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Comment un marché unique pourrait transformer la tech européenne? conclusion du rapport d’ATOMICO, state of european tech 2024

Le nouveau rapport annuel du fonds d’investissement ATOMICO vient de sortir et s’il dresse un paysage de la tech européenne qui brille par ses progrès, il en souligne une limite structurelle majeure : la fragmentation.

Avec plus de 35 000 startups en phase précoce, un quadruplement en moins de dix ans, et des investissements multipliés par dix depuis 2015, l’Europe prouve qu’elle peut rivaliser en ambition et en innovation. Pourtant, à chaque étape critique — levées de fonds, expansion ou collaboration transnationale —, les barrières administratives et réglementaires freinent cette dynamique.

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Alors que les startups américaines bénéficient d’un accès fluide à un marché unifié, les entrepreneurs européens sont encore piégés dans des frontières bureaucratiques. Andreas Klinger, investisseur chez Prototype Capital, résume bien le problème : « Nos fondateurs lèvent des fonds dans des silos nationaux. Cette fragmentation entrave notre capacité à rivaliser globalement. »

Face à ce défi, une solution se dessine : la création d’un cadre juridique unique surnommé le « 28th Regime », ou « EU Inc », une idée qui pourrait changer significativement la manière dont l’Europe structure et soutient son écosystème technologique.

Une fragmentation coûteuse

Actuellement, chaque pays européen impose ses propres règles fiscales, administratives et réglementaires. Pour une startup, cela signifie souvent recruter des équipes juridiques spécifiques à chaque marché, ajuster les processus internes, ou encore jongler avec des règles d’incorporation parfois incompatibles. Résultat : moins de 18 % des investissements précoces traversent les frontières européennes. Le potentiel de collaboration transnationale, essentiel pour stimuler l’innovation et attirer des fonds à grande échelle, reste largement sous-exploité.

Ce problème ne se limitepas aux premières phases: les startups européennes sont deux fois moins susceptibles que leurs homologues américaines de lever des tours de financement de croissance supérieurs à 15 millions d’euros. Cette faiblesse s’explique en partie par le manque d’investisseurs transnationaux. Les fonds de pension européens, qui gèrent un colossal capital de 9 000 milliards d’euros, n’investissent qu’une fraction négligeable — 0,01 % — dans le capital-risque. Comparativement, leurs homologues américains y allouent près de trois fois plus.

Le « 28th Regime » : un accélérateur pour l’innovation

Le « 28th Regime » repose sur une idée simple : harmoniser les règles pour créer un marché unique dédié aux startups. Ce cadre juridique offrirait aux entreprises un socle commun pour les contrats, la fiscalité, et les levées de fonds, réduisant ainsi les barrières administratives.

Ce projet pourrait également attirer les investisseurs institutionnels européens, jusqu’ici frileux face à la complexité du système. Avec un environnement réglementaire simplifié, les fonds de pension et les assureurs auraient les moyens d’injecter des milliards d’euros supplémentaires dans les entreprises européennes. Comme le souligne Tom Wehmeier, auteur du rapport State of European Tech 2024, « Si nous intégrons nos marchés, nous n’aurons plus besoin de comparer notre parcours à celui des États-Unis. Nous pourrons tracer notre propre chemin. »

Un potentiel de transformation colossal

Adopter un cadre comme le « 28th Regime » pourrait non seulement combler l’écart de financement de 375 milliards d’euros qui freine les entreprises en phase de croissance, mais aussi offrir aux startups les outils nécessaires pour se développer au-delà des frontières nationales.

L’impact ne serait pas seulement économique. Avec des règles harmonisées, l’Europe pourrait devenir un terreau fertile pour les innovations répondant aux défis sociétaux globaux, notamment dans les domaines de la durabilité, des énergies renouvelables ou encore de la santé. Ces efforts pourraient donner naissance aux premiers géants technologiques européens atteignant une valorisation de mille milliards d’euros, un objectif que beaucoup considéraient comme irréaliste il y a dix ans.

Des initiatives intéressantes

Des initiatives nationales montrent déjà la voie. En France, l’initiative Tibi a mobilisé 6 milliards d’euros pour financer les startups technologiques, tandis qu’au Royaume-Uni, la réforme Mansion House vise à libérer davantage de capitaux institutionnels.

Tracer un chemin propre à l’Europe

L’Europe a les ingrédients nécessaires pour devenir un leader technologique mondial : un réservoir de talents en pleine croissance, des secteurs d’innovation clés comme l’IA et la fintech, et un engagement fort envers les technologies durables. Mais sans une intégration plus poussée de ses marchés, elle risque de rester un patchwork de succès locaux sans véritable cohésion.

Comme le résume Sarah Guemouri, associée chez Atomico : « L’intégration du marché européen n’est pas seulement une question de simplification. C’est une étape cruciale pour libérer le plein potentiel de notre écosystème technologique. »

Synthèse des chiffres clés du rapport « State of European Tech 2024 »

💰Croissance des investissements

  • Investissements totaux (2015-2024) : 426 milliards de dollars, soit une multiplication par 10 par rapport à la décennie précédente (43 milliards de dollars de 2005 à 2014).
  • Investissements annuels en 2024 : 45 milliards de dollars prévus, un niveau stable par rapport à 2023 (47 milliards de dollars).
  • Taux de croissance annuel composé (CAGR) des investissements (2015-2024) : +13 %, le plus élevé parmi les grandes régions (États-Unis : +8 %, Chine : +2 %).
  • Financements en phase de croissance : Un déficit de 375 milliards d’euros sur la dernière décennie.

🚀 Évolution de l’écosystème

  • Nombre de startups en phase précoce : 35 000 en 2024, contre 7 800 en 2015 (+4,5x).
  • Nombre de scale-ups : Multiplication par 8, atteignant plus de 3 400 entreprises en 2024.
  • Unicorns en Europe : Plus de 300 entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars.

👩‍💻 Emploi et talents

  • Emplois dans la tech en Europe : 3,5 millions, avec un taux de croissance annuel de 24 % depuis 2015.
  • 2,5 millions d’emplois créés dans la tech européenne depuis 2015.
  • En France, les emplois tech sont passés de 63 000 en 2015 à 517 000 en 2024.
  • 44 000 postes actifs dans l’IA en France, la plaçant au 4ᵉ rang européen derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas.

🛑 Défis structurels

  • Investissements transnationaux : Seulement 18 % des financements précoces sont pan-européens, reflétant la fragmentation du marché.
  • Investissements des fonds de pension dans le capital-risque : 0,01 % de leurs actifs en Europe, contre 0,03 % aux États-Unis.

Vous pouvez retrouver l’intégralité du rapport sur le site d’ATOMICO

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