
Le Comex est encore en poste. Mais l’IA est déjà aux commandes.
HARD RESET : la chronique qui ne résout rien, mais tente quand même.
Ce n’est pas une prédiction futuriste. C’est un glissement déjà bien engagé: l’intelligence artificielle ne conseille plus les dirigeants, elle les dépasse. La question n’est plus « si », mais « quand » l’IA prendra une part décisive dans la gouvernance des entreprises. Et surtout : que restera-t-il du leadership de l’homme ?
Depuis des siècles, l’autorité dans l’entreprise repose sur un postulat implicite : les dirigeants savent mieux que les autres. Ils ont la vision, la capacité d’analyse, la hauteur. Aujourd’hui, ce postulat vole en éclats.
Les intelligences artificielles modernes — modèles génératifs, systèmes experts, moteurs de simulation — sont déjà capables d’analyser des milliards de paramètres en quelques secondes, d’évaluer des risques mieux que les meilleurs analystes, et de proposer des scénarios stratégiques plus performants que nombre de comités exécutifs.
Cette réalité heurte le socle du pouvoir de l’homme : la supériorité cognitive. Et elle vient défier de manière directe un grand nombre de dirigeants.
L’autorité ne résistera pas à la compétence
Quand une IA propose une meilleure décision qu’un décideur, que fait-on ? On l’écoute. On la suit. On s’y conforme. Et cela arrive déjà : dans la finance algorithmique, dans les chaînes logistiques optimisées, dans les systèmes d’aide au recrutement, dans les programmes de pricing dynamique. Le dirigeant devient l’arbitre final d’un processus dont il n’est plus l’architecte.
Demain, l’IA ne sera pas un assistant. Elle sera un membre du board. Puis un leader décisionnel. Non pas parce qu’on le souhaite, mais parce que l’entreprise y gagne — en efficacité, en cohérence, en vitesse d’exécution.
Que restera-t-il aux membres du Comex ?
Face à cette bascule, il ne restera à l’homme que ce que l’IA ne peut pas simuler. Deux options se dessinent :
- Résister, défendre une autorité héritée, refuser de déléguer la décision — et perdre en pertinence, en compétitivité, en légitimité.
- S’adapter, comprendre que le rôle du dirigeant ne sera plus d’avoir la meilleure idée, mais de garantir une cohérence sensible à des systèmes qui dépasseront l’homme sur le plan computationnel.
Dans un monde où l’intelligence devient une commodité, l’avantage concurrentiel de l’homme sera donc ailleurs : dans l’éthique, la capacité de relation, l’empathie réelle, la création de confiance, …
L’entreprise post-IA sera gouvernée par l’intelligence. Mais quel type d’intelligence ?
La véritable question n’est pas de savoir si les IA prendront des décisions stratégiques à la place de l’homme, car elles le feront.
La question est de savoir qui définira leurs objectifs, leurs principes, leurs limites. Et sur quels critères nous les jugerons : performance brute ou contribution au bien commun ? Efficience ou pertinence ? Domination ou coopération ?
Le rôle du leadership ne disparaîtra pas. Il changera de nature. Il passera d’un pouvoir fondé sur le savoir à une responsabilité fondée sur le sens.