Alphabet a publié des résultats contrastés pour son quatrième trimestre 2024. Malgré une progression de 30 % du chiffre d’affaires de Google Cloud sur un an, la branche n’a pas atteint les attentes de Wall Street, affichant 11,96 milliards de dollars de revenus contre 12,19 milliards anticipés. Dans un marché dominé par Amazon Web Services (AWS) et Microsoft Azure, la montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA) ne suffit pas, à ce stade, à repositionner Google comme un acteur de premier plan.
Un retard persistant sur AWS et Azure
Malgré des investissements massifs, Google Cloud stagne en troisième position sur le marché du cloud computing, loin derrière AWS et Microsoft Azure. Selon Synergy Research Group, au troisième trimestre 2024, AWS détenait environ 31 % des parts de marché, Microsoft 24 %, et Google Cloud 11 %. Un écart qui se reflète dans la dynamique des revenus : AWS et Azure continuent d’afficher des taux de croissance solides tout en maintenant une profitabilité élevée, tandis que Google Cloud peine à monétiser pleinement ses innovations technologiques.
Si Google a été l’un des premiers acteurs à intégrer l’IA dans son cloud, la demande excède actuellement ses capacités, comme l’a reconnu la directrice financière Anat Ashkenazi lors de la conférence avec les investisseurs :
« Nous avons observé une forte demande pour nos produits d’IA au quatrième trimestre et nous avons terminé l’année avec une demande supérieure à nos capacités disponibles. »
Cette contrainte freine la conversion des opportunités commerciales et laisse un boulevard à Microsoft et AWS, qui disposent d’infrastructures plus robustes pour absorber la demande.
L’avance stratégique de Microsoft et AWS
L’écosystème cloud de Microsoft bénéficie d’un levier d’exception avec OpenAI, qui alimente une adoption massive de ses services IA via Azure. En intégrant ChatGPT et Copilot dans sa suite de produits cloud et logiciels, Microsoft a su lier l’IA générative à son offre entreprise, et capte un volume significatif de nouveaux clients.
AWS, de son côté, mise sur une stratégie très pragmatique : plutôt que de proposer des solutions IA propriétaires, Amazon mise sur l’interopérabilité et l’ouverture aux modèles tiers, attirant ainsi un spectre large d’entreprises cherchant à développer leurs propres applications d’IA.
Face à ces approches différenciées, Google Cloud peine à imposer Google DeepMind comme un avantage compétitif immédiat. Si son expertise en IA est indéniable, la monétisation de ses avancées reste compliquée.
Des investissements massifs pour tenter de combler l’écart
Pour répondre aux besoins croissants de calcul intensif liés à l’IA, Alphabet prévoit des dépenses d’investissement record de 75 milliards de dollars en 2025, bien au-delà des 58,84 milliards anticipés par les analystes. Une part significative sera allouée aux serveurs et data centers, afin d’accroître la capacité de Google Cloud.
Toutefois, cette stratégie présente un risque : le marché sanctionne les dépenses sans ROI court terme. En conséquence, l’action Alphabet a reculé de 9 % en post-marché.
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