A Paris, des médias européens mettent les mains dans le cambouis de l’IA
Par Aurélie CARABIN / AFP
Application expliquant les règles du rugby en direct, outil de vérification de la fiabilité d’un article… Une quarantaine de membres de médias publics européens ont réfléchi aux potentiels bénéfices de l’intelligence artificielle (IA) pour le journalisme, lors d’un hackathon à Paris.
Les développeurs informatiques, chefs de projet numérique ou journalistes de la BBC, Deutsche Welle ou encore France Télévisions se sont retrouvés lundi et mardi dans la maison ronde de Radio-France pour participer à ce défi d’innovation, sous l’égide de l’Union européenne de Radio-Télévision (UER).
Leur mission ? Imaginer des usages de l’IA générative – capable de créer textes, sons ou images à la demande – utiles aux médias publics d’information, notamment en matière de sport, à l’approche des JO 2024, et contre la désinformation.
Le tout en « partageant les connaissances et en créant de nouvelles connexions », résume pour l’AFP Sébastien Noir, du département technologie et innovation de l’UER.
Le but « n’est pas forcément d’arriver à quelque chose qui soit prêt à distribuer au grand public mais de comprendre où on va, d’explorer des choses qu’on n’a pas le temps d’explorer dans le quotidien » en mélangeant les profils, ajoute-t-il.
– « Sport buddy » –
Une équipe issue du BBC News Lab, l’incubateur du groupe britannique, a ainsi collaboré avec un responsable du Médialab de France Télé pour imaginer « Sport Buddy ». Soit un robot capable « d’expliquer les règles d’un sport pendant qu’on regarde un match », résume pour l’AFP Clare Spencer (BBC News Lab), qui elle-même « ne comprend pas ce qui se passe » au rugby.
En un jour et demi, l’équipe est parvenue à monter un prototype, en s’appuyant – comme tous les autres participants – sur ChatGPT, ainsi que sur Eurovox, outil de transcription et de traduction de l’UER, illustrant leur méthode avec un match du XV de France.
Résultat: l’utilisateur peut par exemple demander au robot ce que signifie tel geste de l’arbitre.
A terme, ce genre de produit pourrait permettre un plus fort engagement du public pour des sports qu’il ne maîtrise pas, par exemple pour le breaking (breakdance), nouveau venu des JO de Paris 2024, fait valoir Clare Spencer.
Une autre équipe (Radio France, France Télé et UER) a planché sur la désinformation via un outil analysant la fiabilité d’un article. Le programme imaginé compare le texte à évaluer à un contenu de référence (préalablement labellisé par des journalistes), selon divers critères comme la fiabilité des sources ou la neutralité du ton.
« La prochaine étape, si l’on veut créer un outil de détection des fausses informations, serait de trouver un consensus entre les membres de l’UER autour de différents critères » et d’une masse de données de référence, a lancé Ivan Thomas, responsable recherche et développement de Radio France.
– « Avis constructif » –
Comme la plupart des médias, le groupe radiophonique n’a pas attendu 2023 pour se pencher sur l’IA. « On travaille sur la transcription de contenus depuis quatre-cinq ans », notamment pour faciliter leur indexation, détaille Matthieu Beauval, son directeur de l’accélération et du partage de l’innovation.
Mais la donne a changé avec ChatGPT, « une espèce de bagnole en plein phare sur la voie de gauche qui nous a fait +popopopop on arrive+ pendant que, nous, on était tous tranquilles dans nos monospaces à droite », illustre-t-il.
Le fameux programme d’OpenAI ayant démocratisé l’IA auprès du grand public, « pas question qu’on ne sache pas nous-mêmes nous en servir », déroule Matthieu Beauval pour justifier l’organisation du hackathon. Et, ce, même si Radio France a bloqué cet été, à titre conservatoire, l’accès de ses sites à GPTBot, le robot aspirateur de données d’OpenAI.
Reste que certains projets dévoilés (présentateur virtuel, petit film d’animation généré par l’IA) pendant le hackathon peuvent renforcer les craintes pesant sur de nombreux métiers.
Mais ce type d’événement permet justement de « questionner les lignes » pour se faire « un avis constructif de l’IA », sans rester des « spectateurs hypnotisés », estime Matthieu Beauval.
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