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Souveraineté technologique : faut-il imposer des achats comme le fait la Chine ?

L’annonce d’un investissement record de 100 milliards de dollars par Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) aux États-Unis illustre la volonté américaine de réduire sa dépendance aux fabricants asiatiques. L’Europe suit une trajectoire similaire avec son Chips Act et ses 43 milliards d’euros destinés à structurer une industrie locale des semi-conducteurs. Mais au-delà de l’ambition affichée, une question essentielle demeure : comment garantir la rentabilité de ces infrastructures si les entreprises locales continuent à s’approvisionner en Asie ?

La stratégie chinoise pourrait bien inspirer l’Europe et l’Amérique du Nord. En plus de subventionner massivement son industrie des semi-conducteurs, Pekin impose aux entreprises nationales d’acheter une part croissante de leur production auprès d’acteurs chinois. Ce modèle lui permet de sécuriser une demande locale, d’accélérer la montée en compétence de ses fabricants et de structurer un écosystème intégré. En garantissant un volume de commandes suffisant, elle réduit sa dépendance à TSMC et Samsung, tout en consolidant son autonomie technologique.

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Les États-Unis et l’Europe, attachés aux principes du marché ouvert, hésitent encore à imposer de telles contraintes. Pourtant, produire des semi-conducteurs en Europe et en Amérique du Nord coûte 30 à 50 % plus cher qu’en Asie. Outre des salaires bien plus élevés qu’à Taïwan ou en Corée du Sud, les infrastructures nécessitent des investissements colossaux, amplifiés par des normes environnementales strictes. Avec une chaîne d’approvisionnement bien moins intégrée qu’en Asie, les coûts ne cessent d’augmenter. Rien ne garantit que des industriels comme Apple, Nvidia ou Qualcomm privilégieront les fabs américaines si aucune incitation forte ne les y pousse.

Si l’administration Trump applique une taxe de 25 % sur les importations de semi-conducteurs pour rendre la production locale plus attractive, rien ne dit qu’elle suffira à combler l’écart de compétitivité avec l’Asie. Une telle mesure risque aussi de faire grimper le prix des produits technologiques, pénalisant les fabricants de smartphones, de data centers ou de véhicules électriques. L’Europe, confrontée aux mêmes défis, voit Intel et TSMC investir en Allemagne, sans pour autant imposer aux industriels européens d’acheter localement. Si le Chips Act stimule la production, il n’offre aucun mécanisme clair pour structurer la demande. À ce rythme, ces usines risquent de n’être que des monuments d’ambition inachevée.

Face à l’exemple chinois, une politique industrielle plus volontariste semble inévitable si l’Europe et l’Amérique du Nord veulent rentabiliser ces projets. À défaut, les infrastructures seront sous-utilisées, malgré des milliards investis. L’alternative aux quotas d’achat pourrait être une combinaison de crédits fiscaux, de subventions ciblées et de contrats publics garantis, notamment dans les secteurs stratégiques comme la défense ou les infrastructures cloud.

Les temps changent. L’heure de copier la Chine est peut être venue.

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