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Avec l’aide de l’UE, MECAWARE s’attaque au défi du recyclage des batteries de voiture

Par Laurent GESLIN / AFP

La start-up lyonnaise Mecaware projette dans le Nord et le Pas-de-Calais deux usines de recyclage de batteries pour s’attaquer au défi de la réutilisation des métaux rares et réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine, avec l’appui de l’Union européenne.

La dépendance des pays européens à l’égard de pays tiers concernant les matières premières entrant dans la fabrication de batteries peut atteindre 98%, souligne Arnaud Villers d’Arbouet, cofondateur de Mecaware dans un entretien à l’AFP.

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Or, ces matériaux viennent largement d’Asie et en particulier de Chine, rappelle-t-il.

Basée à Vénissieux près de Lyon, Mecaware compte passer de la phase pilote à l’échelle industrielle en construisant d’ici à 2028 une usine à Béthune (Pas-de-Calais), non loin des fabricants de batteries pour véhicules.

Quatre méga-usines dédiées à la fabrication de batteries électriques sont en cours d’installation entre Dunkerque et le bassin minier, là aussi avec d’importantes aides publiques françaises et européennes, afin de pallier la dépendance vis-à-vis des batteries chinoises, alors que l’Europe veut interdire les véhicules thermiques d’ici 2035.

Sur le créneau du recyclage, crucial pour ce nouveau secteur industriel, Mecaware l’un des rares acteurs, avec Orano et Véolia.

Lithium, nickel, cobalt, manganèse, aluminium, cuivre, fer: l’objectif est d’extraire les métaux issus de batteries en fin de vie, alors que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) craint des « tensions » dans l’approvisionnement mondial en minerais et métaux critiques.

Avec ses partenaires, Mecaware a décroché en décembre 6 millions d’euros de subventions via le « Fonds européen de transition juste », un budget de 17,5 milliards d’euros au niveau européen, dont 228 millions gérés par la région Hauts-de-France.

Ce fonds a pour vocation de donner aux régions industrielles fortement émettrices de CO2 les moyens de rester dans la course industrielle tout en décarbonant.

Cela a permis à Mecaware de « poursuivre ses projets de recherche avec des entreprises et des laboratoires », indique le cofondateur. Une aide « importante » pour passer les innovations technologiques « à l’échelle industrielle et améliorer la chimie que l’on a ».

Le procédé développé sous l’égide du CNRS permet — une fois extraite la « black mass », cette poudre noire composée de différents métaux — que chaque métal retourne à son état d’origine.

La start-up travaille sur un « pilote pré-industriel » extrayant 50 à 70 t/an, qui sera installé à partir de 2025 sur l’ex-usine de pneus Bridgestone à Béthune (Pas-de-Calais). Puis elle compte lancer d’ici 2028 une ligne industrielle de 7.500 t par an, qui devrait employer à terme 100 personnes.

De plus, Mecaware réfléchit déjà à une deuxième de ligne de 7.500 t/an accolée à l’usine de batteries de la start-up française Verkor pour recycler des « chutes de production » de cette usine proche de Dunkerque (Nord), qui commencera à produire à l’été 2025, essentiellement pour Renault.

Le but est d’exploiter « la mine de déchets sur notre territoire », et « dupliquer ce modèle (…) là où il y a des gisements », explique M. Villers d’Arbouet.

– Mine de déchets –

Mecaware doit encore résoudre un « problème de maturité », estime un expert proche de la start-up, sous couvert l’anonymat. « Ils ont de gros défis pour monter les pilotes, mais une fois qu’ils auront résolu ces problèmes (…) ils arriveront avec une solution qui est extrêmement intéressante » en matière de capitaux et d’énergie nécessaires.

En outre, ils bénéficient de cette « démarche européenne de réindustrialisation [qui] est nouvelle, en tout cas en Europe de l’Ouest », observe cet expert.

« C’est évident que dans l’industrie de la batterie, la circularité va devenir fondamentale », souligne-t-il, d’autant qu’un « Règlement européen sur les métaux critiques » (CRMA) est entré en vigueur le 23 mai.

Ce règlement vise à réduire la dépendance de l’UE en fixant des objectifs: 25% de métaux critiques issus de matières recyclées en Europe, 40% de métaux critiques importés raffinés en Europe, 10% extraits de mines européennes.

« L’ambition, c’est de créer un écosystème local », souligne Gilles Moreau, un porte-parole de Verkor. « On attend de voir les résultats, mais on travaille avec [Mecaware] et on les soutient », ajoute-t-il.

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