A droite toute pour Elon Musk, qui fait écho à une frange de la Silicon Valley
Par Alex PIGMAN, Washington / AFP
Théories complotistes, infox, critiques anti-« woke », ligne dure sur l’immigration: Elon Musk exprime de plus en plus souvent des opinions très conservatrices, qui font écho à un courant de la Silicon Valley très à droite.
Souvent qualifié de libertaire, l’entrepreneur clamait encore, en 2021, vouloir « rester en dehors de la politique », avant d’amorcer un virage en 2022, au moment de sa campagne pour la prise de contrôle de Twitter, devenu depuis X.
« Par le passé, j’ai voté démocrate, parce qu’ils étaient le parti de la bonté », avait-il expliqué en mai 2022. « Mais ils sont devenus celui de la division et de la haine. Je ne peux donc plus les soutenir. Je vais voter républicain. »
Depuis, le milliardaire est monté en régime et a multiplié les messages sur les sujets favoris de la droite ultra-conservatrice.
Mardi, Elon Musk a accusé Joe Biden de « préparer le terrain pour quelque chose de bien pire que le 11-Septembre » en accueillant massivement des migrants arrivés en avion. « Ce n’est qu’une question de temps. »
Le patron de Tesla s’appuyait sur une publication trompeuse et biaisée, selon plusieurs organes de vérification, du Centre d’études sur l’immigration (CIS), organisation favorable au durcissement de la politique migratoire.
Ces dernières semaines, Elon Musk s’en est pris des dizaines de fois au président américain, accusé par les conservateurs d’avoir ouvert les frontières des Etats-Unis à l’immigration clandestine.
Il a aussi relayé plusieurs articles ou sujets télévisés consacrés à des suspects d’infractions qui se trouvent en situation irrégulière, déclinant la thèse ultra-conservatrice selon laquelle l’immigration clandestine est à l’origine d’une montée de la délinquance.
Cette rhétorique reprend celle d’éditorialistes et personnalités de la droite dure, comme Tucker Carlson ou Matt Walsh, qu’affectionne Donald Trump.
– Anti-« woke » –
Le seul candidat républicain encore en course et le directeur général de l’entreprise spatiale SpaceX se sont rencontrés en Floride, il y a une semaine, en présence d’importants donateurs républicains.
Bien que promis à l’investiture de son parti en juillet prochain, Donald Trump manque de trésorerie pour financer sa campagne.
Outre le fait que Joe Biden a jusqu’ici levé davantage d’argent que lui, l’ancien chef de l’Etat a dû décaisser des dizaines de millions de dollars de frais de justice et ne lésine pas sur la dépense pour ses réunions de campagne.
« Pour être super clair, je ne vais donner d’argent à aucun des deux candidats à la présidence des Etats-Unis », a affirmé Elon Musk une fois cette entrevue révélée par le New York Times.
Selon la chaîne CNBC, des conseillers du promoteur immobilier ont néanmoins espoir que l’homme à la fortune estimée à près de 200 milliards de dollars finisse par soutenir financièrement Donald Trump.
Toujours d’après CNBC, le candidat et des cadres du parti républicain veulent même le convaincre de s’exprimer durant la convention d’investiture, ce qui acterait son soutien.
Outre l’immigration, Elon Musk partage avec « l’alt right », la droite radicale, une aversion pour les mesures favorisant la diversité en entreprise et le mouvement « woke » en général.
Il partage cette position avec d’autres entrepreneurs de la Silicon Valley, qui voient dans cette lutte contre les inégalités de toutes sortes une manière d’entrave au progrès, qui ne peut que faire régresser une société.
Le plus influent d’entre eux est Marc Andreessen, co-fondateur du portail internet Netscape et investisseur légendaire du monde de la technologie.
Dans un long manifeste publié en octobre, il s’est élevé contre ce qu’il qualifie de philosophie « anti-mérite » et a aussi dénoncé les politiques environnementales et sociales en entreprise (ESG).
Le même propos sous-jacent revient régulièrement dans le podcast « All-In », animé par quatre entrepreneurs et investisseurs de renom de la Silicon Valley.
Parmi eux figure David Sacks, membre du groupe informel PayPal Mafia, anciens de la société de paiements, qui comprend également Elon Musk.
Pour Carolina Milanesi, analyste de Creative Strategies, cette frange de la tech incarne la crainte d’une remise en cause d’un modèle social.
« La diversité, l’égalité, l’inclusion ou le développement durable sont des menaces au statu quo », fait elle valoir.
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