DIFFUSE.LY veut effacer MEERO de la photo.
En se rebaptisant DIFFUSE.LY , Meero tente de faire oublier un passé marqué par des excès, des critiques et des restructurations douloureuses. Pourtant, derrière ce rebranding, l’entreprise dirigée depuis 2 ans par Gaétan Rougevin-Baville, qui l’avait rejoint dès la 1ere année de sa création comme COO, reste héritière d’une histoire qui a laissé des traces, aussi bien sur les salariés que sur la réputation de la startup.
Fondée en 2017, Meero a levé un total de 293 millions de dollars, avec une dernière opération en 2020 qui l’avait valorisée au rang de licorne. La startup a réussi à convaincre des fonds majeurs comme EURAZEO, WHITE STAR CAPITAL, AGLAÉ VENTURES, ou encore ALVEN aux coté de figures du monde entrepreneurial. Mais malgré cet arsenal financier, Meero a échoué à construire un modèle durable.
Dès le départ, la startup a essuyé des critiques virulentes de la part des photographes. Les tarifs imposés étaient jugés dérisoires, parfois autour de 12 euros la photo, tandis que les professionnels étaient contraints d’abandonner leurs droits d’auteur. La plateforme, en misant sur l’automatisation via l’intelligence artificielle, a accéléré la standardisation de la photographie, répondant aux besoins du e-commerce et de l’immobilier, mais au détriment d’un métier déjà précarisé.
L’effondrement est venu avec la pandémie de Covid-19. Le marché s’est figé, et Meero, fortement exposée aux secteurs de la livraison et de l’immobilier, a connu un brutal coup d’arrêt. Deux plans sociaux successifs ont suivi : les effectifs sont passés de 600 à 350 salariés entre 2020 et 2021, avant d’atteindre aujourd’hui moins de 200 employés. Ces restructurations massives ont marqué la fin de l’ère flamboyante incarnée par Thomas Rebaud, qui a quitté ses fonctions pour laisser la place à Gaétan Rougevin-Baville.
Sous sa direction, l’entreprise a opéré un pivot stratégique, abandonnant son modèle de place de marché pour se concentrer sur des solutions logicielles verticales dédiées aux professionnels. Avec des outils comme CarCutter pour l’automobile, ProperShot pour l’immobilier et AutoRetouch pour la mode, Diffuse.ly promet des gains d’efficacité et de coûts pour ses clients. Pourtant, cette nouvelle orientation repose encore largement sur les actifs hérités de l’ère Meero, notamment une base propriétaire de 200 millions d’images accumulée grâce aux activités précédentes. La startup enregistre aujourd’hui un chiffre d’affaires récurrent de 10 millions d’euros
Reste à voir si ce rebranding permettra de couper les liens avec le passé…