir respectabilité et stabilité, mais qui a explosé en vol.

Jusqu’à l’automne 2022, il fascinait par sa capacité à monter, en deux ans seulement, la deuxième plus grande plateforme d’échanges de cryptomonnaies au monde, tout en rendant intelligible aux médias, aux politiques, et au grand public un secteur qui ne l’était pas.

Des projets par dizaines, une fortune estimée jusqu’à 26 milliards de dollars, une allure improbable avec cette tignasse noire bouclée et ses éternels bermudas, Sam Bankman-Fried avait fini par incarner, à lui seul, le monde des cryptos.

Mais le vernis a commencé à se craqueler début novembre 2022, après des révélations selon lesquelles une partie des fonds des clients de FTX avait été utilisée, à leur insu, pour alimenter la filiale Alameda, afin d’effectuer des placements risqués.

Un mouvement de panique a immédiatement suivi, particuliers ou partenaires commerciaux cherchant tous à récupérer leur mise dans l’urgence, au point de provoquer la chute de FTX, placé en dépôt de bilan.

Une fois la poussière retombée, quelque 8,7 milliards de dollars manquaient à l’appel, selon l’administrateur judiciaire nommé pour gérer la liquidation.

 

– Des témoins gênants –

 

Le procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams, l’accuse d’avoir détourné des fonds de clients de FTX pour les injecter dans Alameda, mais aussi pour acheter plusieurs centaines de millions de dollars d’immobilier aux Bahamas ou faire des dons à des candidats politiques aux Etats-Unis.

L’une des membres de l’équipe du procureur Williams, Danielle Sassoon, a indiqué, lors d’une audience, que le nombre de victimes des agissements supposés de Sam Bankman-Fried pourrait se situer « au-delà du million ».

Inculpé notamment pour fraude et association de malfaiteurs, « SBF » avait été extradé fin décembre des Bahamas, où se trouvait le siège de FTX, puis remis en liberté à son arrivée à New York, moyennant une caution de 250 millions de dollars.

Mais il a été placé en détention début août par le juge fédéral Lewis Kaplan, pour tentative de subornation de témoin.

Selon le procureur, Sam Bankman-Fried a notamment transmis des documents au quotidien américain New York Times pour tenter d’influencer le témoignage de Caroline Ellison, son ex-petite amie et une ancienne dirigeante d’Alameda.

Elle a été inculpée dans cette affaire et a accepté de collaborer avec les autorités américaines, de même que trois autres anciens cadres du groupe.

Ils devraient être auditionnés durant le procès, prévu pour durer jusqu’à six semaines, ce qui pourrait fragiliser la défense de « SBF », qui a reconnu des erreurs de gestion mais pas de malversations, chargeant au passage, à plusieurs reprises, Caroline Ellison.

« Il s’agit d’une fraude présumée, avec de l’argent qui a été prélevé et utilisé de façon inappropriée. Donc le fait que ce soit des cryptomonnaies ne va pas changer la stratégie de l’accusation », anticipe Julia Jayne, avocate californienne spécialisée dans la criminalité en col blanc.

« Je pense qu’ils peuvent réussir à expliquer » comment fonctionnent les cryptomonnaies à des jurés qui ne sont vraisemblablement pas des investisseurs chevronnés, ajoute-t-elle.

Les extraits, publiés par le New York Times, d’un long billet de blog que Sam Bankman-Fried prévoyait de publier sur le réseau social X (anciennement Twitter) avant son placement en détention offrent des pistes sur sa stratégie de défense.

Il s’y présente, comme il l’a fait par le passé, comme un patron surmené, dans l’impossibilité de s’appuyer sur ses équipes, incompétentes ou désintéressées, qui s’est laissé dépasser, mais sans aucune intention de mal faire.

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