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10 erreurs qui plombent la réponse aux cyberattaques

Les cyberattaques ne préviennent pas. En revanche, leur impact dépend en grande partie de la manière dont les organisations y réagissent. Détection tardive, communication mal calibrée, erreurs d’analyse, décisions dictées par la panique : la mauvaise gestion d’un incident peut coûter plus cher que l’attaque elle-même.

Voici les dix erreurs les plus fréquentes observées dans les réponses aux cyberattaques – et les enseignements à en tirer.

1. Minimiser l’attaque dans la communication

“Les données ne sont pas sensibles.” “L’incident est circonscrit.” “Aucun impact pour les utilisateurs.” Ce type de formulation, souvent utilisée dans les premières heures, se retourne rapidement contre l’émetteur. Lorsque les éléments publiés par les attaquants contredisent la version officielle, la crédibilité de l’entreprise est durablement entamée. La confiance perdue se regagne rarement.

2. Tarder à notifier les autorités

Certaines entreprises attendent plusieurs jours, voire semaines, avant de déclarer la fuite à la CNIL ou à l’ANSSI. Par crainte médiatique, par méconnaissance ou par manque de procédure. Cette inertie est non seulement sanctionnable, mais elle empêche les autorités de jouer leur rôle d’appui et de coordination, au moment où chaque heure compte.

3. Ne pas verrouiller les accès internes

Dans de nombreux cas, les attaquants conservent des accès actifs bien après l’attaque initiale. Pourquoi ? Parce que les sessions ouvertes, les comptes dormants ou les droits non révoqués ne sont pas immédiatement désactivés. Cette négligence offre aux cybercriminels un second souffle, parfois même un second assaut.

4. Négliger les sauvegardes hors ligne

Lorsqu’aucune sauvegarde robuste n’existe en dehors du réseau compromis, la négociation devient la seule issue. Cette dépendance renforce le pouvoir de chantage de l’attaquant. Les sauvegardes doivent être testées, isolées et régulièrement vérifiées. Ce n’est pas une option, c’est une garantie de survie.

5. Confondre transparence et panique

La transparence n’implique pas de tout dévoiler immédiatement, mais de communiquer avec rigueur et cohérence. Trop souvent, les entreprises publient un premier communiqué hâtif, imprécis, puis le corrigent à mesure que les fuites se confirment. Mieux vaut un message partiel, mais exact, qu’une déclaration rassurante contredite le lendemain.

6. Ne pas impliquer la direction dès le départ

Dans certaines entreprises, la gestion de crise est laissée aux équipes techniques ou juridiques, sans coordination stratégique. Résultat : des décisions fragmentées, parfois contradictoires, et un message externe brouillé. La direction doit être pleinement impliquée dès la première alerte : c’est une crise de gouvernance, autant que de cybersécurité.

7. Sous-estimer la dimension réputationnelle

Une cyberattaque est aussi une épreuve de réputation. Or, beaucoup d’entreprises réagissent comme s’il s’agissait d’un incident purement technique. Orchestrée, visible, parfois moqueuse, la communication des attaquants est conçue pour frapper l’image. Une absence de réponse adaptée ouvre un vide que d’autres se chargent de remplir.

8. Communiquer pour les experts, pas pour les utilisateurs

Les messages de crise sont souvent truffés de jargon : “exfiltration partielle”, “analyse en cours”, “aucun mot de passe hashé compromis”. Ces termes ne rassurent pas les utilisateurs finaux. Ils désorientent. Une communication efficace doit parler au client, à l’usager, au citoyen – pas au RSSI de la société voisine.

9. Faire confiance aux samples fournis par les attaquants

Certaines entreprises prennent pour argent comptant les échantillons publiés par les attaquants. Grave erreur. Ces samples peuvent être fabriqués, manipulés ou incomplets. Seule une analyse croisée, fondée sur des vérifications internes et des recoupements techniques, permet de confirmer la réalité des données en circulation.

10. Oublier l’après

Une fois l’incendie maîtrisé, l’erreur la plus fréquente est de passer à autre chose trop vite. Or, les conséquences d’une cyberattaque se mesurent sur des mois : usurpations d’identité, tentatives de fraude, pression médiatique différée, audits réglementaires. Sans retour d’expérience formalisé, sans adaptation des processus, les erreurs sont appelées à se répéter.

Conclusion : gérer la crise, puis la transformer

La bonne gestion d’une cyberattaque ne se joue pas uniquement dans la technique. Elle engage la capacité de l’entreprise à décider vite, à parler juste, à se protéger et à apprendre. Ceux qui minimisent perdent la confiance. Ceux qui assument peuvent la regagner.

Le déni coûte cher. Le silence aussi. L’anticipation, elle, reste encore sous-exploitée.

 

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