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Jean Luc Mélenchon fustige la “vassalisation numérique” de la France
A quelques heures du Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle qui se tiendra notamment au Grand Palais à Paris, différentes voix s’élèvent contre la politique gouvernementale menée dans le domaine du numérique. A commencer par celle du leader de LFI, Jean Luc Mélenchon qui adresse une critique sévère à l’égard d’Emmanuel Macron qu’il accuse de transformer le pays en « colonie numérique » dans une tribune publiée par Le Figaro. Le chef de file de La France insoumise déplore l’accueil triomphant réservé aux dirigeants de la Silicon Valley et aux grands investisseurs américains lors de ce sommet, Aux yeux du leader de LFI, cette posture traduit une capitulation face aux multinationales du numérique et signe l’abandon de toute ambition proprement française dans le domaine de l’IA.
La première critique émane de la présence annoncée de figures majeures de l’industrie technologique, notamment Sam Altman, Sundar Pichai (Google), Brad Smith (Microsoft) et du nouveau vice-président des États-Unis, JD Vance « un homme issu des fonds d’investissements rapaces de la Silicon Valley » selon lui.
Pour Jean Luc Mélenchon, il ne s’agit pas d’un simple exercice diplomatique, mais d’un symbole pernicieux. En déroulant le tapis rouge à des investisseurs qu’il qualifie de « nouveaux seigneurs de la tech », l’Élysée manifesterait une forme de dépendance économico-politique, tout en négligeant les compétences nationales.
Il rappelle que les ingénieurs et chercheurs français spécialisés en intelligence artificielle sont largement reconnus outre-Atlantique et que bon nombre d’entre eux œuvrent déjà dans les laboratoires de Google ou de Meta. Cette fuite des cerveaux est selon lui la conséquence d’un manque d’envergure stratégique au sein de l’appareil d’État et d’un sous-investissement dans la recherche publique.
Jean Luc Mélenchon souligne que la France dispose pourtant de fondations solides pour rivaliser avec les géants étrangers, rappelant à cet égard l’exemple de l’initiative BLOOM, un modèle d’intelligence artificielle open source mis au point sous l’égide du CNRS. Il s’interroge sur l’avenir de ce projet, dont il regrette qu’il n’ait pas bénéficié d’une mobilisation comparable à celle déployée par l’industrie américaine autour de ChatGPT ou d’autres solutions d’IA privatives.
La critique la plus sévère porte sur la politique de l’offre défendue par le gouvernement, réduite selon Mélenchon à une stratégie visant à attirer des capitaux étrangers sans condition. Il cite les annonces de mise à disposition de 35 sites pour construire des data centers sur le territoire français, infrastructures qui renforceraient mécaniquement la position dominante des GAFAM. En stockant des données dans ces centres détenus ou exploités par des acteurs américains, la France se trouverait exposée aux lois d’extra-territorialité des États-Unis, ce qui représenterait un enjeu majeur de souveraineté, y compris dans des domaines aussi sensibles que la défense ou la santé.
L’ancien candidat à la présidentielle s’inquiète en outre de l’influence politique des multinationales numériques, évoquant les prises de position publiques d’Elon Musk et les récentes déclarations de Google sur l’essor de l’intelligence artificielle dans le secteur militaire. Il y voit le danger d’une collusion entre intérêts privés et impératifs de défense, à laquelle la France ne serait pas à l’abri dès lors qu’elle confie le stockage de ses données stratégiques à des entités étrangères. À ses yeux, le projet de régulation européenne, déjà jugé insuffisant, se heurte à l’action de la France, dont il estime qu’elle jouerait le jeu des lobbyistes pour abaisser les garde-fous destinés à contenir le pouvoir des GAFAM.
Sa proposition pour échapper à cette dépendance s’articule autour de la notion de souveraineté numérique. Il plaide pour la création de data centers publics, formant ainsi un cloud français affranchi des « diktats » imposés par les grandes entreprises américaines. Il appelle à la mise en commun des données sensibles, à leur gestion par des institutions nationales ou supranationales, et à l’organisation d’une gouvernance internationale de l’IA confiée à l’ONU. Son objectif, écrit-il, est de construire une alternative fondée sur l’intérêt général et sur la maîtrise collective des infrastructures numériques, plutôt que de s’en remettre aux seuls marchés financiers et aux « techno-féodaux » de la Silicon Valley.
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