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[Réseau social] Le goût du succès à la française de SensCritique

Quoi qu’on dise des déboires et manoeuvres de Facebook dernièrement, le site garde fermement son emprise quasi-monopolistique sur le “social graph”, au point que les startups d’aujourd’hui font tout pour éviter de rentrer en concurrence directe avec lui. Chacun y va donc de son “graph” : “Interest Graph”, “Opinion Graph”, “Health Graph”… A ce petit jeu, où se mélangent véritables bonnes idées et buzzwords vides de sens, un réseaux social français tire son épingle du jeu depuis 2011 : SensCritique.

La théorie des graphes (graph theory en anglais) a le vent en poupe depuis l’avénement du web 2.0. Pour le novice, un “graphe” est un ensemble de points reliés par des liens. Sur Facebook, par exemple, les points, c’est nous, et les liens ce sont nos relations sociales. Linkedin et Viadeo ont la main sur nos “professional graph”, Twitter est numéro 1 sur un “interest graph” pour lequel Pinterest, Tumblr, Google+ se battent. Et SensCritique, donc, s’impose en France sur le “taste graph”, ou graphe de nos goûts.

Lancé en 2011 par Kevin Kuipers, Guillaume Boutin et Clement Apap, SensCritique est entièrement financé par ses créateurs qui avaient vendu leur premier site, Gamekult, à CBS. Le principe du site est simple : les utilisateurs se créent une “collection” en attribuant des notes sur 10 à différents objets culturels (films, séries, livres, musiques, jeux vidéo), et peuvent rédiger des critiques, créer des listes, archiver leurs envies… Ajoutez un côté gamification avec des badges, et réseau social avec la possibilité d’ajouter un autre utilisateur comme “éclaireur”, et vous avez un site addictif qui a dévelloppé une large communauté en France et au potentiel international énorme.

SensCritique est certes en partie son propre réseau social, mais avec une intégration poussée de l’Open Graph Facebook, il profite de la puissance de celui-ci tout en construisant sa propre communauté autour de la culture.

Ne pas avoir à subir la pression d’investisseurs extérieurs a permis à SensCritique de se développer sereinement son site en se concentrant sur l’expérience utilisateur avant tout. Mais l’intérêt de construire un “taste graph”, bien entendu, c’est aussi qu’il s’agit d’une superbe opportunité de monétisation. D’ici la fin de l’année, SensCritique va générer ses premiers revenus en s’ouvrant à la fois à la publicité et à l’affiliation.

Toujours soucieux de ne pas pas ruiner l’expérience de sa communauté, Clément Apap nous explique que SensCritique privilègera les opérations spéciales en pub, et refusera les formats classiques. Bien sûr, et c’est là toute la force de SensCritique pour les annonceurs, le site est capable de cibler ses pubs en fonctions des collections des utilisateurs. En clair, SensCritique offre une plateforme idéale pour la publicité de produits culturels, et devrait logiquement diffuser des publicités particulièrement efficace, avec un minimum de dérangement pour sa communauté.

SensCritique est un parfait exemple de site web 2.0 de “niche” qui ne tente pas de reconstruire le graphe social à partir de rien, mais s’appuie plutôt sur celui de Facebook pour construire son propre graphe. Toute la question, pour ces sites, est de savoir trouver une façon durable d’utiliser Facebook.

On l’a vu avec Zynga : il suffit que Facebook décide de changer la prominence de vos actualité dans le newsfeed de ses utilisateurs pour que tout votre business model soit remis en question. Pinterest a aussi vu sa courbe de progression vertigineuse fléchir quand Facebook a commencé à s’inquiéter de voir tous ces utilisateurs épingler à tout va. Pourtant aujourd’hui, Pinterest a repris sa croissance alors que Zynga licencie.

Judicieusement, SensCritique ne semble pas miser tout sur Facebook et son “open graph” qui peut se refermer à tout moment. Le site fonctionne parfaitement indépendament de Facebook, et ça garantira sa survie en cas de changement innopiné des règles de Facebook. De toutes les applications et sites qui prétendent dévelloper tel ou tel graphe, SensCritique semble donc parmi les plus solides.

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Un commentaire

  1. Tant mieux pour eux.

    En ce qui concerne la publicité, une bonne intégration est la clé du succès.

    Ça et un webdesign qui soit un minimum innovant et qui n’essaie pas de recopier ce qui se fait ailleurs (ou alors intégrer certaines choses, qui sont en fait utiles au développement du site, et pas juste parce que c’est la mode)

    Une publicité bien intégrée et bien contextualisée n’emmerde jamais la personne qui la regarde.

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