À l’approche de l’investiture de Biden, Airbnb et YouTube prennent des mesures pour éviter des violences
AFP
Airbnb a annulé toutes les réservations prévues à Washington la semaine prochaine, une mesure sans précédent qui montre l’inquiétude des grandes plateformes numériques, décidées à ne pas faciliter d’éventuels débordements et violences pendant l’investiture du futur président américain Joe Biden. « Airbnb annulera les réservations dans Washington et sa banlieue lors de la semaine de l’investiture », a indiqué le spécialiste de la réservation de logements dans un communiqué. « En outre, nous empêcherons toute nouvelle réservation dans Washington et sa banlieue pendant cette période ».
À l’image des commerces qui se sont barricadés et des blocs de béton disposés dans la capitale américaine, les géants de la Tech multiplient les garde-fous à l’approche du 20 janvier, jour où Joe Biden prendra ses fonctions. Google vient de mettre les publicités politiques sur pause, y compris « toutes les annonces faisant référence à la mise en accusation (du président sortant Donald Trump, ndlr), à l’investiture ou aux manifestations du Capitole ».
L’invasion du Congrès par des partisans du milliardaire républicain pendant la certification des résultats de la présidentielle mercredi dernier a choqué le pays et terni son image à l’international. « Les événements de la semaine dernière ont été glaçants à regarder », a déclaré Sundar Pichai, le patron de Google, lors d’un forum en ligne organisé par l’agence Reuters mercredi. Quand le journaliste lui a demandé si son entreprise avait été prise de court par la violence, le dirigeant a évoqué les efforts de ses équipes pour contrer la désinformation autour des élections américaines.
Trump déconnecté
« Nous apprenons constamment dans ces moments. Tout l’Internet doit décider quel genre d’informations peut être répandu en ligne », a-t-il ajouté. La semaine dernière, Facebook a suspendu indéfiniment le profil de Donald Trump, accusé d’avoir encouragé ses supporters. Snapchat, Twitch et même Twitter ont fini par le rejoindre, invoquant le risque de nouvelles violences. Le chef d’Etat a ainsi perdu son principal canal de communication, son profil Twitter aux 88 millions d’abonnés. YouTube a été le dernier à suivre, avec une suspension d’une semaine de la chaîne du président, annoncée mardi. La plateforme de vidéos de Google faisait face à une pression croissante de la part de la société civile.
Mais Sundar Pichai a refusé de dire si la mesure serait définitive. « Les commentaires ont été suspendus et nous réévaluerons notre position en fonction de ce que nous voyons », a-t-il précisé. Craignant de nouveaux débordements à l’occasion de l’investiture de M. Biden, les autorités locales et fédérales américaines, dont la maire de Washington ainsi que les gouverneurs du Maryland et de Virginie, les deux Etats voisins, ont appelé à éviter tout déplacement vers la ville la semaine prochaine. Les inquiétudes sont suffisamment prononcées pour que Airbnb prenne cette décision radicale. La société a assuré que les clients concernés seraient intégralement remboursés. Les hôtes seront également dédommagés par Airbnb du montant qu’ils auraient dû toucher.
Complotistes tenus à distance
Airbnb dit avoir expulsé de sa plateforme des individus ayant pris part aux violences du 6 janvier. Le FBI a averti que des groupes armés étaient en train de préparer des actions en amont de la cérémonie. A Washington, une campagne organisée par des activistes encourage depuis plusieurs jours les hôtes Airbnb à ne pas louer pendant l’investiture. L’antenne locale de Black Lives Matter fait pression sur les hôtels pour qu’ils ne mettent pas leurs chambres à disposition des personnes venues de l’extérieur, et un syndicat d’employés d’hôtels de la région a appelé les établissements à fermer à moins qu’ils n’hébergent des personnes chargées de la sécurité.
Les réseaux sociaux ont de leur côté entrepris une purge des groupuscules d’extrême droite. Twitter a par exemple « suspendu de façon permanente » 70 000 comptes affiliés QAnon, une mouvance complotiste pro-Trump. Apple et Google ont retiré le réseau social conservateur Parler, très prisé des partisans de Donald Trump, de leurs plateformes de téléchargement d’applications, tout comme Amazon, qui l’a banni de ses serveurs.
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