
Si vous deviez ne garder qu’un KPI, ce ne serait pas l’ARR, mais le “Deep Usage Index”
Pourquoi votre SaaS disparaîtra en trois ans sans une obsession pour l’usage?
Dans le SaaS, l’obsession pour l’acquisition masque souvent un problème structurel : l’usage réel du produit. Les entreprises investissent massivement dans le marketing et les ventes, mais négligent le suivi de l’adoption après la signature du contrat. Cette faille condamne nombre d’acteurs à une érosion rapide de leur base clients et à un taux de churn difficile à réduire.
L’acquisition comme piège stratégique
Les entreprises SaaS consacrent l’essentiel de leurs ressources à l’acquisition : campagnes publicitaires, nurturing automatisé, équipes commerciales surentraînées. Mais une fois le contrat signé, la dynamique change brutalement. L’utilisateur, courtisé avec insistance lors du cycle de vente, est souvent laissé à lui-même une fois onboardé. Résultat : une adoption partielle du produit, une valeur perçue limitée et, à terme, un départ quasi inévitable.
Le Net Revenue Retention (NRR), indicateur clé de la croissance durable en SaaS, dépend directement de l’intensité et de la profondeur d’usage. Un client qui n’exploite pas pleinement un produit ne renouvellera pas son abonnement, ne recommandera pas la solution et ne génèrera pas de croissance. Pourtant, trop d’entreprises continuent d’analyser leur succès à l’aune de l’ARR (Annual Recurring Revenue) plutôt que du Deep Usage Index : la part des utilisateurs actifs qui tirent une réelle valeur du produit.
Trois erreurs fatales dans le suivi de l’usage
Une analyse insuffisante de la granularité de l’usage
Les tableaux de bord des SaaS sont souvent saturés de métriques sur l’acquisition et la conversion, mais bien moins détaillés sur l’adoption du produit. L’erreur classique consiste à mesurer une moyenne d’usage sur une période donnée, masquant ainsi les disparités entre utilisateurs engagés et inactifs. Un utilisateur qui se connecte une fois par mois n’a pas le même poids qu’un utilisateur quotidien.
Le biais du client existant et du client ambassadeur
Les entreprises SaaS passent trop de temps à écouter leurs clients fidèles. Ces derniers apprécient déjà le produit, en connaissent les subtilités et ne représentent pas la réalité des nouveaux utilisateurs. L’enjeu est d’analyser l’usage des clients récemment onboardés, ceux pour qui l’adoption est encore incertaine. Ce sont eux qui déterminent le futur taux de churn.
L’oubli du « why » après la vente
Avant la signature, tout est fait pour démontrer la valeur du produit : démonstrations, business cases, webinaires sur le ROI. Une fois le contrat signé, le discours s’évapore. L’utilisateur reçoit une formation technique, mais plus personne ne lui rappelle pourquoi il a choisi cette solution. Or, sans une réaffirmation constante de la valeur du produit, l’usage décroît.
La matrice de l’usage : une approche méthodique
Les SaaS qui affichent une forte rétention adoptent une stratégie rigoureuse autour de l’usage, articulée en trois axes :
- Profondeur fonctionnelle : Quelle part des fonctionnalités-clés est réellement utilisée ? Un utilisateur qui n’exploite que 20 % du produit est un churn latent.
- Profondeur organisationnelle : Le produit est-il limité aux utilisateurs opérationnels ou adopté par les managers et C-Level ? Plus l’usage remonte dans la hiérarchie, plus l’ancrage est fort.
- Monitoring quotidien : L’usage est-il stable ou irrégulier ? Une baisse soudaine dans une entreprise cliente est un signal d’alerte bien avant l’annulation d’un abonnement.
Vers un nouveau paradigme de la rétention
Le SaaS repose sur un principe simple : un utilisateur qui adopte pleinement un produit ne churn pas. L’acquisition attire les clients, mais seule une compréhension fine de l’usage permet de les conserver. Une entreprise qui ne structure pas son suivi d’adoption court à l’échec.
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