HARD RESET

A vouloir tout réguler, l’Europe se condamne à la seconde division

HARD RESET, la tech racontée autrement.

À chaque nouvelle loi, l’Europe croit imposer son modèle vertueux au reste du monde. La réalité est plus brutale : elle transforme son marché en un terrain d’expérimentation où seuls ses propres acteurs subissent la contrainte. Les géants du numérique, eux, s’adaptent, contournent, voire préfèrent ne pas être présents sur le marché européen.

L’Article 8ter de la loi Narcotrafic suit cette logique. Son ambition : contraindre les plateformes à garantir aux autorités un accès aux communications chiffrées. Son effet réel : affaiblir la sécurité pour tous sans atteindre sa cible. Une porte dérobée, une fois créée, n’est jamais exclusive et devient une vulnérabilité exploitable par tous.

Il y a quelques jours, Apple, confronté aux mêmes exigences au Royaume-Uni, a préféré désactiver le chiffrement avancé d’iCloud plutôt que d’ouvrir une faille, condamnant ses utilisateurs britanniques à une solution moins sécurisée.

Chez les acteurs plus activistes, les réactions ne se sont pas fait attendre. Le service de messagerie Signal ne négocie pas : si la France adopte cette loi, Meredith Whittaker l’a annoncé, Signal quittera le marché français.

Pendant ce temps-là, les criminels, eux, s’adaptent.

L’Europe seule face à ses propres règles

Qui reste alors ? Les entreprises européennes, celles qui n’ont ni les moyens de fuir ni le poids nécessaire pour imposer leurs conditions. Elles absorbent seules l’impact économique, technique et juridique de réglementations qui ne leur sont même pas destinées.

Et le scénario se répète inlassablement. L’IA Act veut encadrer l’intelligence artificielle ? Il place surtout Mistral AI en position d’infériorité face à OpenAI, Google et Microsoft. Les géants américains développent leurs modèles ailleurs et adaptent simplement une version conforme pour l’Europe – et donc bridée.

Le RGPD, salué comme un progrès en matière de souveraineté numérique, ne fait que consolider la domination de Google et Meta. Ils absorbent le coût, imposent de nouveaux standards et continuent à prospérer. Les startups européennes, elles, peinent à se mettre en conformité, trop fragiles pour supporter la charge. Certaines réduisent leur activité, d’autres disparaissent. Les médias indépendants, les plateformes locales, les e-commerçants subissent un choc que les géants de la tech mondiale ressentent à peine.

Le DSA/DMA, censé rééquilibrer la concurrence, suit la même trajectoire. Google, Amazon et Meta fragmentent leurs services pour s’adapter à la marge. Les entreprises européennes, elles, n’ont pas cette flexibilité. Elles subissent sans la moindre alternative.

Cette fracture numérique est pourtant assumée. Une majorité de politiques voient dans ces régulations un moyen d’exister sur un échiquier dont ils peinent à comprendre le jeu.

L’Europe veut imposer ses règles. Elle perd son influence, sa souveraineté et creuse sa dépendance.

Suivez moi
Découvrez WE-INNOVATE.EU, la plateforme d'intelligence économique consacrée à l'innovation en europe. Retrouvez les informations de plus de 6000 startups et 700 fonds d'investissements Pour en savoir plus, cliquez ici
Bouton retour en haut de la page
Share This