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SpaceSail : quand Pékin satellise sa diplomatie

Pendant qu’Elon Musk s’embourbe dans les polémiques géopolitiques, la Chine trace sa trajectoire. Et elle le fait à 500 kilomètres au-dessus de nos têtes. SpaceSail, la jeune pousse spatiale soutenue par Shanghai, ne vend pas seulement de la connectivité : elle vend une alternative. Politique, stratégique, assumée.

Avec 90 satellites lancés en quelques mois et un objectif de 648 en orbite d’ici fin 2025, SpaceSail avance vite. Très vite. Et surtout là où Starlink commence à caler : dans les pays émergents, les zones grises, les marchés où la diplomatie occidentale ne suffit plus.

Le satellite comme cheval de Troie diplomatique

Le modèle est simple : là où les Américains imposent leurs règles, les Chinois proposent des deals personnalisés. Au Kazakhstan, par exemple, SpaceX a refusé de déplacer son centre de contrôle sur le sol local. Pékin, lui, s’est exécuté : filiale locale, infrastructure sur mesure, connectivité intégrée au réseau national. Résultat ? Accès validé.

Même logique au Brésil, où Xi Jinping a profité d’une visite d’État pour annoncer l’arrivée de SpaceSail, pendant que Musk voyait ses comptes gelés pour avoir défié la Cour suprême. En diplomatie orbitale, la discipline paie mieux que la provocation.

Deals d’État, stratégie millimétrée

Contrairement au modèle « founder-driven » incarné par Musk, SpaceSail joue collectif. Appuyée par le gouvernement chinois, intégrée aux priorités du Belt and Road numérique, la startup aligne ses accords avec les visites diplomatiques. Un accord signé en Malaisie avec Measat coïncide étrangement avec une vague de rejet local envers Tesla, déclenchée par le soutien de Musk à un plan de déplacement forcé des Palestiniens.

Il ne s’agit plus seulement de vendre de la bande passante. Il s’agit de prendre position dans la réorganisation géopolitique de l’internet.

Une autre vision de la souveraineté numérique

Dans le Sud global, de plus en plus de pays cherchent à sortir de la dépendance aux Big Tech américaines. L’accès à l’espace devient une composante clé de cette souveraineté retrouvée. SpaceSail le comprend — et adapte son discours. Formation locale, partenariats publics, respect des réglementations. Là où Starlink veut imposer, SpaceSail négocie. Ce n’est pas seulement une bataille de satellites. C’est un clash de modèles.

L’orbite basse, nouveau front de la rivalité sino-américaine

Pendant que Starlink caracole en tête avec plus de 7 000 satellites, la Chine prépare le terrain. Lentement, méthodiquement, politiquement. SpaceSail est l’anti-Starlink par excellence : centralisé, étatique, stratégique. Et surtout, il avance sans faire de bruit — ce qui, dans l’espace, est plutôt efficace.

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