Au coeur technologique des JO 2024, ATOS chef d’orchestre informatique, en pleine crise.
Par Yassine KHIRI / AFP
Gestion des accréditations, diffusion instantanée des résultats, cybersécurité… Plongé dans une grave crise financière, le groupe français Atos a tenu à rassurer jeudi sur sa capacité à tenir son rôle de pivot informatique des Jeux olympiques de Paris.
Lors d’une visite du « Centre opérationnel technologique », au siège du Comité d’organisation des JO 2024 à Saint-Denis (nord de Paris), le groupe informatique a présenté ses missions au coeur du dispositif technologique de l’événement (26 juillet-11 août).
Malgré son endettement massif, il n’y aura « aucun souci sur les Jeux olympiques », avait assuré mardi son directeur général Paul Saleh, lors de la présentation des résultats annuels.
. A quoi sert ce « Centre opérationnel technologique » ?
Avec ses écrans de contrôle sur les murs et ses 110 postes de travail, le « Centre opérationnel technologique » (TOC) a des allures de salle de contrôle de décollage de fusée.
Ce cockpit de plus de 600 mètres carrés, protégé par un double vitrage et interdit d’accès aux personnes non accréditées, héberge les équipes d’Atos, du Comité international olympique (CIO), du Comité d’organisation et de la quinzaine d’autres partenaires des Jeux dans le domaine technologique, comme Orange, Intel, Cisco, Omega ou Panasonic.
« C’est le coeur du réacteur nucléaire de la technologie. C’est là où l’on pilote l’ensemble des activités », explique Christophe Thivet, directeur de l’intégration technologique de Paris 2024 chez Atos.
Chaque opérateur, reconnaissable au polo aux couleurs de son entreprise, « a une place spécifique » dans la salle, conforme à ses missions. « Il faut que cela soit extrêmement bien rôdé en termes de processus de communication », ajoute-il.
Partenaire informatique mondial du CIO depuis les Jeux de Salt Lake City en 2002, Atos est chargé « d’orchestrer » et d’assurer l’intégration de l’ensemble des partenaires et intervenants technologiques impliqués.
Pour cela, l’entreprise française mobilise 300 personnes dédiées, de 14 nationalités différentes, qui seront mobilisées 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pendant toute la durée des compétitions.
En plus du TOC, Atos s’appuie sur deux autres structures pour assurer ses missions: un laboratoire de tests à Madrid et un centre d’assistance à distance à Barcelone.
. Quel est le rôle technologique d’Atos ?
Outre son rôle d’intégrateur, Atos doit recueillir les résultats de chaque compétition, réaliser les classements et les transmettre instantanément aux commentateurs sur place et aux médias, sous la forme requise par chaque sport. Il lui faudra également assurer la livraison des images aux télévisions.
Depuis le TOC, on assure « la gestion des incidents, le support en cas de besoin. On fait en sorte que les sites de compétition puissent travailler le mieux possible », indique Damien Chouvet, responsable de l’intégration chez Atos.
Le groupe a également en charge la gestion informatique de l’organisation des Jeux comme le centre d’accréditations (15.000 athlètes et leurs équipes, des prestataires, des journalistes, des bénévoles, des forces de l’ordre… ) ou encore le portail des volontaires, le système d’inscriptions et de qualifications, ou le calendrier des compétitions.
L’accréditation, qui fait aussi office de visa pour les étrangers, « est bloquée tant qu’on n’a pas eu une réponse positive des services de l’Etat », qui vérifient les « antécédents » de tous les demandeurs, explique Damien Chouvet.
. Quid de la cybersécurité ?
En matière de services de cybersécurité, c’est Eviden, la branche spécialisée d’Atos, qui est à la manoeuvre.
Alors que les organisateurs s’attendent à ce que les JO-2024 soient la cible de très nombreuses cyberattaques, « huit à dix fois plus que les Jeux de Tokyo » de 2021, la mission d’Eviden est de fournir une cyberprotection pour l’ensemble du système d’information de Paris-2024, des sites olympiques, du personnel et des volontaires des Jeux.
Outre l’appui de plusieurs dizaines d’experts déjà installés en France, les équipes d’Atos sont épaulées par l’Agence française de sécurité des systèmes d’information (Anssi).
« On a évidemment une vigilance particulière qui se matérialise par des audits, qui ont été faits sur les systèmes d’Atos qui contribuent aux Jeux, comme sur d’autres systèmes critiques. Et par des points de coordination très réguliers avec les équipes d’Atos pour s’assurer qu’il n’y a pas de dérives », a expliqué à l’AFP Vincent Strubel, directeur général de l’Anssi.
« Mais on n’en mesure pas aujourd’hui concrètement. Donc pas d’inquiétude », a-t-il assuré.
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