Minerais de sang : les responsabilités des géants de la tech sous les projecteurs
La République démocratique du Congo (RDC) a déposé des plaintes pénales contre Apple et ses filiales en France et en Belgique, accusant l’entreprise d’utiliser des minerais provenant de zones de conflit dans sa chaîne d’approvisionnement. Cette affaire illustre les failles des mécanismes actuels de traçabilité dans les secteurs minier et technologique.
Riche en ressources naturelles, l’est de la République démocratique du Congo est le théâtre de conflits entre groupes armés, responsables de graves violations des droits humains, notamment des massacres, des viols et des pillages, depuis 30 ans. Ces affrontements sont en grande partie alimentés par l’exploitation illégale de minerais, qualifiés de « minerais de sang ».
Les autorités congolaises reprochent à Apple d’avoir recours à des minerais extraits dans des conditions illégales et d’avoir recours à des certifications jugées peu fiables, comme l’ITSCI (iTSCi Supply Chain Initiative). Ces minerais, principalement l’étain, le tantale, et le tungstène, sont essentiels à la fabrication de composants électroniques. Selon les avocats de la RDC, ces pratiques font indirectement d’Apple un acteur complice de ces conflits armés alimentés par le commerce illégal de ces ressources.
Apple rejette catégoriquement ces accusations et affirme avoir suspendu l’approvisionnement en minerais provenant de la RDC et du Rwanda depuis l’aggravation des conflits dans la région en 2023. L’entreprise affirme également que la majorité des matériaux utilisés dans ses produits proviennent de sources recyclées. En 2023, Apple avait déclaré à la Securities and Exchange Commission (SEC) que ses fournisseurs n’avaient pas soutenu ou financé des groupes armés dans la région. Apple a également souligné qu’elle impose à ses fournisseurs « les normes les plus strictes de l’industrie » selon la formule consacrée.
Comme la plupart des géants des nouvelles technologies, Apple reconnaît se fournir indirectement en RDC et au Rwanda voisin en minerais stratégiques nécessaires à la fabrication de ses smartphones, tablettes et ordinateurs. Pour cela, les entreprises passent par une chaîne d’intermédiaires comprenant des fonderies, des raffineries, des négociants et des grossistes. Ces acteurs sont désignés comme principaux responsables de la traçabilité des minerais, notamment par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui regroupe trente-huit pays occidentaux.
La certification ITSCI, censée garantir une chaîne d’approvisionnement responsable, est au cœur des critiques. La Responsible Minerals Initiative (RMI), dont Apple est membre, a suspendu son soutien à l’ITSCI en 2022 en raison de manquements dans le suivi des sites miniers. Les avocats de la RDC estiment que cette certification sert de façade pour masquer des pratiques non éthiques.
- La startup LITTLE JOHN lève 1,1 million d’euros pour mettre l’IA au service des courtiers - 18/12/2024
- SALESFORCE se prépare pour Agentforce / Minerais de sang : la tech face à ses responsabilités / Meta condamnée à 251 millions d’euros - 18/12/2024
- Minerais de sang : les responsabilités des géants de la tech sous les projecteurs - 18/12/2024