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Connaissez-vous RoboVision? Cette AGTECH belge qui industrialise l’IA dans la robotique agricole
Edition spéciale Salon de l'Agriculture 2025
RoboVision : industrialiser l’IA de vision en robotique agricole
Face à la raréfaction de la main-d’œuvre et à l’augmentation des exigences de productivité, l’automatisation agricole s’impose comme une nécessité impérieuse. Pourtant, malgré les avancées en intelligence artificielle, la mise en production de solutions d’IA de vision à grande échelle reste complexe. Entre la variabilité des environnements agricoles et les contraintes de scalabilité, de nombreuses initiatives échouent avant même d’être industrialisées. RoboVision, entreprise belge spécialisée dans l’IA appliquée à la robotique, adresse cette problématique avec une approche résolument pragmatique : fournir aux fabricants d’équipements d’origine (OEM) une plateforme clé en main pour intégrer des modèles de vision artificielle performants et évolutifs dans leurs machines.
Un marché prometteur mais semé d’embûches
Cependant, malgré l’enthousiasme des investisseurs et des industriels, la réalité du terrain est plus complexe. Industrialiser des modèles d’IA dans l’agriculture relève du défi technique et organisationnel. La diversité des cultures, les variations climatiques et les contraintes d’adaptation aux environnements extérieurs rendent la tâche ardue. Ainsi, près de 80 % des projets d’IA ne dépassent pas le stade du prototype, et plus de la moitié des concepts développés n’atteignent jamais la production à grande échelle. Ces échecs s’expliquent par plusieurs facteurs : une dette technique mal anticipée, une difficulté à maintenir la performance des modèles dans des conditions changeantes et un manque de solutions adaptées aux besoins des fabricants de machines agricoles.
RoboVision, une approche pensée pour l’industrialisation
Face à ces difficultés, RoboVision a fait le choix de ne pas vendre directement aux exploitants agricoles mais de s’adresser aux fabricants de machines. Cette approche permet une intégration plus fluide de l’IA dans les équipements existants sans modifier les habitudes des agriculteurs. L’entreprise propose ainsi une solution logicielle qui permet aux OEM d’embarquer de l’intelligence artificielle dans leurs machines agricoles.
La plateforme RoboVision AI repose sur trois piliers fondamentaux. Tout d’abord, elle offre un environnement complet pour créer et entraîner des modèles de vision artificielle, avec des outils d’annotation et d’apprentissage simplifiés, combinant des algorithmes open source et des modèles propriétaires. Ensuite, elle permet un déploiement optimisé en local grâce à une architecture Edge Computing, réduisant la dépendance aux infrastructures cloud et assurant une exécution rapide des modèles directement dans les machines. Enfin, elle repose sur une boucle d’apprentissage continue, garantissant une amélioration automatique des performances grâce à une collecte et un réentraînement réguliers des modèles en fonction des retours terrain.
Cette architecture permet aux OEM de proposer des équipements agricoles intégrant une IA évolutive et autonome, qui s’adapte aux variations des cultures et aux nouvelles conditions environnementales sans nécessiter d’intervention humaine constante.
Une technologie appliquée à des cas concrets
RoboVision s’est illustrée dans plusieurs applications industrielles, allant de la récolte à l’optimisation des cultures. Parmi les projets phares, l’automatisation de la taille des roses constitue un exemple emblématique. Grâce à un système de vision 3D alimenté par huit caméras 2D, les algorithmes sont capables de détecter les zones de coupe optimales et d’envoyer les instructions à un robot de taille. L’apprentissage du modèle s’effectue en continu, les corrections apportées par les opérateurs permettant d’améliorer progressivement la précision des coupes.
Dans un autre registre, la société a développé des solutions pour le phénotypage des cultures à l’aide de drones. Ces appareils équipés de caméras haute résolution collectent des données sur l’état de santé des plantations, que l’IA analyse afin de fournir des recommandations aux agriculteurs. Ce type d’application, intégré à des plateformes SaaS, permet aux coopératives et aux exploitations de bénéficier d’une analyse fine et actualisée de leurs cultures.
Autre exemple significatif, le robot de récolte de tomates développé en collaboration avec un fabricant de machines agricoles. Doté d’un système de navigation autonome, il évolue entre les rangs de cultures pour repérer et cueillir les fruits à maturité. Grâce à une technologie de prédiction des annotations, le temps nécessaire à l’apprentissage des modèles a été divisé par huit, accélérant considérablement la mise en production.
Un modèle économique aligné avec les besoins des industriels
L’approche commerciale de RoboVision repose sur un modèle SaaS adapté aux OEM. L’accès à la plateforme est conditionné à une licence, et chaque machine intégrant la technologie de vision artificielle est facturée selon un modèle “Pay as you grow”. Plus un fabricant vend d’équipements, plus RoboVision génère de revenus, assurant ainsi un alignement stratégique entre les intérêts des deux parties.
Cette structure tarifaire représente une alternative aux consultants en IA, qui facturent généralement leurs services au temps passé, rendant les projets longs et coûteux. En automatisant la gestion et l’amélioration des modèles, RoboVision permet aux fabricants de réduire leurs coûts tout en garantissant des performances optimales.
Un acteur belge en forte croissance
Née en Belgique, RoboVision s’est imposée comme une référence dans l’IA appliquée à la robotique industrielle. L’entreprise compte 150 employés et a déployé plus de 1 000 machines intégrant son intelligence artificielle, générant plus de 250 millions d’euros de revenus pour ses partenaires OEM. Elle ne se limite pas au secteur agricole, puisque ses technologies sont également utilisées dans des domaines aussi variés que les semi-conducteurs (Hitachi), le tri alimentaire (Key Technology) ou encore le recyclage (Lindemann).
Son développement international s’accélère avec l’ouverture d’un bureau en Floride en 2024.