[France] A quand le vrai décollage de la SVOD ?
Filmo TV, Canal Play infinity, AB Group, Vidéo futur, Dailymotion et bientôt TF1… En France, les offres de SVOD (vidéo à la demande sur abonnement) tendent à se multiplier alors que le marché reste encore balbutiant. Si les rumeurs liées à l’arrivée des services comme Netflix et Love Film dans l’Hexagone constituent une éventuelle menace pour certains acteurs locaux, elle pourrait également représenter une aubaine pour démocratiser cet usage qui peine à décoller. Décryptage.
Aux Etats-Unis, le marché de la SVOD a atteint en 2011 un CA de 454 millions €. En France, selon le cabinet Gfk, ce marché ne pesait que 15M € fin juillet 2012. Il représente ainsi à peine 10% du CA de la VOD alors, qu’outre-atlantique, le CA des services sur abonnement a dépassé celui de la VOD au 1er semestre 2012.
Une multiplication des offres…
Malgré ce retard, le marché de la SVOD en France est loin d’être déserté. Pionnière en la matière, la société Filmo TV, créée par Bruno Delecour, a mis au point, il y a déjà plus de 4 ans, une offre de SVOD entièrement dédiée au cinéma. Lors de son lancement fin 2008, la société Filmo TV a choisi de mettre l’accent sur une forte approche éditoriale et sur une logique multidevice. Aujourd’hui, Filmo TV compte 16 collaborateurs, affirme être rentable et revendique plus de 200 000 abonnés. « La majorité de nos bénéfices est réinvestie pour développer notre offre. Aujourd’hui, nous envisageons de nous étendre à l’international », confie Bruno Delecour.
Depuis, plusieurs offres ont vu le jour. Le 8 novembre 2011, Canal Plus a inauguré son service baptisé CanalPlay Infinity, qui propose un forfait mensuel et plus de 1 000 films disponibles sur ordinateurs, smartphones et tablettes pour 9,99 euros par mois.
En novembre dernier, le groupe Vidéo Futur a renforcé sa formule « Pass Duo » (VOD et DVD) en y intégrant une offre de SVOD comprenant des films classiques et récents. Pour 6,99€ par mois, les abonnés ont donc un accès illimité et sans engagement à un catalogue de plus de 20 000 films en version digitale ou physique. Lors de son lancement, le catalogue SVOD comptait une vingtaine de films de moins de 3 ans et devrait s’enrichir dans les prochains mois.
Dailymotion a pour sa part fait son entrée sur le marché de la SVOD en décembre dernier avec son offre Dailymotion Kids Plus. Dédié aux enfants, comme son nom l’indique, ce service est commercialisé 4,49 € par mois et propose un catalogue de 1 000 programmes jeunesse. Si ce premier test est probant, Dailymotion pourrait développer d’autres services thématiques de SVOD au cours de l’année 2013.
Le groupe AB devrait, quant à lui, lancer dans les semaines à venir une nouvelle offre baptisée Jook Vidéo, reportée déjà à deux reprises. Commercialisée 6,99€ par mois, elle devrait proposer un catalogue riche de 6000 titres en accès illimité.
Plus récemment, Nonce Paolini, patron de TF1, a annoncé, à l’occasion de la chaire Media & Entertainment de l’Essec, le lancement imminent d’un service de SVOD. Dans cette optique, un partenariat avec M6 serait envisagé.
Mais un marché encore balbutiant
Malgré la diversification des offres, le marché français de la SVOD peine encore à décoller. En effet, si la VOD a le vent en poupe auprès des internautes, avec 13,4M de Français séduits en 2012, ce n’est pas le cas pour les services sur abonnement. D’après une récente étude de Médiamétrie, seuls 6% des VODistes sont actuellement abonnés à un service de SVOD. Et, près d’1 VODiste sur 2 (46%) affirme avoir une consommation trop ponctuelle pour souscrire à ce type de service.
Ce démarrage difficile s’explique par une série de spécificités françaises. En effet, 75% des adeptes de la VOD y accèdent depuis les box internet. « Or, les FAI n’ont pas forcément mis l’accent sur le développement d’offres sur abonnement. Leurs objectifs étaient davantage axés sur le gain de parts de marché et non sur le contenu », explique Bruno Delecour.
La chronologie des médias inscrite dans la règlementation française vient également pénaliser l’offre proposée par les acteurs du secteur. « Nous pouvons proposer des films que 36 mois après leur sortie au cinéma. Les services à la demande ne bénéficient donc pas des mêmes droits que les services de vidéos linéaires. Il est clair, que la possibilité d’offrir des films plus récents favoriserait le développement de la SVOD », estime Bruno Delacour.
Au-delà de la problématique de la fraîcheur des titres proposés, la richesse des fonds de catalogues mis en ligne semble également encore limitée.
Dernier obstacle identifié : deux taux de TVA différents appliqués à la télévision payante et aux services à la demande. En effet, les acteurs de la télévision payante bénéficient d’une TVA à taux réduit tandis que ceux de la SVOD subissent une TVA à taux plein. « Il y a là un différentiel insupportable. Cette problématique nécessite une véritable réflexion de la part des pouvoirs publics ».
Une batterie de points réglementaires qui pourrait prendre davantage d’ampleur avec l’arrivée, annoncée, d’acteurs étrangers comme Netflix et Amazon, s’ils ne sont pas soumis aux mêmes règles de jeu. Toutefois, si certains acteurs y voient une menace, d’autres perçoivent cette arrivée comme une aubaine pour démocratiser les usages. « Si l’arrivée de ces géants américains ne bousculera pas radicalement les usages des consommateurs, elle attirera toutefois l’attention des journalistes, ce qui est un point positif. Charge à nous de montrer notre différence. Par contre, nous sommes très inquiets d’une concurrence déloyale de services qui ne seraient pas soumis aux mêmes obligations », analyse Bruno Delacour.
Par ailleurs, la multiplication de partenariats avec les opérateurs et la démocratisation des TV connectées pourraient constituer de véritables relais de croissance pour le marché local.
Une autre récente étude de GfK/NPA dévoile, quant à elle, que 54% des Français ont déjà identifié les offres existantes de SVOD et que plus de 40% se disent intéressés pour y souscrire…
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