HARD RESET

L’IA ne fait que reproduire notre vision du monde

HARD RESET : la chronique qui ne résout rien, mais tente quand même.

« Ce que nous appelons ‘intelligence artificielle’ est en réalité une modélisation extrêmement puissante de notre propre vision du monde. Rien de plus. Rien de moins. »

Dans l’imaginaire collectif, l’intelligence artificielle serait sur le point de dépasser l’homme, de devenir autonome, voire consciente. Cette vision relève plus de la projection phantasmée que de la réalité technique.

L’expression Intelligence Artificielle est source de confusion

Parler d’« intelligence » donne à penser que la machine possède un jugement, une volonté propre, voire une conscience. En pratique, les chercheurs parlent de « modèles » : des architectures statistiques capables de reproduire, à grande échelle, des schémas appris dans les données. ChatGPT, Gemini, Claude ou Mistral ne comprennent pas le monde : ils modélisent la manière dont nous le décrivons.

L’IA n’est qu’une reproduction statistique de notre langage

Un LLM (large language model) prédit le mot suivant à partir de milliards de phrases analysées. Il est formé à partir de notre propre langage, de nos récits, de nos biais. Ce n’est pas un accès brut à la réalité, c’est une reconstitution probabiliste de notre interprétation du monde.  Les IA apprennent notre structure cognitive du monde. Pas le monde lui-même.

L’IA ne perçoit pas, elle ne ressent pas. Elle applique des fonctions mathématiques pour déterminer la suite la plus probable. C’est très utile, parfois impressionnant, mais ça ne suffit pas à parler de compréhension et encore moins de conscience.

Des modèles, pas des esprits

La distinction est cruciale. Une IA est un modèle : un système d’équations qui tente de mimer une réalité observée. Ce que la physique faisait avec E=mc², l’IA le fait avec des milliards de paramètres. Mais à la différence d’un humain, une IA ne pose pas de nouvelles hypothèses. Elle ne part pas en exploration cognitive. Elle ne sort pas du cadre qu’on lui donne.

Elle est servante, pas souveraine. Elle fonctionne sous directive. Elle peut être fine analyste, redoutable aide à la décision, mais jamais auteur autonome d’une vision du monde.

Pourquoi cette distinction compte

Croire que l’IA est consciente n’est pas seulement inexact : c’est dangereux. Cela alimente la peur irrationnelle, l’attente mystique ou la délégation de responsabilité. Une IA n’est pas responsable. Ce sont les hommes qui décident de son usage, de son encadrement, de ses finalités.

Confondre puissance de calcul et volonté propre, c’est confondre un avion de chasse avec un pilote. L’IA ne pilote pas. Elle ne choisit pas la mission. Elle ne décide pas d’elle-même de modifier le monde.

Vers une conscience des limites, pas une illusion de grandeur

Reconnaître la nature réelle de l’IA permet de mieux l’utiliser :

    • Comme outil de modélisation, elle nous aide à anticiper, simuler, tester.
    • Comme interface, elle permet d’accélérer l’accès au savoir, de démocratiser la productivité.
    • Comme instrument critique, elle peut amplifier notre créativité, mais non la remplacer.

L’IA, comme tout outil, est ce que nous en faisons.

 

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