
Le bon entrepreneur sait dans quel “sport” il excelle
Il y a ceux qui foncent sur tous les terrains, qui veulent tout apprendre, tout transformer, tout créer. Et puis il y a ceux qui savent. Ceux qui ont compris que l’enjeu n’est pas d’être bon partout, mais d’être exceptionnel quelque part. L’entrepreneur qui dure, qui construit, qui performe, c’est rarement le plus polyvalent. C’est celui qui a identifié, très tôt, le “sport” dans lequel il excelle — et qui refuse de jouer ailleurs.
Un terrain d’excellence, pas un fantasme de compétence universelle
Il ne s’agit pas de rejeter l’apprentissage ou l’ambition, mais d’ancrer sa stratégie sur une vérité souvent négligée : la performance n’est pas corrélée à l’agitation, mais à la concentration. Dans l’économie de l’attention, on célèbre l’hyper-adaptabilité, la capacité à tout tenter, à tout réinventer. C’est une illusion. Les fondateurs qui réussissent à grande échelle ont, presque toujours, un ADN clair, un angle naturel, un “jeu” qu’ils maîtrisent mieux que quiconque.
Un constructeur de produit n’est pas forcément un bon storyteller.
Un visionnaire de marché n’est pas forcément un bon opérationnel.
Un créatif de génie n’est pas forcément fait pour le modèle SaaS.
L’important, ce n’est pas de tout savoir faire. C’est de savoir précisément ce que l’on fait mieux que la moyenne — et de bâtir autour de ça.
La tentation du hors-jeu
La croissance, le bruit médiatique, la pression des investisseurs poussent souvent les fondateurs à sortir de leur zone naturelle.
Celui qui excelle dans la précision produit se retrouve à gérer des RH.
Celui qui comprend intuitivement un marché s’enferme dans la gestion des équipes.
Celui qui brille en B2B tente une diversification grand public.
À chaque fois, c’est un déplacement de terrain. Et à chaque fois, c’est un risque stratégique.
L’épuisement, la perte de lucidité, les erreurs de casting ou les dérives opérationnelles ne viennent pas toujours de mauvaises décisions. Ils viennent souvent d’un changement de sport non assumé.
Les meilleurs fondateurs jouent longtemps… au même jeu
Quand on observe les profils d’entrepreneurs qui ont bâti des infrastructures ou des organisations durables, on retrouve toujours cette cohérence : une fidélité à leur jeu d’origine.
Ce n’est pas de l’entêtement. C’est une discipline stratégique.
Ils n’ont pas confondu compétence et vocation.
Ils n’ont pas cherché à répliquer le modèle des autres.
Ils ont aligné leur nature avec leur ambition.
Celui qui pense comme un logisticien n’a pas intérêt à se perdre dans le lifestyle DTC.
Celui qui raisonne comme un financier n’a pas à devenir manager créatif.
Celui qui excelle dans l’intuition produit ne devrait pas s’user à lever trois tours de table en deux ans.
Changer de sport, ce n’est pas s’adapter. C’est parfois se désaligner.